2.2.2- Le cadre institutionnel de la gestion de l'eau au
Burkina Faso
L'organisation du secteur ministériel en charge de
l'eau au Burkina Faso a connu une évolution historique en relation avec
la prise de conscience grandissante à tous les niveaux des enjeux et du
rôle de cette ressource dans le processus de développement. Avant
l'indépendance et jusqu'en 1965 l'approvisionnement en eau potable
était rattaché au Ministère des Travaux Publics et
l'aménagement hydro-agricole, rattaché au Ministère de
l'Agriculture. En 1965, on assiste à la création d'une Direction
de l'Hydraulique et de l'Équipement Rural (HER), cumulant
l'approvisionnement en eau potable et le Génie Rural. Cette direction a
été placée sous la tutelle de différents
ministères dont le Ministère du Développement Rural (MDR)
qui disposait en son sein, de 1981 à 1984, d'un Secrétariat
d'État chargé des ressources en eau. Le Ministère de l'Eau
crée en 1985, confère au domaine de l'eau un cadre institutionnel
propre. Ce dernier fait place en 1995, au Ministère de l'Environnement
et de l'Eau dans le but d'assurer une cohérence de la politique dans ce
domaine. Depuis 2002, la tutelle du secteur eau est assurée par le
Ministère de l'Agriculture, de l'Hydraulique et des Ressources
Halieutiques (MAHRH) avec une pléiade de ministères
rattachés à savoir :
- le Ministère chargé des Finances et du Budget
pour le financement du secteur ;
- le Ministère chargé des Affaires
Etrangères coordonnant la coopération en matière d'eau
partagée ;
- le Ministère chargé de la Justice pour le
règlement des contentieux ;
- le Ministère chargé de l'Administration
Territoriale en charge de la décentralisation, la
déconcentration, et la police des eaux ;
- le Ministère chargé du Commerce, de
l'Industrie et de l'Artisanat intervenant dans les usages de l'eau, les
pollutions des eaux, et l'industrie de l'eau ;
- le Ministère chargé de l'Énergie et des
Mines, oeuvrant également dans l'usage de l'eau, la pollution des eaux
et l'énergie hydro-électrique ;
- le Ministère chargé des Enseignements
secondaires, supérieur et de la recherche scientifique pour la formation
professionnelle et la recherche hydraulique ;
- le Ministère chargé de la Santé qui
travaille à assurer l'hygiène publique et le contrôle
sanitaire de l'eau ;
- le Ministère chargé de l'Élevage,
concerné par l'usage et la pollution des eaux ;
- le Ministère de l'Enseignement de Base assurant
l'éducation à l'hygiène et à la santé ;
- le Ministère chargé des Affaires Sociales et
de la Famille qui s'occupe des aspects genre et équité dans le
domaine de l'eau ;
- le Ministère chargé des Travaux Publics et de
l'Urbanisme qui assure le drainage des eaux pluviales et la mobilisation des
eaux de surface ;
33
- et enfin le Ministère chargé du Tourisme qui
assure l'exploitation des milieux aquatiques et des zones humides à des
fins touristiques.
Cette multitude d'acteurs institutionnels a imposé de
mettre en place un cadre institutionnel adéquat et une coordination
intersectorielle et interministérielle forte indépendamment de
toute configuration des départements ministériels. C'est ainsi
que la réforme du cadre du secteur de l'eau marque une rupture avec la
vision sectorielle de la gestion de l'eau et consacre la Gestion
Intégrée des Ressources en Eau (GIRE) comme voie de
résolution des questions liées à l'eau.
Cette réforme s'est faite en trois étapes
essentielles :
? en juillet 1998, le gouvernement adopte le document de la
politique et stratégies en matière d'eau ;
? en février 2001, le Parlement de la Loi d'orientation
relative à la gestion de l'eau ;
? en mars 2003, on assiste à l'adoption par le
Gouvernement du Plan d'Action pour la Gestion Intégrée des
Ressources en Eau (PAGIRE).
|