3.2.4- L'orpaillage
L'orpaillage est une activité passagère qui
n'est enregistrée que sur le barrage de Guido. Pour le cas de Fara, le
site d'orpaillage de Poura est si éloigné que les orpailleurs ne
peuvent se rendrent à Fara pour prélever l'eau. Les
enquêtes effectuées sur le site de Guido montrent que
l'activité y est présente depuis seulement un an et est l'oeuvre
de migrants. Localisée à environ un kilomètre du barrage,
l'activité est grande demandeuse d'eau en témoigne le flux de
charrettes qui font la navette pour le ravitaillement en eau. Il s'agit
d'apporter l'eau sur le site d'orpaillage à l'aide d'une charrette
chargée de deux barriques de 200 litres chacune auxquelles s'ajoutent le
plus souvent trois à quatre bidons de 20 litres. Cette eau qui sert au
lessivage de la pierre n'est plus réutilisable d'où la
nécessité de la renouveler. Nous avons pu dénombrer
pendant notre séjour qui correspondait à la période de
pointe de l'activité, une moyenne journalière de 23 charrettes
oeuvrant à cet effet en raison de cinq voyages par jour.
Pour estimer les quantités d'eau utilisées, nous
avons procédé à un calcul qui nous permet d'évaluer
la quantité d'eau prélevée à 2,400 m3
par charrette et par jour, donc 55,200 m3 pour les 23 charrettes. En
considérant que les prélèvements sont accrus sur la saison
sèche (240 jours), on peut affirmer avec beaucoup de réserve que
la quantité d'eau prélevée par an pour l'orpaillage vaut
13248 m3. Toute chose qui contribue énormément
à épuiser la quantité d'eau retenue dans le barrage.
Par ailleurs, force est de constater que les orpailleurs
jouent un rôle très remarquable dans la pollution de
l'environnement en générale et de l'eau du barrage en particulier
en s'y baignant et en y lavant le matériel d'orpaillage à l'aide
de produits chimiques toxiques (savon, cyanure...) donc dangereux pour la faune
aquatique, les hommes et le bétail.
Cependant, les prévisions augurent de lendemains
meilleurs en ce sens que l'activité est passagère. En effet, cet
or exploité de façon artisanale était en voie
d'épuisement après une année d'exploitation. Toutefois,
des mesures devront être prises pour éviter la pollution des eaux
avant que les effets néfastes ne soient irréversibles sur la
santé humaine et animale.
54
Photo 5 : Utilisation de l'eau par les orpailleurs
SANOU David Luther 2008
3.2.5- Les autres types de prélèvements
A ce titre, nous faisons allusion aux briquetiers, les
exécutants des travaux spontanés tels que la
construction/réfection des routes et toute autre activité dont la
réalisation demande l'utilisation d'eau en quantité non
négligeable.
La confection des briques est une activité
enregistrée seulement autour de la retenue de Fara et qui
intéresse seulement quelques personnes. Elle est liée à
deux phénomènes spécifiques qui sont la proximité
de l'eau et la structure limoneuse de la boue accumulée au fond de la
retenue. Il s'agit des sédiments résultants de l'érosion
en amont. Pour ce centre semi urbain en pleine croissance, les besoins de
constructions sont légions. La demande en briques est forte et
permanente, faisant de la confection de briques une activité
génératrice de revenus pour certains jeunes. Les investigations
ont permis d'identifier huit fabricants /vendeurs de briques. Tous ceux qui
s'adonnent à cette pratique sont situés dans le lit du barrage,
extirpant la boue limoneuse déjà humide et très
résistante quand elle sèche. Ils obtiennent ainsi des briques
résistantes et très prisées par la population. Dans ce
cas, la demande d'eau est relativement faible et difficilement estimable.
Néanmoins un léger calcul permet de l'évaluer à une
barrique d'eau pour environ 50 briques.
Chacun confectionne en moyenne 150 briques par jour qui sont
vendues aux habitants à 10 Fr. CFA l'unité. L'activité
leur procure un revenu moyen journalier de 1500 fr CFA.
Cependant, leur activité provoque un surcreusement de
la partie amont de la retenue. Ce qui pourrait avoir un impact sur l'hydrologie
du lac suite au changement de la configuration de l'assiette.
55
La demande d'eau pour la construction/réfection des
routes est sporadique mais importante. La proximité des retenues est
mise à profit par les entrepreneurs, qui ne mesurent pas la
portée de leurs actes sur les autres activités et l'état
des retenues. Les témoignages confirment la présence de cette
pratique lors de la réfection des routes. Les maraîchers trouvent
qu'elle diminue beaucoup la quantité d'eau retenue et surtout, fragilise
la digue que les camions-citernes empruntent pour accéder à l'eau
du barrage.
Au terme de cette description, on se rend compte de
l'importance capitale des deux ouvrages pour les populations riveraines, en
témoigne la multitude d'activités qui sont
développées autour. Des cultures irriguées à
l'orpaillage en passant par l'abreuvement du bétail, la construction, la
confection des briques, les usages domestiques etc. Tous les besoins en eau au
niveau locale sollicitent plus ou moins les retenues.
Des dissemblances sont cependant observables entre les
différents types de demandes soit au niveau des volumes d'eau
prélevés pour une même activité ou soit par la
présence et/ou l'absence de telle ou telle activité sur chacun
des sites. En effet, le constat est que l'abreuvement du bétail demande
deux fois plus d'eau à Fara qu'à Guido tandis que l'orpaillage
est présente à Guido contrairement à Fara où on
enregistre la consommation humaine (cf. Figure n°2 et 3). On peut donc
affirmer sans risque de se tromper que les sollicitations d'eau sont relatives
aux réalités locales. Ceci étant, les projets
d'aménagement des petites retenues d'eau devraient tenir compte de ces
réalités locales afin d'optimiser leur durabilité.
Figure 4 : Répartition des principaux
prélèvements d'eau à Guido
Source : Enquêtes de terrain
56
Figure 5 : Répartition des principaux
prélèvements d'eau à Fara
Source : Enquêtes de terrain
Par ailleurs, on remarque que les volumes d'eau
prélevés pour satisfaire les différents types de demandes
sont supérieurs aux capacités théoriques utilisables des
barrages comme l'illustre le tableau ci-dessous.
Tableau 7: Aperçu des volumes d'eau prélevés
et de ceux disponibles
Nom du
barrage
|
Volumes d'eau prélevé annuellement pour
chaque type de demande (m3 )
|
Volume théorique d'eau utilisable (m3
)
|
Irrigation
|
Elevage
|
Orpaillage
|
Consommation humaine
|
Totaux des
prélèvements
|
Fara
|
100 800
|
8 232
|
00
|
8 755,2
|
117 787,2
|
69 900
|
Guido
|
288 225
|
4 359,6
|
13 248
|
00
|
305 832,6
|
120 000
|
Source : Enquêtes de terrain
Cela peut paraître paradoxale mais, l'explication se
trouve dans le fait que les prélèvements baissent
considérablement dès le mois de mars suite au tarissement des
retenues alors que les estimations ont été faites sur la base des
enquêtes effectuées en période de pointe et ensuite
extrapolées sur toute la saison sèche. Après le mois de
mars, les prélèvements portent essentiellement sur les eaux
souterraines par le biais des puisards creusés à proximité
des retenues et permettant ainsi de récupérer les eaux
d'infiltration.
La situation est d'autant plus alarmante quand on sait que
l'anarchie qui règne autour des ouvrages est de nature à
compromettre leur durabilité surtout en réduisant leur
capacité à retenir
57
l'eau pendant que la demande ne fait qu'augmenter
conséquemment à la croissance démographique et au
développement des activités socioéconomiques.
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