3.2.2- L'irrigation
L'existence d'un point d'eau permanent en milieu rural
signifie pour les paysans une source à même de
générer des revenus en saison sèche. Ainsi,
aménagent- ils des petites parcelles à proximité des
points d'eau pour une production essentiellement maraîchère.
Toutefois, cette activité peut être modernisée si les
paysans bénéficient d'appuis externes pour rationnaliser la
production. Dans le cas contraire, l'activité reste telle avec toutes
les conséquences négatives possibles.
3.2.2.1- L'irrigation traditionnelle
A Guido et à l'exemple des sites de la province du
Sanguié, on assiste à un type d'irrigation que nous qualifions de
traditionnel pratiqué par 25.4% des exploitants enquêtés
sur le site.
? Les parcelles familiales
La production de contre saison se limite habituellement aux
légumes notamment, l'oignon produit dans des jardins familiaux auquel
sont quelquefois associés le chou, le piment, et les aubergines. C'est
une pratique héritée d'une longue expérience de production
d'oignon reconnue à toute la province du Sanguié. Comme le
précise Ouédraogo M., 2005 qui a travaillé sur la culture
de l'oignon dans la région, la production se fait
généralement en saison sèche par les familles dans les
champs de case. Ce fait est en effet remarquable dans la quasi-totalité
des villages Lyélé dans le Sanguié.
Pour ce qui est de Guido, la réalisation du barrage a
provoqué un attrait de la population locale qui a alors colonisé
les berges de la retenue à la recherche d'une source d'eau
pérenne. On dénombre au total 122 exploitations d'une superficie
moyenne de 250 m2 chacune ; soit environ 30500 m2 (3,05
ha) localisées sur les pourtours immédiats du barrage.
L'installation est faite de façon anarchique et les exploitations
installées loin du barrage sont ceux qui n'ont pas trouvé de
place sur les berges. A l'intérieur des parcelles sont
confectionnés des poquets en guise de planches d'environ 1 m de
côté ayant une forme de cuvette pour faciliter la rétention
de l'eau lors des arrosages.
Les semis sont collectionnés de façon artisanale
et les pépinières confectionnées en fin août
permettent de faire trois récoltes par campagne. Les fertilisants
utilisés sont principalement l'engrais chimique et les pesticides pour
le traitement phytosanitaire.
? Les volumes d'eau utilisés
L'apport d'eau aux plantes se fait à la volée
avec les moyens de bord dont peuvent facilement disposer les paysans. Il s'agit
de bidons de 20 litres qui ont été divisés en deux et dont
chaque partie sert en même temps de puisette et d'arrosoir. Les planches
sont directement
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aspergées d'eau à l'aide de cette puisette une
fois hissée du puisard. Ce type d'arrosage nécessite que la
source d'eau soit à proximité des planches pour éviter la
marche. Plusieurs puisards sont alors creusés dans une même
parcelle. On dénombre par conséquent, une moyenne de 3 puisards
par parcelle ; soit plus de 300 puisards autour du barrage. L'arrosage se fait
deux fois par jours (le matin et le soir) en raison de trois à quatre
puisettes par planche jusqu'à stagnation de l'eau.
Nous avons tenté d'estimer le volume d'eau
utilisé en une année à cette fin de la manière
suivante : en considérant une moyenne de 10 L par puisette, nous avons
entre 30 à 40 L (35 L en moyenne) par planche ; soit environ 4375 L par
parcelle pour chaque arrosage. La période de maraîchage autour du
barrage étant de 9 mois (septembre à mai=270 jours), on peut
estimer le volume d'eau utilisé à 288225 m3 (288 225
000 L) par an, pour une superficie d'environ 3 ha. Cette estimation est
minimale parce que nous n'avons tenu compte que des parcelles situées
sur les berges immédiates et quelquefois même dans le lit
d'inondation du barrage où le plan d'eau est directement utilisé
à travers les puisards.
Il convient de signaler que ce mode d'arrosage consomme plus
d'eau qu'il en faut pour la production d'oignon. En effet, en comparaison aux
normes techniques, les besoins d'eau pour l'oignon sont de l'ordre 4000
à 6000 m3/ha/cycle de production, alors que les estimations
à Guido donne environ 32025 m3/ha /cycle. Les
quantités d'eau utilisées sont quatre à cinq fois plus
élevées que les besoins en eau de l'oignon. Cela démontre
que les maraîchers gaspillent l'eau par ignorance et/ou par l'illusion
d'en disposer suffisamment. Il est alors judicieux de revoir le système
de production, allant de la confection des planches au mode d'arrosage et
travailler à susciter un changement de mentalité de la part des
producteurs surtout que les superficies destinées à
l'activité ne font qu'augmenter d'année en année.
Photo 2 : parcelle d'oignon sur la berge du barrage de Guido
SANOU David Luther 2008
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