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Une zone maraà®chère en crise au nord du Sénégal : le Gandiolais et le Toubé dans la communauté rurale de Gandon.

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par Papa Daouda DIOP
Université Gaston Berger de Saint- Louis Sénégal - Maà¯trise environnement 2005
  

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PROBLEMATIQUE

La population du Gandiolais a une longue tradition maraîchère. Durant la période de la colonisation, le Gandiolais produisait toutes sortes de productions destinées à la population européenne qui vivait à l'époque à Saint Louis : la patate douce, le manioc, le haricot, le niébé, le béréf, la pomme de terre, le piment, la tomate (Bonnardel R., 1992 : 200). Les produits étaient aisément écoulés sur les marchés de la capitale coloniale (Saint Louis). A côté de l'activité agricole se développait la pêche maritime et continentale, l'extraction du sel et l'activité pastorale.

A partir des années 1970, en raison d'un cycle de sécheresse qui persiste et de multiples contraintes socio-économiques, la population du Gandiolais se spécialise aux cultures maraîchères, particulièrement dans la production d'oignons. Une spécialisation imputable à la dégradation des eaux et des terres par la remontée saline, à l'abondance des produits maraîchers venus d'autres localités, à l'émergence du marché national au déclin du marché local. A ceux-là, s'ajoutent l'ouverture du barrage de Diama en 1986 et de la nouvelle embouchure en 2003 qui, tout rendant les terres du Gandiolais et de Toubé impropres à l'exploitation agricole, accroissent la concentration de la salure dans les sols et les nappes du sous-sol. Avant la mise en place du barrage, les crues du fleuve Sénégal enregistrées à Saint Louis, avec un régime tropical caractérisé par une crue de juillet à octobre et un étiage de novembre à juin, étaient liées aux pluies enregistrées dans le haut bassin en amont de Bakel. La décrue commençait dès que les pluies diminuaient et s'échelonnait de novembre jusqu'en mai. C'est pendant cette période de décrue que se produisait l'intrusion de l'eau de mer, la langue salée qui, avant la mise en eau du barrage de Diama, pouvait remonter le fleuve sur environ 200 km en amont de Saint Louis, rendant ainsi impropres les terres du Delta et du Gandiolais. C'est dans ce contexte qu'a été créé le barrage, situé à 27 km au nord de Saint Louis. Il a pour rôle d'arrêter la remontée de la langue salée dans sa partie amont et d'y créer un lac de retenu en eau douce. En revanche, dans sa partie avale, où se situe la communauté rurale de Gandon, le barrage de Diama accroît la concentration de la salure dans les sols et les nappes du sous-sol.

La nouvelle embouchure, ouverte sur la langue de Barbarie, durant la nuit du 3 au 4 octobre 2003, favorise une entrée brutale des eaux salées après le retrait des eaux de crue. Elle a pour objectif, d'après le service régional de l'Hydraulique, de préserver la ville de Saint Louis

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des inondations (Diop I. : communication orale)2. Cette brèche (ou canal de délestage) fait l'objet de plusieurs interrogations sur l'avenir de la gestion de l'environnement local, particulièrement sur les cultures littorales dans la langue de Barbarie et sur le maraîchage dans le Gandiolais (Diatta I., 2004 : 63).

Dans le Gandiolais, la nappe phréatique présente de l'eau douce dans la partie orientale, sur les dunes rouges. En revanche, elle se dégrade dans la partie occidentale proche de la côte avec une minéralisation allant jusqu'à 2,5 g/l. Cependant, la réalisation du canal du Gandiolais (travaux en cours) pour réalimenter le bassin de Rao Peul au Sud-Ouest et la vallée du Gandiolais pourrait favoriser la désalinisation des terres du Gandiolais (Bâ H., 2005 : 95).

Le maraîchage, qui est la principale activité agricole de la zone, bénéficie d'un microclimat favorable à la production agricole, d'une nappe phréatique peu profonde sur le littoral (moins de 3m). Il mobilise une population active locale composée essentiellement de personnes âgées, dont la moyenne d'âges tourne autour de 50 ans. Celles-ci sont assistées par des enfants de moins de 18 ans. A cause de la pénibilité des travaux agricoles et des rendements de plus en plus faibles, de la dégradation progressive des eaux et des sols, des difficultés d'accès aux terres fertiles, les acteurs agricoles, notamment les adultes, migrent vers les grandes villes (Richard Toll, Dakar).

En raison de la dégradation des conditions climatiques du milieu et de la surexploitation3 des faibles réserves en eau douce, l'offre agricole du Gandiolais est de moins en moins compétitive et la vente locale de plus en plus difficile dans les marchés locaux. Comme solution, on assiste depuis 2004, à l'émergence d'un système de production agricole jamais connu dans le Gandiolais et le Toubé, qui se développe dans de nombreux villages à travers des G.I.E. (Groupement d'Intérêt Economique) féminins. Il s'agit des micro-jardins « hors sol ».

L'élevage est le second secteur d'activité socio-économique du Gandiolais et est étroitement lié à l'agriculture par la fourniture de la fumure organique. Les principaux acteurs sont des Peuls, avec quelques bergers Wolofs et Maures. Le bétail est constitué pour l'essentiel de petits ruminants (ovins et caprins).

2 Le 9 juin 2004 à l'amphithéâtre Madické Diop (Amphi A) de l'U.G.B., s'est tenue une conférence sur le thème : « La brèche de Saint Louis, solution ou catastrophe ? ». Elle a vu la participation de certains enseignants de la section de géographie et du service de l'hydraulique.

3 La nappe du Gandiolais est constituée par une faible couche d'eau douce sous jacente à la nappe salée. Ces réserves, estimées à 10.000m3/ha, font l'objet d'un pompage important par les maraîchers (10 mm/j/producteur). A long terme, on assiste à l'épuisement de la nappe d'eau douce ou à sa pollution par contamination. (Aw F.Z., 1999 : 34).

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En dehors des activités agro-pastorales, la population du Gandiolais pratique également le commerce, la pêche et l'exploitation du sel (voir El. M. Thioune,)4.

En raison de l'enclavement de certains villages, gros producteurs de cultures maraîchères, les contraintes liées à l'agriculture dans le Gandiolais ne se limitent pas aux facteurs physiques et naturels du milieu. Les maraîchers du Gandiolais font aussi face aux difficultés liées à l'écoulement des produits agro-alimentaires (stockage, distribution, transport et commercialisation). Le facteur de transport constitue un frein à l'évacuation et à l'écoulement des produits agricoles du Gandiolais. L'absence de marchés hebdomadaires (Louma) dans la zone est un autre facteur limitant l'écoulement des produits agricoles locaux. La communauté rurale de Gandon ne dispose que d'un marché hebdomadaire (le marché de dimanche à Pelour) qui est d'envergure limité à cause de sa position géographique5.

En plus de ces difficultés liées à la production, au transport et à l'écoulement des produits agricoles, la population du Gandiolais se heurte à d'autres difficultés d'ordre économique et social. Malgré l'appui de grands partenaires comme l'Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA), la CARITAS, le PLAN Sénégal, etc., les producteurs continuent toujours d'endurer les coûts élevés des intrants, l'enclavement des zones de production, la non maîtrise du calendrier cultural. Les populations du Gandiolais et de la communauté rurale en général, ont compris que pour qu'il y ait un développement dans leur localité, il leurs faut élaborer et mettre en oeuvre des stratégies concertées. Elles se lancent ainsi dans des initiatives locales de développement. C'est dans ce sens que des initiatives sont engagées par la population pour promouvoir le développement de leur localité. Il y a parmi ces initiateurs, l'Association pour le Développement du Gandiolais et de Toubé (A.D.G.T), des associations des jeunes et de femmes qui existent dans tous les villages.

Face à toutes les contraintes techniques et socio-économiques étroitement liées aux impacts climatiques, le Gandiolais reste toujours un pôle maraîcher. Une meilleure maîtrise du milieu apparaît comme une nécessité dans la perspective d'un développement basé sur la productivité agricole et qui soit en adéquation avec la nature et les attentes de la population riveraine. C'est cette situation qui a conduit, d'une part, à des stratégies paysannes de migration des espaces culturaux ou à l'exode rural, et d'autre part à la réalisation du canal du Gandiolais.

L'édification du barrage de Diama, la surexploitation de la nappe d'eau douce, le déficit pluviométrique depuis 1968, garant d'une évaporation intense et récemment l'ouverture de la

4 El Hadj Malick Thioune, mémoire de maîtrise en cours de rédaction, L'exploitation des salines littorales du Gandiolais (bas Delta du fleuve Sénégal : une activité en sursis ?), université Gaston Berger de Saint louis.

5 Pelour 1 (ou Mboltime) se situe à l'extrême Sud de la communauté rurale de Gandon, dans le secteur de Rao.

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nouvelle embouchure sur la langue de Barbarie, sont entre autre, quelques uns des phénomènes qui expliquent l'origine de la salinité des sols et des eaux souterraines dans le Gandiolais. Cette situation contraint les producteurs agricoles à abandonner les terres de cultures devenues salées à l'Ouest (sur le littoral), impropres à toute exploitation agricole et à délaisser à l'Est (sur les dunes et dans les dépressions inter dunaires) les cultures vivrières au profit de l'activité maraîchère, malgré toutes les contraintes rencontrées.

Pour apporter des solutions à ces différentes contraintes, cette étude s'est fixée comme objectif de trouver des réponses à un certain nombre d'interrogations. Il s'agit de voir si le Gandiolais fait face à une crise socio-économique et écologique qui constitue une entrave à l'évolution de la production agricole. Quels seraient les facteurs explicatifs de cette crise ? Quelles stratégies adopter pour faire face à cette crise ? Y a-t-il une différence entre l'évolution actuelle du Gandiolais et celle du reste des Niayes ? Après avoir identifié les facteurs responsables de cette crise, les résultats obtenus pourraient permettre de proposer des orientations pour surmonter ces contraintes. Pour répondre à ces interrogations, deux hypothèses sont ainsi retenues :

- Une meilleure maîtrise du milieu et de ces contraintes s'avère indispensable pour un développement agricole durable dans le Gandiolais et le Toubé.

- Le rapprochement du secteur agricole des autres secteurs d'activités socio-économiques au niveau de la C.R. de Gandon, dans une dynamique de gestion intégrée, pourrait favoriser le développement de la localité.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein