3.2.3.2- Les quantités d'eau
consommées
A l'instar des consommations d'eau pour le maraîchage,
nous procédons à une estimation des besoins et des consommations
d'eau par les animaux qui du reste, manque d'une grande précision. Les
enquêtes de terrain menées par le CIEH (GIRE, 2001) montrent que
les besoins en eau du cheptel dépendent entre autres de l'espèce
animale, de la qualité du fourrage consommé et du climat dans
lequel il vit. Les consommations spécifiques généralement
utilisées sont variables mais les écarts ne sont pas très
significatifs. On retient les chiffres suivants :
· bovins : 39,2 l/j/tête
· ovins : 4,3 l/j/tête
· caprins : 4,3 l/j/tête
· asins : 30 l/j/tête
· équins : 23 l/j/tête.
Pour plus d'efficacité, la consommation
spécifique est exprimée par Unité de Bétail
Tropical (UBT) et on retient la valeur de 35 l/j/UBT pour signifier la
consommation moyenne d'un animal. L'estimation de la demande en eau pour
l'élevage se fait à partir du nombre d'UBT et de cette
consommation spécifique.
En considérant que l'utilisation de l'eau des barrages
par l'élevage ne dure que la saison sèche (octobre à mai
soit 240 jours) et en tenant compte de la consommation moyenne
journalière par bête, la consommation annuelle d'eau peut
être estimée à 8232 m3 à Fara (830 + 150
x 35 x 240) et 4359,6 m3 à Guido (.225 + 294 x 35 x 240)
Cette estimation est minimale car elle ne prend en compte ni la consommation
des animaux qui arrivent individuellement comme signalé plus haut ni les
consommations d'eau en saison pluvieuse.
Cependant, la consommation de l'eau ne se fait pas sans
difficultés pour le bétail qui se trouve alors exposé aux
risques de pénurie d'eau en ce sens que les retenues constituent les
seuls points d'eau pérennes dans les localités, surtout à
Fara. Dans ce cas, lorsque l'eau se retire dans le lit mineur, les animaux vont
plus en profondeur pour se désaltérer courant ainsi le risque de
s'embourber. Selon les bergers, la pelouse des animaux s'effrite quand ils
consomment de l'eau
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boueuse. Par ailleurs, le tarissement du barrage amène
certains éleveurs à parcourir plus de quinze kilomètres
pour abreuver leurs animaux dans le fleuve Mouhoun. Cette distance parcourue
tous les jours a des conséquences dramatiques sur la santé du
bétail particulièrement sur les veaux.
D'autre part, les animaux courent des risques sanitaires suite
à la consommation de cette eau qui du reste, constitue le lieu de
concentration des éléments polluants. En effet, les intrants
agricoles (engrais chimiques et pesticides) et les déchets biologiques
déversés sur les bassins versants sont tous
véhiculés dans les lits des barrages par les eaux de
ruissellement transformant ainsi ces endroits en des nids de pathologies
diverses pour tout exploitant et consommateur. En outre, le risque d'infection
et de contagion est très élevé en cas
d'épidémie animale parce que les animaux défèquent
dans l'eau en même temps qu'ils la consomment. Les risques sont aussi
réels pour les retenues dont les digues sont menacées de
dégradation suite aux piétinements fréquents des troupeaux
qui passent de tout côté pour accéder à l'eau.
Cette pollution est d'autant plus grave que les
activités d'exploitation sont diversifiées en amont de l'ouvrage
étant donné que certaines activités sont
particulièrement polluantes. A titre d'exemple, l'eau du barrage de
Guido connait une très grave pollution causée par l'orpaillage
(utilisation de produits toxiques) qui de plus absorbe une importante
quantité d'eau.
Photo 4: Bétail s'abreuvant dans le barrage
(Fait observable à Guido et Fara)
SANOU David Luther 2008
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