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Les rébellions sous le régime d'Idriss Déby (1990-2008)

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par Eugène Le-yotha NGARTEBAYE
Université Jean Moulin Lyon 3 -  Master 2 sciences politiques, option: sécurité et défense 2008
  

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§2 Les déçus des accords de paix.

Plusieurs foyers de tensions existent aujourd'hui en Afrique, mais ne reçoivent pas forcément les mêmes audiences. Certains sont beaucoup médiatisés et d'autres le sont moins. Cela s'observe dans les moyens mis en oeuvre par la communauté internationale pour faire cesser telle ou telle crise. On voit comment l'Organisation des Nations Unies (ONU) s'active dans les conflits en République démocratique du Congo (RDC) ou en Côte d'Ivoire. L'implication active de cette dernière, même si elle connaît des difficultés, contribue de toute façon à la construction de la paix. Ainsi, l'Onu prend activement part au processus de désarmement démobilisation et réinsertion des ex-combattants en Côte d'Ivoire par exemple. Elle tente de convaincre la communauté internationale de financer le processus de construction de la paix à l'oeuvre dans certains pays africains. La continuité de ces conflits dans lesdits pays constitue une menace pour la paix et la stabilité en Afrique en général et dans le monde.

Le conflit tchadien, contrairement à ceux qui s'observent en Côte d'Ivoire ou RDC, ne retient pas l'attention jusqu'à l'éclatement du conflit au Darfour83(*). Devant ce désintéressement, les conflits restent une affaire tchado-tchadienne ; exceptées les interventions des traditionnels voisins et parrains, la Libye et le Soudan. Ceci explique que les accords de paix soient le plus souvent conclus sous l'égide de la Libye ou du Soudan. Les efforts déployés par ces voisins dans la résolution de ce qu'on appelle « le cancer tchadien »84(*) sont considérables, il n'en demeure pas moins que les accords de paix signés sous leurs houlettes ne produisent pas de grands résultats.

En effet, les actes de réconciliation signés mettent l'accent sur le désarmement, la démobilisation et la réinsertion (DDR). Mais dans ces accords, la question des mécanismes de suivi des accords semble être éludée. Cette situation aboutit le plus souvent à la négligence du processus de DDR ; négligence imputable tant aux chefs rebelles qu'au gouvernement.

Du côté de la rébellion, les chefs rebelles, une fois accédé aux fonctions ministérielles et autres postes juteux de l'Etat, oublient la cause pour laquelle ils ont pris les armes. Ils délaissent ainsi leurs combattants cantonnés pour la plupart dans une zone en attendant le déclenchement du processus de DDR. Ces ex-combattants livrés à eux-mêmes vivent dans des conditions misérables. Dans cette situation, les arnaques de la population se multiplient ainsi que l'intensification du phénomène de « coupeurs de routes ». Beaucoup de ces ex-combattants, sous la direction de certains responsables, finissent par dénoncer l'accord et se rallient une nouvelle fois à un autre groupe rebelle ou se constituent en une nouvelle faction ; d'où les sigles « Rénové », « Tendance », « ailes » observés ça et là dans les formations rebelles tchadiennes. Ils sont les déchus de l'acte de réconciliation. C'est un cycle infernal où l'on est gagnant que pour un temps relativement court.

Cependant les chefs, loin de transformer leur mouvement en une formation politique, préfèrent fusionner avec le parti au pouvoir, le MPS. Cette option leur permet de conserver les privilèges qu'ils viennent d'obtenir.

Du point de vue gouvernemental, c'est l'éternelle question de finance qui est mise en avant pour ne pas procéder au programme de DDR. S'il est vrai que les finances font parfois défaut, il n'est pas à exclure la mauvaise volonté des dirigeants à respecter les accords de paix. Sinon comment comprendre que tous les accords de paix signés sous Idriss Déby ont connu ou connaissent pratiquement le même sort ? Il apparaît que les accords de paix s'analysent beaucoup plus du côté gouvernemental, comme une stratégie de guerre visant à affaiblir ou à dissuader toutes tentatives de nouvelles rébellions.

Et comme il n'existe pas de cadre de suivi des accords, il est impossible d'évaluer l'évolution des anciens accords pour voir si le fait de signer un accord au Tchad est synonyme de rétablissement de la paix ou plutôt un facteur engendrant l'instabilité.

Au demeurant, les accords de paix constituent une porte d'accès à la richesse nationale pour beaucoup de groupes rebelles. Par contre, la rébellion apparaît parfois comme un acte de vengeance pour d'autres groupes.

* 83 Même avec la crise du Darfour, c'est beaucoup plus la connexion de certains facteurs qui fait que de temps en temps on évoque la situation tchadienne. Par ailleurs, si on vient à en parler, c'est lorsque les rebelles sont à la porte de N'djamena. Mais le processus de réconciliation tchado-tchadien n'est guère intéressant. C'est beaucoup plus la situation soudano tchadienne qui reste préoccupante eu égard aux conséquences humanitaires.

* 84 François Soudan, « le cancer tchadien », Jeune Afrique du 12 au 18 février 2008 pp17-18

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