3.3 Difficultés d'insertion des pays africains
dans le marché carbone
Bien qu'étant considéré comme une
aubaine de développement pour ce continent en terme de transferts de
capitaux et de technologies indispensables à la promotion des
énergies, de transport, d'industrie, de gestion des déchets et
autres, l'Afrique sub -saharienne peine à s'insérer dans le
marché des crédits carbone.
Or, selon les derniers chiffres du Centre Risø du
Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE, 2008), les projets MDP
pourraient drainer en Afrique près de 1 milliard de dollars d'ici 2012,
Le nombre de projets MDP en Afrique devrait passer de 71 actuellement à
entre 150 et 230 d'ici à 2012. Les 71 projets actuels pourraient
générer 66 millions d'URCEs d'ici à 2012, ce qui
correspond avec un prix de l'URCE de 15 dollars à 990 millions
dollars.
Pourtant, sur les 71 projets MDP actuels en portefeuille de
l'Afrique, seuls 28 ont été enregistrés par le conseil
Exécutif du MDP. Cela représente moins de 2 % des projets MDP
enregistrés. Pendant ce temps, le Brésil, la Chine et l'Inde
représentent les 2/3 des projets MDP enregistrés à ce
jour.
Or, avec son potentiel en projets
« MDPeables », l'Afrique sub-saharienne pourrait
permettre d'éviter à l'avenir l'émission de 740 millions
de teqCO2, soit plus que les émissions annuelles de cette région
estimées à 680 millions de teqCO2. (Thioye et al, 2008).
Le faible nombre de projets enregistrés dans les pays
d'Afrique reflète l'existence de plusieurs obstacles, tels que le manque
de capacités et de compétences locales, le manque de
planification, des lacunes en réglementation et logistique, l'absence de
politiques en la matière dans certains gouvernements et le manque de
financements pour ces projets.
3.3.1 Barrières institutionnelles et
législatives
Les obstacles institutionnel et réglementaire
résultent d'incompatibilités entre les exigences internationales
et les règlementations nationales pertinentes dans le pays. Les
incohérences entre les deux instruments juridiques n'ont rien de
surprenant dans la mesure où le MDP est un mécanisme
gouverné par des règles internationales, mais dont la mise en
oeuvre doit être conforme à la politique nationale. Les lacunes
réglementaires dans le secteur énergétique par exemple de
la région freinent ou empêchent les projets d'énergie
propre de vendre leur production d'énergie. L'absence de tarifs de
rachat de l'électricité par les compagnies électriques
publiques en situation de monopole en est un exemple précis.
La plupart des décideurs ne se rendent pas encore
compte des possibilités offertes par le MDP. D'ailleurs, une
étude réalisée par Elkhamlichi en 2008
révèle qu'il y a un faible nombre de points focaux dans beaucoup
de pays; 10 des 47 pays de l'Afrique sub saharienne n'ont pas encore
établi officiellement leurs ANDs.
Le concept de commercialisation des services environnementaux
est nouveau. Les agriculteurs et le privé sont habitués à
produire et à vendre des biens pour le marché international, mais
cela ne s'applique pas aux services de l'environnement. Les
répercussions juridiques de ces services sont difficiles à
comprendre, et les autorités nationales ont un rôle important
à jouer dans la résolution de ce problème.
La surveillance internationale des réductions
d'émissions effectives impose la mise en place de systèmes
complexes pour approuver, vérifier et valider les projets et accumuler
les réductions d'émissions. Il est largement estimé que ce
processus est trop complexe et coûteux pour de nombreux pays en
développement, ou dans le cas de petits projets (aux règles
simplifiées) tout simplement exorbitant. En outre, les projets du MDP
devraient être réalisés par le secteur privé,
souvent dans des domaines (y compris les forêts) qui ne sont pas
normalement gérés en Afrique à l'aide d'investissements
privés.
Donc, Combler de telles lacunes règlementaires est une
priorité dont la mise en oeuvre nécessite une assistance
technique afin de faciliter le transfert des meilleures expériences
internationales en la matière.
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