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Problématique de la satisfaction durable des besoins en eau autour des barrages de Fara et de Guido

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par David Luther SANOU
Université de Ouagadougou Burkina Faso - Maà®trise es géographie 2010
  

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3.2.4- L'orpaillage

L'orpaillage est une activité passagère qui n'est enregistrée que sur le barrage de Guido. Pour le cas de Fara, le site d'orpaillage de Poura est si éloigné que les orpailleurs ne peuvent se rendrent à Fara pour prélever l'eau. Les enquêtes effectuées sur le site de Guido montrent que l'activité y est présente depuis seulement un an et est l'oeuvre de migrants. Localisée à environ un kilomètre du barrage, l'activité est grande demandeuse d'eau en témoigne le flux de charrettes qui font la navette pour le ravitaillement en eau. Il s'agit d'apporter l'eau sur le site d'orpaillage à l'aide d'une charrette chargée de deux barriques de 200 litres chacune auxquelles s'ajoutent le plus souvent trois à quatre bidons de 20 litres. Cette eau qui sert au lessivage de la pierre n'est plus réutilisable d'où la nécessité de la renouveler. Nous avons pu dénombrer pendant notre séjour qui correspondait à la période de pointe de l'activité, une moyenne journalière de 23 charrettes oeuvrant à cet effet en raison de cinq voyages par jour.

Pour estimer les quantités d'eau utilisées, nous avons procédé à un calcul qui nous permet d'évaluer la quantité d'eau prélevée à 2,400 m3 par charrette et par jour, donc 55,200 m3 pour les 23 charrettes. En considérant que les prélèvements sont accrus sur la saison sèche (240 jours), on peut affirmer avec beaucoup de réserve que la quantité d'eau prélevée par an pour l'orpaillage vaut 13248 m3. Toute chose qui contribue énormément à épuiser la quantité d'eau retenue dans le barrage.

Par ailleurs, force est de constater que les orpailleurs jouent un rôle très remarquable dans la pollution de l'environnement en générale et de l'eau du barrage en particulier en s'y baignant et en y lavant le matériel d'orpaillage à l'aide de produits chimiques toxiques (savon, cyanure...) donc dangereux pour la faune aquatique, les hommes et le bétail.

Cependant, les prévisions augurent de lendemains meilleurs en ce sens que l'activité est passagère. En effet, cet or exploité de façon artisanale était en voie d'épuisement après une année d'exploitation. Toutefois, des mesures devront être prises pour éviter la pollution des eaux avant que les effets néfastes ne soient irréversibles sur la santé humaine et animale.

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Photo 5 : Utilisation de l'eau par les orpailleurs

SANOU David Luther 2008

3.2.5- Les autres types de prélèvements

A ce titre, nous faisons allusion aux briquetiers, les exécutants des travaux spontanés tels que la construction/réfection des routes et toute autre activité dont la réalisation demande l'utilisation d'eau en quantité non négligeable.

La confection des briques est une activité enregistrée seulement autour de la retenue de Fara et qui intéresse seulement quelques personnes. Elle est liée à deux phénomènes spécifiques qui sont la proximité de l'eau et la structure limoneuse de la boue accumulée au fond de la retenue. Il s'agit des sédiments résultants de l'érosion en amont. Pour ce centre semi urbain en pleine croissance, les besoins de constructions sont légions. La demande en briques est forte et permanente, faisant de la confection de briques une activité génératrice de revenus pour certains jeunes. Les investigations ont permis d'identifier huit fabricants /vendeurs de briques. Tous ceux qui s'adonnent à cette pratique sont situés dans le lit du barrage, extirpant la boue limoneuse déjà humide et très résistante quand elle sèche. Ils obtiennent ainsi des briques résistantes et très prisées par la population. Dans ce cas, la demande d'eau est relativement faible et difficilement estimable. Néanmoins un léger calcul permet de l'évaluer à une barrique d'eau pour environ 50 briques.

Chacun confectionne en moyenne 150 briques par jour qui sont vendues aux habitants à 10 Fr. CFA l'unité. L'activité leur procure un revenu moyen journalier de 1500 fr CFA.

Cependant, leur activité provoque un surcreusement de la partie amont de la retenue. Ce qui pourrait avoir un impact sur l'hydrologie du lac suite au changement de la configuration de l'assiette.

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La demande d'eau pour la construction/réfection des routes est sporadique mais importante. La proximité des retenues est mise à profit par les entrepreneurs, qui ne mesurent pas la portée de leurs actes sur les autres activités et l'état des retenues. Les témoignages confirment la présence de cette pratique lors de la réfection des routes. Les maraîchers trouvent qu'elle diminue beaucoup la quantité d'eau retenue et surtout, fragilise la digue que les camions-citernes empruntent pour accéder à l'eau du barrage.

Au terme de cette description, on se rend compte de l'importance capitale des deux ouvrages pour les populations riveraines, en témoigne la multitude d'activités qui sont développées autour. Des cultures irriguées à l'orpaillage en passant par l'abreuvement du bétail, la construction, la confection des briques, les usages domestiques etc. Tous les besoins en eau au niveau locale sollicitent plus ou moins les retenues.

Des dissemblances sont cependant observables entre les différents types de demandes soit au niveau des volumes d'eau prélevés pour une même activité ou soit par la présence et/ou l'absence de telle ou telle activité sur chacun des sites. En effet, le constat est que l'abreuvement du bétail demande deux fois plus d'eau à Fara qu'à Guido tandis que l'orpaillage est présente à Guido contrairement à Fara où on enregistre la consommation humaine (cf. Figure n°2 et 3). On peut donc affirmer sans risque de se tromper que les sollicitations d'eau sont relatives aux réalités locales. Ceci étant, les projets d'aménagement des petites retenues d'eau devraient tenir compte de ces réalités locales afin d'optimiser leur durabilité.

Figure 4 : Répartition des principaux prélèvements d'eau à Guido

Source : Enquêtes de terrain

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Figure 5 : Répartition des principaux prélèvements d'eau à Fara

Source : Enquêtes de terrain

Par ailleurs, on remarque que les volumes d'eau prélevés pour satisfaire les différents types de demandes sont supérieurs aux capacités théoriques utilisables des barrages comme l'illustre le tableau ci-dessous.

Tableau 7: Aperçu des volumes d'eau prélevés et de ceux disponibles

Nom du

barrage

Volumes d'eau prélevé annuellement pour chaque type de
demande (m3 )

Volume théorique d'eau utilisable (m3 )

Irrigation

Elevage

Orpaillage

Consommation humaine

Totaux des

prélèvements

Fara

100 800

8 232

00

8 755,2

117 787,2

69 900

Guido

288 225

4 359,6

13 248

00

305 832,6

120 000

Source : Enquêtes de terrain

Cela peut paraître paradoxale mais, l'explication se trouve dans le fait que les prélèvements baissent considérablement dès le mois de mars suite au tarissement des retenues alors que les estimations ont été faites sur la base des enquêtes effectuées en période de pointe et ensuite extrapolées sur toute la saison sèche. Après le mois de mars, les prélèvements portent essentiellement sur les eaux souterraines par le biais des puisards creusés à proximité des retenues et permettant ainsi de récupérer les eaux d'infiltration.

La situation est d'autant plus alarmante quand on sait que l'anarchie qui règne autour des ouvrages est de nature à compromettre leur durabilité surtout en réduisant leur capacité à retenir

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l'eau pendant que la demande ne fait qu'augmenter conséquemment à la croissance démographique et au développement des activités socioéconomiques.

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