4.1.3- Les aires d'influence des retenues
L'importance des retenues se perçoit davantage lors
qu'on s'intéresse à la provenance des différentes
catégories d'exploitants. De ce point de vue, les retenues ont une zone
d'influence plus ou moins large selon la localité ou le type
d'activité et même selon la période de l'année.
En saison pluvieuse, la présence des marres et la
suspension du maraîchage font que les barrages n'ont pas une grande
influence dans les localités respectives. Le troupeau est abreuvé
dans les marres, les autres points d'eau, à savoir les puits
traditionnels et modernes sont pérennes et les maraîchers
retournent aux travaux champêtres. Les barrages sont de ce fait peu
sollicités à cette période d'où la disparition
quasi-totale de leur influence.
La demande commence à se faire ressentir dès la
fin des pluies, quand les marres tarissent et que débutent les travaux
d'irrigation. Cette période connaît une affluence des
maraîchers à Guido dès le mois de septembre. Ceux-ci sont
pour la plupart originaires de Guido. Mais une partie provient des villages
voisins tels que Bonyolo, Bepoadir et Perkoan. Ces villages se situent à
une distance moyenne de quatre kilomètres de Guido. Le plus
éloigné étant Perkoan, localisé à cinq
kilomètres. L'aire d'influence de cette retenue se trouve
déterminée par la provenance des maraîchers puisque les
éleveurs étrangers qui s'y rendent viennent de Bonyolo et
Bepoadir, donc des localités moins éloignées que
Perkoan.
Du côté de Fara se présente un autre cas
de figure. C'est plutôt les éleveurs qui déterminent la
zone d'influence de la retenue, la totalité des irrigants étant
originaire de Fara. L'absence de point d'eau pérenne dans la
localité amène les éleveurs dans un rayon de 7 à 15
km à effectuer le déplacement vers le barrage. La ville de Poura
(Poura village) constitue de ce fait la localité la plus
éloignée.
Il se présente alors des situations qui
diffèrent en fonction des saisons et de la localité. D'un
côté, le maraîchage attire plus de monde, ce qui donne
à ladite retenue une vocation plus maraîchère que pastorale
et de l'autre c'est l'abreuvement des animaux qui l'emporte. De plus,
l'influence de ce dernier va au delà du département tandis que
celle du premier ouvrage est confinée à l'intérieur du
département de Réo
Les aménagements visant à assurer une meilleure
exploitation de ces retenues devraient tenir compte de ces facteurs afin de
mieux satisfaire les bénéficiaires.
69
Figure 6: Cartes des zones d'influence des retenues de Guido et
de Fara
DIDYR : Nom de département
Guido : Nom de localité
# : Localité
DASSA
2 km
Aire d'influence du barrage de
Guido
KYON Ekoulkoala
0 4 km
DIDYR
Perkoan
TENADO
#
Sandie
#
Guido
Kilsio
#
#
Semapoun
#
#
Bouyolo
#
REO
Zoula
Vour
#
#
#
#
KORDIE
#
REO
KOUDOUGOU
Zone d'influence du
barrage de Guido
: Barage de Guido
IMASGO
N
Source : BNDT et BDOt 2002 Juillet 2008 SANOU D.
Luther
70
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Aire d'influence du barrage de FARA
BOROMO Bourou
#
POURA VILLAGE
#
Poura-Mine # Ton
#
Lama
#
FARA
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ZAWARA
#
|
SILLY
NIABOURI
|
N
|
Tialla
#
Pomain FARA
#
Indeni
#
Haba
#
KOTI
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DANO uh
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3,5 km 0 7 km
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FARA
FARA : Nom de département :
Barrage de
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KOPER
BOROMO:
# : Localité : Fleuve
Mouhoun
: Zone d'influence
Nom de département #
Source : BNDT et BDOT 2002 Juillet 2008 SANOU D.
Luther
71
L'importance des ouvrages pour le développement
économique et l'épanouissement sociale des populations s'exprime
alors à travers les paramètres analysés ci-dessus. Ce qui
amène CECCHI P.2006, à dire que « ces petits barrages sont
un vecteur du changement sociale et de mutations des réalités
rurales ». Ceci étant, ils sont sous l'emprise d'une très
forte pression exercée par une demande aussi diversifiée
qu'inorganisée. Cet état de fait s'explique par la
diversité des demandes d'eau tributaires à des acteurs aux
intérêts différents voire contradictoires. Il en
résulte une exploitation accrue par la demande en vue de satisfaire les
besoins, surtout que l'accès aux retenues est libre et sans
contrôle. Dans une telle situation, l'extraction de chaque usager, en
entraînant un abaissement du niveau de la ressource, provoque une
augmentation des efforts de pompage (prélèvements) pour
l'ensemble des usagers. « Personne n'assume entièrement les
coûts des comportements individuels, ce qui encourage la "course au
pompage", et donc la surexploitation, voire la destruction de la
ressource» (FEUILLETTE, 2001). Cet aspect du problème de gestion se
perçoit à travers l'anarchie qui règne sur les sites.
Chaque exploitant a sa perception de la ressource et ses objectifs qui ne sont
pas forcement ceux de son voisin. Il se crée donc une sorte de conflit
entre les exploitants, chacun considérant l'autre comme un concurrent
potentiel voire un adversaire. Les usages d'eau deviennent concurrentiels,
mettant en péril l'économie d'eau parce que personne ne se
préoccupe du rationnement des prélèvements. Ce qui n'est
pas sans conséquences sur la ressource et les retenues. Cependant, les
recherches effectuées sur différents aspects de la
problématique, proposent des voies pour minimiser les pertes.
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