Conclusion de la première partie
Le Gandiolais est un écosystème
spécifique constitué de dunes et de dépressions. Il
bénéficie, sur le littoral, d'un micro climat influencé
par l'alizé maritime. La zone est particulièrement
caractérisée par ses conditions hydriques et édaphiques
qui lui confèrent sa particularité maraîchère. Mais
les remontées salines enregistrées depuis les années 1970,
qui coïncident avec le début d'un cycle de sécheresse
persistante, entraînent une dégradation progressive de
l'environnement naturel et des activités économiques,
particulièrement l'agriculture. Le Gandiolais et le Toubé,
longtemps confrontés à d'énormes difficultés
liés à ces contraintes physiques, souffrent aujourd'hui d'autres
difficultés socio-économiques. Le maraîchage, principale
activité agricole menacé par la dégradation des eaux et
des terres, est de plus en plus confronté à un problème de
débouchés pour l'écoulement de ses produits.
43
Deuxième partie
*******
Facteurs explicatifs de l'évolution et des
contraintes du système de productions
agricoles dans le Gandiolais et le Toubé
44
CHAPITRE I
Dynamique des systèmes de production dans le
Gandiolais et le Toubé
1. Analyse de l'évolution de la production
agricole
Cette analyse sera axée sur les pratiques culturales
adoptées par les populations. Il s'agira de faire l'étude du
foncier, les méthodes de fertilisation des terres et les systèmes
d'irrigation adaptés aux conditions du milieu.
1.1. Le régime foncier
1.1.1. L'accès à la terre
Dans les Niayes, notamment dans la zone du Gandiolais, les
terres sont régies par la loi 64-46 du 27 juin 1964 sur le domaine
national. Conformément à la loi, le conseil rural demeure seul
détenteur des compétences en matière d'affectation et de
désaffectation foncières. Depuis l'entrée en vigueur de
cette loi, les terres qui ne sont pas immatriculées sont placées
sous la propriété de l'Etat. Cette loi stipule que « la
terre ne peut être l'objet de droit de succession ». C'est ainsi que
la plupart des terres de la communauté rurale de Gandon sont sous
l'autorité étatique. Sur l'ensemble de la communauté
rurale comme partout dans le pays, l'Etat a affirmé un droit de
propriété ou de tutelle sur les ressources foncières ou
sur une grande partie d'entre elles. Cette affirmation lui permet de se
réclamer propriétaire des terres agricoles. Mais dans cette zone,
cette loi trouve ses limites dans son application effective. Au niveau de la
communauté rurale, l'attribution des terres se fait de façon
arbitraire. La commission domaniale et la communauté rurale en
général, regroupent pour l'essentiel des conseillers non
alphabétisés. Sur les 32 conseillers que comptait la
communauté rurale de Gandon avant l'année 2002, un seul avait le
niveau universitaire et cinq avaient le niveau secondaire. Trois autres
n'avaient subi que l'enseignement secondaire. Les 23 conseillers restant
n'avaient aucune formation scolaire (cf. Tableau 7). Près de 88% des
conseillers sont des Wolofs, 9% sont des Peuls et 3% des Sérères
(secteur de Ndiawdoune). Les conseillers sont âgés entre 30 ans et
70 ans. Les 19% sont âgés de plus de 40 ans dont une femme.
45
Tableau 7 : Présentation des conseillers ruraux de
la communauté rurale de Gandon
Nombre
|
Alphabétisés en :
|
Niveau d'étude
|
%
|
01
|
Français
|
universitaire
|
03
|
05
|
Français
|
secondaire
|
16
|
03
|
Français
|
C.E.P.E.16
|
09
|
09
|
Wolof
|
- - -
|
28
|
05
|
Pular
|
- - -
|
16
|
09
|
Non alphabétisés
|
- - -
|
28
|
Source : P.L.D de la communauté rurale de
Gandon, 2001
Les conseillers qui s'occupent de la question foncière
ont une connaissance limitée sur les responsabilités qui leur
sont confiées. Depuis la mise en place du nouveau conseil rural en mai
2002, on assiste à une « ré-appropriation » des terres.
Certaines familles se voient déposséder de leurs terres «
héritées » ou qui leurs étaient attribuées par
le conseil rural avant mai 2002, au profit d'une communauté
étrangère à la localité. Les raisons
avancées sont entre autre « tous les terrains non
viabilisés, pendant quatre ans après leur attribution, doivent
être dépossédés de leurs propriétaires et
réaffectés à d'autres personnes»17. C'est
ainsi que ceux qui se sentent menacés d'une probable
désaffectation tentent de mettre en valeur leur parcelle en la
clôturant avec des haies vives, une façon de la légitimer.
En effet, plus de 80% des personnes enquêtés dans le Gandiolais
estiment être les propriétaires des parcelles exploitées.
De cette portion, 90% auraient acquis leur parcelle léguée par
leurs grands parents ou arrières grands-parents (figure n°7). Les
10% restant l'auraient acquis par achat. La plupart de la population qui aurait
acheté leur parcelle, affirme l'avoir revendu à des «
étrangers »18. Des terrains de 400m2
(20m/20m) ont été revendus entre 150.000f et
400.000f19.
16 Certificat d'Etude Primaire Elémentaire
17 Entretien du 17 mars 2005 à Gandon avec
Assane Wade, conseiller rural, chargée de la question foncière au
niveau de la communauté rurale.
18 En fait, des personnes qui ne sont pas
originaires de la communauté rurale de Gandon. La plupart viennent de la
ville de Saint Louis.
19 Entretien avec quelques vendeurs de terrains
à Ngaye Ngaye, le 25 août 2004.
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Figure n°7 : Occupation traditionnelle des terres de
culture dans le Gandiolais et Toubé
|
|
parcelles héritées
parcelles achetées
|
90%
|
|
Source : enquêtes personnelles 2004
Sur ces terres, on rencontre également des exploitants
qui viennent d'autres secteurs et à qui, on a prêté ou
loué une parcelle à cultiver. Des pratiques de locations ou de
ventes sont très fréquentes du fait du contexte économique
et social de la population locale. Dans cette zone plus de 95% de la population
vivent en dessous de leurs moyens. Ainsi, certains parents vendent une ou des
parcelles appartenant à leurs fils ou neveux pour pouvoir survivre.
Cette pratique est très fréquente dans le secteur de
Toubé.
|