4.1.2- Les incidences sociales de l'exploitation des
retenues
Les incidences sociales qui en découlent sont diverses.
Elles vont de l'amélioration du niveau de vie, à la promotion de
la femme en passant par la réinsertion sociale.
Par la diversité des produits
générés, l'exploitation des lacs contribue à
l'équilibre alimentaire en permettant la consommation du poisson et des
légumes frais. L'insécurité alimentaire est amoindrie
surtout à Guido où la pauvreté des sols fait que la
céréaliculture en saison pluvieuse n'est pas très
rentable. Ceci étant, les sommes perçues après la vente de
l'oignon servent à se ravitailler en céréales notamment en
maïs, pour combler les périodes de soudures très
fréquentes dans le village. « L'oignon remplace le coton pour nous
parce qu'il est beaucoup plus rentable. L'infertilité des sols et
l'exigence du coton ont fait que tous ceux qui l'ont produit ont fait faillite.
». Tels sont les propos de quelques personnes interrogées. A titre
d'exemple un exploitant prétend être arrivé à payer
la scolarité de ses trois fils au collège. Il se serait
même procuré une moto avec les revenus de cette
activité.
Les sommes recueillies dans la vente de l'eau à Guido
et celles des légumes et du maïs « grillé »
à Fara permettent aux femmes d'assurer quelques dépenses
familiales. Les
67
confectionneurs de briques estiment que l'activité leur
évite l'oisiveté, leur procure de quoi s'acheter des
vêtements et faire quelques petites dépenses.
Sur le plan social, la présence des plans d'eau est
d'une importance notoire. Les exploitants du barrage de Guido sont jeunes pour
la plus part. L'âge moyen est de 31 ans. Plusieurs d'entre eux affirment
avoir été en Côte d'Ivoire avant de revenir s'installer
à Guido pour soutenir les parents beaucoup avancés en âge.
Ils prétendent que le barrage est pour beaucoup dans leur fixation dans
le village parce qu'aucune autre activité n'est aussi rentable que la
production de l'oignon, d'autant plus qu'ils ont la possibilité de faire
deux à trois récoltes par campagne. Si le barrage venait à
disparaître, ils préféreraient retourner en ville que de
rester pour produire sur des terres infertiles. Ces propos sont
légitimés quand on sait qu'environ 9% des exploitants sont des
migrants journaliers attirés des villages voisins par le
maraîchage.
A Fara, la présence du barrage est une véritable
aubaine surtout pour la construction, en atteste l'affluence des briquetiers et
le volume d'eau destinée à cette fin. A côté,
certaines femmes affirment ne pas pouvoir supporter le coût de l'eau et
les longues files d'attente sur les points d'eau modernes. L'eau du barrage est
la solution. A l'intérieur du P.I. deux femmes et un jeune homme
prétendent être rapatriés de la Côte d'Ivoire mais
grâce à l'irrigation ils arrivent à se retrouver.
La question de la femme anime toujours les discussions dans le
domaine du foncier. Malgré les textes stipulés par la R.A.F,
force est de constater qu'en milieu rural le régime foncier est
fortement sous l'emprise des coutumes qui ne reconnaissent ni le droit de
propriété ni le droit d'exploitation de la terre à la
femme. A Guido par exemple, les terres sont inaccessibles aux femmes. Celles
que nous avons pu interroger travaillaient sur les parcelles de leur mari. La
présence des retenues résout quelque peu cette exclusion de la
femme parce que les barrages sont considérés comme appartenant
à l'autorité moderne. Le coutumier ne s'ingère pas dans la
gestion de cette ressource moderne. Ainsi à Guido, l'eau est vendue aux
orpailleurs par les femmes. Le P.I. de Fara enregistre plus de femmes que
d'hommes, soit 48 femmes et 16 hommes. Cela permet la promotion de la femme par
l'augmentation de ses revenus et partant, son indépendance.
L'importance des deux retenues se révèle
d'avantage à travers les aspects abordés ci- dessus. En plus de
la rentabilité économique et l'amélioration du niveau de
vie, elles contribuent à la réinsertion sociale, au freinage de
l'exode rurale et à la promotion de la femme.
68
|