3.3- L'EVOLUTION DE LA CAPACITE DES BARRAGES ET LES
EFFETS
INDUITS
Des difficultés résident dans l'exploitation des
retenues, qui menacent dangereusement leur durabilité. Les modes
d'exploitations présentés ci-dessus génèrent des
phénomènes dont les conséquences sont très
néfastes tant sur l'état des retenues que sur les
activités induites par leur présence. Les conséquences se
perçoivent à travers la réduction rapide des
quantités d'eau retenues et la dégradation de leur
qualité.
3.3.1- La réduction progressive et la destruction
des volumes d'eau retenue
La dégradation des retenues s'exprime notamment
à travers la perte de la profondeur, le retrait rapide de l'eau, le
tarissement précoce des puits sur les berges, etc. Sont en cause les
activités zoo anthropiques menées autour des retenues et sur
leurs bassins versants auxquelles s'ajoutent les effets des facteurs physiques,
c'est-à-dire géologiques, géomorphologiques et climatiques
entraînant l'envasement des retenues. Avant de passer à
l'explication de ces phénomènes et de leurs conséquences
il convient d'abords d'en appréhender la perception paysanne.
3.3.1.1- Le constat des paysans
Les paysans perçoivent plus ou moins bien les
différents aspects de la détérioration des barrages. Les
points suivants nous ont permis d'apprécier leur base d'analyse :
- La perte de la profondeur des lacs : Elle est perçue
par 88% des enquêtés à Guido et 12% à Fara. Ils
justifient leurs propos par le fait que depuis un certain nombre
d'années, il est possible de traverser les barrages à la marche
sans risque de se noyer. Ce qui n'était possible qu'en avril lors de la
mise en eau des ouvrages. La boue a donc occupé la place de l'eau. De
plus, les pêcheurs constatent une accumulation massive et croissante de
boue au fond de l'eau. Quelques personnes démontrent la diminution de la
profondeur des retenues par le fait que de nos jours, il suffit de trois
à quatre grandes pluies pour les remplir; ce qui n'était pas le
cas il y a quelques années. « Les barrages sont donc
ensablés. Après les pluies, l'eau passe au lieu de stagner »
soutiennent-ils.
- Le retrait rapide de l'eau dans le lit mineur est
constaté par 23% des exploitants à Guido contre seulement 5%
à Fara. A Guido, ils avancent comme preuve le fait que d'année en
année, des jardins sont abandonnés avant même la
maturité de l'oignon. A Fara le constat est fait par des
maraîchers hors du P.I. et qui ont une longue expérience de la
pratique. Ces derniers
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évoquent également l'abandon de certaines de
leurs parcelles qu'ils ont cependant mises en valeur les années
précédentes.
- Le tarissement précoce des puits : L'abandon des
parcelles (surtout à Guido) est tributaire de ce dernier aspect. En
effet, l'arrosage se faisant à l'aide des puits, tout abandon de
parcelle équivaut à un tarissement des puits qui s'y trouvent. A
ce propos, les maraîchers établissent une relation étroite
entre la pérennité des puits et celle du barrage et estiment que
si rien n'est fait, le barrage disparaîtra et le maraîchage avec.
Un autre aspect de la dégradation est vu par quelques personnes qui
pensent que les orpailleurs polluent l'eau.
Quant aux causes de ces différents
phénomènes, elles sont également perçues par les
paysans. L'envasement des retenues est la principale cause
évoquée par 78% des exploitants à Guido et 11% à
Fara. Ceux-ci pensent en même temps être à l'origine de ce
processus par leurs agissements en amont et sur les berges. Les
maraîchers de Guido accusent surtout la terre extraite des multiples
puits creusés dans les jardins. A Fara les doigts sont pointés
sur le P.I. où le sol est également remué de façon
permanente. Seulement 12% de l'ensemble des enquêtés (Fara et
Guido) mettent en cause les activités sur les bassins versant. Ceux-ci
inculpent respectivement la pratique de l'agriculture, la destruction des
végétaux par les hommes, la divagation des animaux, et même
l'avancée du désert. Pour contrecarrer le
phénomène, ces derniers mènent quelques activités
de CES/DRS.
Il ressort de cette analyse que le phénomène
d'ensablement des retenues est bien perçu par les paysans mais, les
causes sont mal connues. En outre, on constate que plus le contact avec la
ressource est direct (Guido), mieux sa dégradation est perçue.
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