CONCLUSION PARTIELLE
L'analyse du cadre général de l'étude
montre que la problématique de l'eau est liée à plusieurs
facteurs. L'exploitation et la gestion des retenues d'eau évoluent dans
un contexte de croissance continue des besoins en eau tandis que l'amenuisement
de la ressource est de plus en plus crucial au fil des ans. Les facteurs qui
concourent à cet état de fait sont aussi multiples que
diversifiés et dérivent tant bien des facteurs physiques que des
comportements des acteurs vis-à-vis de la ressource. Cette situation
impose que la gestion de l'eau soit appréhendée dans toutes ses
dimensions en intégrant toutes ses formes d'existence. Ce à quoi
s'attèle la GIRE à travers le PAGIRE dont la conception semble
avoir cerné la problématique. Cependant, l'implication
réelle des acteurs à la base est insuffisante. Par
conséquent son exécution se trouve confrontée à des
limites de divers ordres. Cette situation explique l'environnement critique
dans lequel évoluent les barrages de Fara et de Guido.
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DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DU VOLUME D'EAU DISPONIBLE
ET DES PRELEVEMENTS.
Les chapitres 3 et 4 font ressortir successivement les
conditions de durabilité des retenues par le croisement des volumes
d'eau disponible avec ceux prélevés (chapitre 3) et les
retombées socioéconomiques de l'exploitation des ouvrages suivi
des perspectives pour améliorer leur gestion (chapitre 4).
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CHAPITRE III : LES CONDITIONS DE DURABILITE DES
OUVRAGES
Le contexte de réalisation et la localisation des
ouvrages font d'eux le lieu de prédilection de multiples
activités dont la conduite ne se fait pas toujours de façon
efficiente. La durabilité des ouvrages dépend de ce fait, des
conditions d'exploitations auxquelles ils sont soumis. Le présent
chapitre tente de faire une illustration de l'environnement d'exploitation dans
lequel évoluent les barrages.
3.1- LE VOLUME D'EAU DISPONIBLE DANS LES DEUX
RETENUES
Les caractéristiques géomorphologiques,
hydrographiques et climatiques du milieu dans lequel sont
réalisés les barrages influent incontestablement sur leur
capacité à retenir l'eau en quantité suffisante et de
façon pérenne.
3.1.1- La construction des retenues
L'Eglise Famille du Burkina Faso oeuvre depuis plus de cent
ans aux cotés de l'Etat et autres partenaires dans le
développement économique et social des populations. Ainsi, de
nombreuses réalisations hydrauliques ont été
exécutées à des fins d'alimentation en eau des populations
et de production agricole. L'inventaire des infrastructures hydrauliques
réalisées par l'Eglise en 2006 fait état de plus d'une
cinquantaine de petits barrages réalisés entre 1975 et 2003 dans
le seul diocèse de Koudougou qui couvre les provinces du Passoré,
du Sanguié, du Boulkiemdé de la Sissili, du Ziro et une partie de
celle des Ballés. Dans la région du Centre-ouest qui couvre les
mêmes provinces que le diocèse à l'exception de celles du
Passoré et des Ballés, l'Eglise à réalisé
exactement 61 petits barrages sur les 182 qu'elle compte, soit 33,5%. En termes
de capacité, il s'agit de plus de 5 millions de m3 d'eau qui
sont mis à la disposition des populations soit 30% des 16 millions de
m3 d'eau disponible dans les retenues de la zone.
Cette multitude de réalisations fait suite à la
période de sécheresse qu'a connu le pays dans les années
70. Les ouvrages ont été réalisés dans des
localités où les problèmes d'eau étaient criards.
Ces problèmes ont été durement ressentis par les
populations de Fara et de Guido qui l'ont longtemps évoqué lors
des entretiens. La vocation première de ces barrages est la recharge de
la nappe phréatique afin d'assurer une disponibilité continue de
l'eau pour les besoins humains. Cependant de nos jours, plus de 80% des
villages utilisent leurs barrages pour l'abreuvement du bétail. L'eau
est également utilisée pour la construction, ce qui influence
l'évolution de l'habitat et génère une activité
économique liée à la vente des briques. Un peu moins de
50% de ces ouvrages hydrauliques sont utilisées pour des
activités agricoles mais, cette activité demeure faible au vu des
potentialités offertes. Les consommations domestiques concernent
environs 20% des barrages dépendamment de leur proximité des
villages. De
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l'intervention en aide d'urgence dans les années 70, on
est aujourd'hui à l'implication des populations à travers
l'approche participative pour la valorisation efficiente de la ressource
eau.
D'une manière générale, une très
grande partie de la mémoire des réalisations a été
perdue et la description des ouvrages pose problème. Toujours est-il que
la mémoire restante que nous avons complété avec les
enquêtes de terrains nous a permit d'avoir une idée de l'envergure
des barrages. Il s'agit effectivement de barrages de petites dimensions dont le
plus grand d'une capacité initiale de 447 000 m3, se localise
à Salo dans le Boulkiemdé et le plus petit à Tio dans le
Sanguié d'une capacité de 100 000 m3. Cela nous donne
une idée de l'envergure des barrages de Fara et de Guido qui ont des
capacités initiales de rétention respectives de 233 000
m3 et 400 000 m3.
Pour la construction de ces ouvrages, on a utilisé au
maximum des matériaux de bord : des blocs de cailloux, du gravier, de la
terre argileuse et du sable. En plus d'une contribution financière
demandée à la population locale, cette dernière a
été sollicitée pour la main d'oeuvre non
spécialisée. Seul le ciment, le fer, les outils et la main
d'oeuvre spécialisée ont été apportés. Les
coûts de réalisation des barrages s'estiment à environ
102.000.000 Fr. pour Guido et 45.987.760 Fr pour Fara, mais ces coûts
sont à prendre avec beaucoup de réserves, vu l'insuffisance et
l'imprécision de la mémoire disponible.
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