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Les rébellions sous le régime d'Idriss Déby (1990-2008)

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par Eugène Le-yotha NGARTEBAYE
Université Jean Moulin Lyon 3 -  Master 2 sciences politiques, option: sécurité et défense 2008
  

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§2- Les coalitions de rebellions.

Les coalitions de rebellions sont nombreuses. Nous ne pourrons rendre compte de toutes ces coalitions. Seules deux coalitions retiendront notre attention : l'ANR et La CMAP. Ce choix se justifie par l'impact qu'elles produisirent sur la scène politique nationale à travers les dommages qu'elles causèrent au pouvoir central.

· A- L'alliance nationale de la résistance (ANR)

Face à la puissante répression de l'ANT et aux difficultés éprouvées sur les terrains par les différentes formations rebelles, la coalition semble être la seule issue pour venir à bout du régime d'Idriss Deby. En effet, constitués pour la plupart sur des bases individuelles, ethniques voire religieuses dans le seul objectif de prendre le pouvoir, ces mouvements rebelles vont progressivement tenter d'aplanir leurs divergences pour s'associer. La mutualisation des forces rebelles conduit à la création le 16 novembre 1995 de l'Alliance Nationale de Résistance (ANR).

L'ANR regroupe l'ANDT de Mahamat, le FNT de Harris Bachar, le FARF de Laoukein Bardé, le CDR de Acheik Ibn oumar, le FAIDT et les FNR de Garfa. Mahamat Garfa assure la coordination de tous ces mouvements. Mû par le seul désir de renverser Idriss Deby, l'ANR tente de déstabiliser les forces gouvernementales par de régulières incursions. En raison du charisme de Garfa, l'ANR fut considérée comme l'une des principales menaces pour le régime d'Idriss Deby44(*). Pourtant, entre 1997-1998 l'alliance connaît un ralentissement de ses activités sur le plan militaire. Elle se dissout définitivement avec la signature par Mahamat Garfa à Libreville d'un accord de paix avec le gouvernement d'Idriss Deby.

· B- La Coordination des Mouvements Armés et Partis Politiques (CMAP)

C'est dans la recherche d'alternatives au régime d'Idriss Deby qu'est née la CMAP. La CMAP est une coordination de partis politiques (pour la plupart installés à l'étranger) et de mouvements armés plus ou moins actifs sur le terrain. Elle est créée en décembre 1999 et regroupe le Front National Tchadien Rénové (FNTR) de Ahmat yacoub, l'Action Tchadienne pour l'Unité et le Socialisme (ACTUS) de Ley Ngardigal Djimadoum, le Front Uni pour l'Alternance Démocratique (FU/AD) de Jean Prosper Boulada, le Rassemblement pour le Progrès et la Justice Sociale (RPJS) de Bourkou Louise Ngaradoum, le Front Extérieur pour la Rénovation (FER) de Antoine Bangui, le Front Démocratique Populaire de Nahor, l'Alliances des Démocrates Résistants (ADR) de younous Ibedou, la Convention des Forces Nationalistes (CFNT) de Moussa Tchorgue, le Conseil d'Union pour le Renouveau (CURE) de Ngaro Ahidjo, la Force pour le Ratissage et le Redressement du Tchad (FRRT) de Yaya Batit Ali, et enfin le Mouvement pour la Révolution Populaire (MRP) de Titinan Biré.

Comme la défunte ARN, la CMAP ne présente aucun projet de société, moins encore de structure politico-militaire fiable. Exceptions faites de quelques incursions sporadiques menées par certaines branches armées appartenant à la coordination, elle s'est cantonnée à une guerre de communiqués.

En définitive, il faut retenir que cette première décennie de « l'ère Deby » se caractérise par une profonde instabilité politique et militaire. Cet état de fait résulte de la gestion chaotique du pouvoir par Idriss Deby et par les dissensions au niveau des leaders politiques tchadiens. Par ailleurs, il convient de revenir sur les raisons de l'échec de toutes ces tentatives visant à renverser Idriss Deby. Ces échecs s'expliquent soit par l'absence de cohésion interne au sein des mouvements, soit par le fiasco des tentatives de coalition des différents mouvements.

De plus, il faut souligner que la constitution de rébellions devient un fonds de commerce pour les différents chefs de guerre qui cherchent à obtenir des fonctions dans l'appareil de l'Etat. La conséquence de cette mercantilisation des rébellions est que chaque conclusion d'accord entraîne des mécontentements, des scissions et donc la formation de nouveaux mouvements rebelles.

* 44 Mohamed Tétémadi Bangoura, violence politique et conflits en Afrique : cas du Tchad, op. cit. p392

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