Section 3
L'incidence théorique de la politique
monétaire sur la croissance
économique
L'impact de la politique monétaire dépend
généralement de la situation de l'économie d'un pays.
Mais, globalement on peut dire que la politique monétaire a des effets
positifs et négatifs, étant donné les composantes de la
croissance : Y=C+I+G+(X-M) avec : Y=Production,
C=consommation, I=investissement, G=dépenses publiques, X=exportations
et M=importations.
1.3.1. Impacts Positifs
Une politique monétaire favorisant la croissance
consiste à élargir l'offre monétaire à travers une
baisse des taux directeur par la Banque centrale. Cette opération
favorise la demande de crédits des ménages et des entreprises,
contribuant ainsi à une hausse de la consommation(C) et de
l'investissement(I)26.
Si cette politique est accentuée elle peut entrainer
une dévaluation de la monnaie par rapport aux autres devises et par
conséquent améliorer la composante (X-M) de la croissance. C'est
à dire une amélioration de la balance commerciale due à
l'augmentation des exportations.
1.3.2. Impacts Négatifs
A l'inverse, une politique monétaire trop strict visant
à combattre l'inflation par exemple, peut s'avérer être un
frein à la croissance lorsque la banque centrale décide
d'augmenter ses taux directeurs.
Dans le cas d'un pays comme la France, il n'est plus possible
d'avoir recours à l'outil monétaire pour relancer
l'économie. Seul la BCE est responsable de la politique monétaire
de l'union européenne, indépendamment de l'avis des pays qui la
compose. Sa priorité actuelle étant la lutte contre
l'inflation.
26 DU PRIEZ, la réforme monétaire du
24 juin 1967, in cahiers économiques et sociaux, Kinshasa, IRES,
1968, p.36
27
1.3.3. Efficacité de la politique monétaire
1.3.3.1. Dans l'optique keynésienne
Pour les keynésiens, la politique monétaire est
un instrument de politique conjoncturelle. La politique monétaire
keynésienne se fixe comme objectif final l'arbitrage entre inflation et
chômage et retient comme objectif intermédiaire les taux
d'intérêt : lorsque l'économie est en surchauffe, une
politique monétaire restrictive, en augmentant le taux
d'intérêt, permet de combattre les tensions
inflationnistes27.
À l'inverse, en période de hausse du
chômage, une politique monétaire expansive avec une diminution des
taux d'intérêt doit permettre de relancer l'activité et
l'investissement.
Il apparaît que la politique monétaire à
la différence de la politique budgétaire est un instrument qui
n'agit pas directement sur l'activité. L'efficacité d'une
politique monétaire dépend de la réalisation de deux
conditions :
? l'accroissement de l'offre de monnaie doit conduire à
une baisse du taux d'intérêt ; or cette condition n'est pas
toujours vérifiée en particulier dans les situations de trappe
à liquidité ;
? en second lieu, la baisse des taux d'intérêt
doit se traduire par une reprise de l'investissement28.
Comme l'efficacité de la politique monétaire est
soumise à condition, les keynésiens appréhende la
politique monétaire comme un instrument d'accompagnement de la politique
budgétaire : on parle à ce propos de Policy mix.
Dans l'optique keynésienne, la politique monétaire relève
d'interventions discrétionnaires. Il s'agit en fonction des situations
de pouvoir discrétionnairement augmenter ou diminuer les taux
d'intérêt de façon contra-cyclique. Ces politiques de "stop
and go" ont été utilisés en France de 1967 à
1975.
27 Capul Jean Yves et Garnier Olivier, Op. Cit.,
p.425
28 Capul Jean Yves et Garnier Olivier, Op. Cit.,
p.432
28
1.3.3.2. Dans l'optique des monétaristes
Trois critiques à l'égard des politiques
monétaires conjoncturelles :
· La politique monétaire expansive
se traduit par une accélération de l'inflation. cela se
produit à long terme selon Friedman du fait de l'illusion
monétaire ;
· La politique monétaire conjoncturelle
se heurte selon Friedman au problème des délais : si les
cycles d'activité sont courts et que les délais
d'efficacité de la politique monétaire sont longs alors une
politique monétaire contra-cyclique risque de se retrouver pro-cyclique
;
· Les monétaristes critiquent le choix du taux
d'intérêt nominal comme objectif intermédiaire de la
politique monétaire, dans la mesure où le taux
d'intérêt nominal se compose de deux éléments : la
rémunération d'un placement et l'inflation anticipée. Or
lorsque le taux d'intérêt nominal varie, il est impossible de
savoir si c'est la rémunération ou l'inflation anticipée
qui sera modifiée.
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