2.3- LES LIMITES DE LA GESTION DE L'EAU AU BURKINA
FASO
La gestion des ressources en eau est confrontée
à des contraintes d'ordres structurelles, financières et
sociologiques.
5 Unité MECanique : une des structures
techniques de l'Eglise Famille située à Koudougou et
chargée de la réalisation des ouvrages hydrauliques.
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2.3.1- Les contraintes structurelles
Les cadres de concertation des ONG et associations (SP-ONG)
fonctionnent difficilement faute d'organisation et de moyens financiers. De
plus, leurs actions sont peu coordonnées avec celles des structures
étatiques. Or les acteurs du privé ont besoins d'être
imprégnés des politiques et formés au même titre que
les structures de l'Etat. Ce manque de coordination des actions a pour
conséquence la faible professionnalisation des interventions. On
constate en effet un désordre et même souvent des contradictions
sur le terrain entre les politiques étatiques et les interventions de
certains opérateurs privés. Le secteur de l'eau mérite
alors qu'il y ait autant de rigueurs dans l'exécution des programmes que
leur conception.
2.3.2- Les contraintes financières
Le PAGIRE se déroule en deux phases (2003-2008 et
2009-2015). La première (20032008) a absorbé un budget total
estimé à 13,6 milliards de francs CFA financé à
plus de 50% par les partenaires techniques et financiers externes tels que
DANIDA, ASDI, l'Union Européenne, la coopération belge etc.
(MAHRH, 2006). L'une des plus grandes difficultés reste le financement
des projets par l'Etat. La participation financière des
bénéficiaires est également très infime et
difficile à mobiliser notamment dans les pays du sud car il est souvent
difficile d'exiger plus. Pour y palier, l'on a lancé l'initiative du
« centime par mètre cube » qui préconise de
prélever une taxe d'un centime par mètre cube d'eau
consommé dans les pays riches pour alimenter les fonds d'investissement
des pays pauvres. Par ailleurs, très peu de programmes hydrauliques
bénéficient de l'appui de l'Etat qui vit lui-même des
financements extérieurs.
2.3.3- Les contraintes socioculturelles
Les difficultés de la gestion de l'eau découlent
de la confrontation de divers facteurs : historiques, sociaux,
économiques, politiques et juridiques. Le PAGIRE prend bien en compte
les règles et autorités coutumières dans le futur cadre de
gestion de l'eau mais son exécution sur le terrain laisse entrevoir un
manque à gagner. En effet, elles ne sont pas très
impliquées jusqu'à présent dans l'exécution du
système moderne de gestion des ressources naturelles en
générale et celle de l'eau en particulier bien qu'elles aient
toujours une importance effective au niveau du village/de la commune (et du
lignage). Les autorités traditionnelles (chefs de terre, chefs de
village) sont les garants d'un système traditionnel de gestion des
ressources qui reste intensément vécus et respecté par les
communautés rurales. L'omission de cet état de fait pourrait
poser des problèmes pour la réalisation effective du futur cadre
institutionnel de gestion des ressources en eau au niveau
décentralisé. A l'heure actuelle, c'est encore le droit coutumier
qui gère l'accès à la terre et à l'eau au niveau
villageois et communal. De multiples conflits se produisent donc sur le terrain
lors de l'application du système foncier dit moderne
(propriété individuelle, monétaire)
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qui se heurte au système foncier dit traditionnel
(usage collectif, lignager de la terre, marginalisation de la femme). Il sera
difficile de mettre en oeuvre la GIRE si toutefois les réalités
locales ne sont pas prises en compte, ne serait-ce qu'à titre
consultatif.
On retient que pour une réussite de la GIRE de nombreux
défis restent à être relevés à divers
niveaux. La problématique de l'eau au niveau national résulte de
la combinaison de plusieurs facteurs tant structurels que conjoncturels qui
constituent des contraintes à des degrés divers. La mise en place
effective de la GIRE devra donc prendre en compte la diversité politique
et socioculturelle des différents intervenants à tous les
niveaux.
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