SECTION 5 : EFFONDREMENT DE L'ECONOMIE DE LA
PROVINCE
DE 1990 À 1995
Cette période a été marquée
principalement par l'environnement socio-politique, héritée de la
proclamation de la "démocratisation" au CONGO à partir du 24
avril 1990. Cette période est entachée des troubles et
marquée par des grèves intempestives, des pillages de tous ordres
et ce à deux reprises.
Dans le domaine minier, le climat socio-politique n'a pas
épargné la société GECAMINES : les vols du
patrimoine de la société et de ses produits finis ont
anéanti la production minière. Il faut aussi signaler
l'effondrement de la mine de KAMOTO, qui procurait plus de 60 % de la
production de la société. Cette dernière ne s'est pas
encore redressée depuis. La production du cuivre et du cobalt a aussi
connu une diminution sensible : de 355.734 tonnes en 1990 à 33.946
tonnes en 1995 pour le cuivre et de 9.931 tonnes en 1990 à 4.516 tonnes
en 1995 pour le cobalt. Tandis que le cours du cuivre connaissait une
diminution de 10 %, celui du cobalt a connu une hausse des prix de 25 % par
rapport à l'année 1995, soit de 20,6 $ Lb en 1994 à 25,8 $
Lb en 1995.
La suspension de différentes lignes de crédits,
jadis allouées à la GECAMINES, a eu, comme conséquence,
l'arrêt des projets de réhabilitation de l'outil de production.
Par contre, dans le secteur de commerce en
général (achat et revente à l'état), l'on a
enregistré une prolifération de plus en plus accrue de petits
opérateurs oeuvrant dans des secteurs informels très peu
contrôlés par les institutions de l'Etat. La spéculation
s'est installée sous toutes ses formes ainsi que le circuit
parallèle des devises anéantissant par conséquent les
effets de contrôle de la Banque du Congo.
Le taux d'inflation est passé de 32,5% en 1989 à
870,3 %, en 1990
et à 370,3 % à fin 1995 (50)(*), tandis qu'en 1994 le taux, selon
IRES, s'était situé autour de 9.796,6 % (51)(*).
L'évolution du produit intérieur brut a
enregistré une nette décélération de la
dégradation en 1995. En effet, de -13,5 % en 1993, le taux de croissance
du PIB en termes réels s'est établi à -3,9 % en 1994 et a
été estimé à -0,6 % en 1995 (52)(*).
Le secteur des biens s'est accru de 1,0 % en 1995 contre -0,8
% en 1994. Cette augmentation est notamment observée dans les industries
(+9,0 %), dans les manufactures (+4,0 %), ainsi que dans les bâtiments et
travaux publics (+7,0 %) alors que le sous-secteur agricole a quasiment
stagné. Comparativement aux autres pays africains, la part du secteur
manufacturier dans le P.I.B., en 1981 était de : Zambie 15,8%; Le
Zaïre 2,5% ; Le Nigeria 6,1% ; L'Angola 2,6% ; Le Sénégal
14,7% ;Le Swaziland 24,3%, pour ne citer que ceux-là(*(*)). Ceci démontre
à suffisance que les derniers pays cités ont créé
leur économie sur les Petites et Moyennes Entreprises.
Par contre, le secteur des services est resté en
dégradation malgré la réduction passant de -10,0 % en 1994
à -4,5 % en 1995. Cette évolution est imputable au recul
simultané des sous-secteurs services marchands et non-marchands (-18,4
%) et transport et communication (-0,9 % ). Quant au secteur du commerce, il
s'est accru de 2,3 %. En ce qui concerne les droits et taxes à
l'importation, ils ont accusé un taux de progression de 53,4 % contre
une régression de 2,1 % en 1994. ,
En conclusion, au vu de tous ces indicateurs au cours de cette
période, on ne peut envisager une reprise imminente de l'activité
économique, à cause surtout des perturbations socio-politiques
qui enlisent le pays depuis belle lurette.
Tableau n°44 Contribution des secteurs au
PIBC en moyenne annuelle et
en
pourcentage.
SECTEURS
|
1967-1970
|
1971-1974
|
1975-1984
|
Secteur des biens
Agriculture commercialisée
Mines
Industries
Autres
Secteur des services
Transport et Communications
|
42,0
10,6
20,4
7,0
4,0
58,0
6,9
14,1
37,0
|
46,7
8,7
23,8
9,8
4,5
54,0
8,7
12,9
32,0
|
48,7
9,7
26,3
8,2
4,5
51,3
7,6
12,6
31,4
|
Total
|
100
|
100
|
100
|
|
Sources : Banque du Zaïre et du Département du
plan.
Tableau n° 45 Emploi dans le secteur
moderne en 1995
RUBRIQUES
|
NOMBRE
|
Agriculture
Mines
Industries
Bâtiments et travaux publics
Electricité et Eaux
Transports et Communications
Commerce
Services
Administration Publique
Forces Armées
|
130.000
73.000
92.000
58.000
9.000
85.000
256.000
18.000
316.000
76.000
|
Ensemble
|
1.113.000
|
|
Source : Département de Plan 1985.
Il ressort des tableaux ci-haut que la contribution des
différents secteurs au PIBC est plus importante dans le secteur des
services et plus principalement dans le commerce des biens. Ceci dénote
clairement que depuis 1967, le phénomène des nationalisations et
le regroupement de certaines entreprises de petite et moyenne dimension a
été purement et simplement négligé. Les mines par
contre ont connu un accroissement de 20,4 % pour la période de
1967-1970, 23,8 % pour la période de 1971-1974 pour atteindre 26,3 %
pendant la période 1975-1984.
En ce qui concerne le niveau de l'emploi dans ces secteurs,
l'agriculture occupe la troisième position par rapport au secteur
commercial et à l'administration publique qui s'avère être
le plus grand pourvoyeur du pays. L'industrie qui, parcontre devrait stimuler
l'économie dans son développement ne représente que 8,26 %
de l'ensemble de la population active recensée pour l'année
1985.
Tableau n°46 :Emploi dans le milieu rural
en 1985.
POPULATION
|
EFFECTIFS
|
Population rurale
Population agricole
Population non agricole
Population active agricole
Population active non agricole
Dont :
- secteur secondaire
- secteur tertiaire
Population active rurale
Population rurale d'âge actif
|
18.993.000
17.777.000
1.216.000
8.307.000
568.000
284.000
284.000
8.875.000
9.507.000
|
|
Source : Département du plan 1985.
Tableau n° 47 : Salaire réel dans
le secteur privé et dans l'administration(1975=100)
en
Zaïres courants.
DESIGNATION
|
1977
|
1978
|
1979
|
1980
|
1981
|
1982
|
1983
|
Indice moyen de prix de détail
Secteur privé
Indice de sal. nominal
Indice de sal. réel
Administration publique
Indice de sal. nominal
Indice de sal. réel
|
286,2
159,5
55,7
133,4
46,6
|
428,8
206,3
48,2
155,7
36,3
|
965,0
277,3
28,7
320,3
33,2
|
1.420,0
453,6
31,9
371,5
26,2
|
1.977,5
721,6
36,5
468,9
23,7
|
2.736,3
1.712,1
42,8
593,1
21,7
|
4.703,9
1.601,3
33,8
684,5
14,5
|
|
Source : Banque du Zaïre 1983 - 1984.
Il est à noter que le niveau des
salaires reste très bas dans l'administration publique qui dans ce
domaine joue un rôle de référence pour le secteur
privé.
Dans le secteur privé, le salaire moyen en 1983
n'était que le tiers de son niveau de 1975. La situation était
encore plus catastrophique pour les bas salaires dont la
rémunération représente en 1982 moins de 10 % et en 1983
14 % de son niveau de 1975.
A ces inégalités des revenus entre le travail et
le capital, sont venues s'ajouter des profondes disparités non seulement
entre secteur public et secteur privé, mais également à
l'intérieur de chacun de ces secteurs , surtout entre les nationaux et
les expatriés.
* (50) Banque Mondiale, rapport Annuel
1990.
* (51) Banque du Zaïre; Rapport
Annuel 1995.
* (52) Idem.
* (*) Base des données
de l'O.NU.D.I.
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