§2- Les coalitions de
rebellions.
Les coalitions de rebellions sont nombreuses. Nous ne pourrons
rendre compte de toutes ces coalitions. Seules deux coalitions retiendront
notre attention : l'ANR et La CMAP. Ce choix se justifie par l'impact
qu'elles produisirent sur la scène politique nationale à travers
les dommages qu'elles causèrent au pouvoir central.
· A- L'alliance nationale de la résistance
(ANR)
Face à la puissante répression de l'ANT et aux
difficultés éprouvées sur les terrains par les
différentes formations rebelles, la coalition semble être la seule
issue pour venir à bout du régime d'Idriss Deby. En effet,
constitués pour la plupart sur des bases individuelles, ethniques voire
religieuses dans le seul objectif de prendre le pouvoir, ces mouvements
rebelles vont progressivement tenter d'aplanir leurs divergences pour
s'associer. La mutualisation des forces rebelles conduit à la
création le 16 novembre 1995 de l'Alliance Nationale de
Résistance (ANR).
L'ANR regroupe l'ANDT de Mahamat, le FNT de Harris Bachar, le
FARF de Laoukein Bardé, le CDR de Acheik Ibn oumar, le FAIDT et les FNR
de Garfa. Mahamat Garfa assure la coordination de tous ces mouvements. Mû
par le seul désir de renverser Idriss Deby, l'ANR tente de
déstabiliser les forces gouvernementales par de régulières
incursions. En raison du charisme de Garfa, l'ANR fut considérée
comme l'une des principales menaces pour le régime d'Idriss
Deby44(*). Pourtant, entre
1997-1998 l'alliance connaît un ralentissement de ses activités
sur le plan militaire. Elle se dissout définitivement avec la signature
par Mahamat Garfa à Libreville d'un accord de paix avec le gouvernement
d'Idriss Deby.
· B- La Coordination des Mouvements Armés et
Partis Politiques (CMAP)
C'est dans la recherche d'alternatives au régime
d'Idriss Deby qu'est née la CMAP. La CMAP est une coordination de partis
politiques (pour la plupart installés à l'étranger) et de
mouvements armés plus ou moins actifs sur le terrain. Elle est
créée en décembre 1999 et regroupe le Front National
Tchadien Rénové (FNTR) de Ahmat yacoub, l'Action Tchadienne pour
l'Unité et le Socialisme (ACTUS) de Ley Ngardigal Djimadoum, le Front
Uni pour l'Alternance Démocratique (FU/AD) de Jean Prosper Boulada, le
Rassemblement pour le Progrès et la Justice Sociale (RPJS) de Bourkou
Louise Ngaradoum, le Front Extérieur pour la Rénovation (FER) de
Antoine Bangui, le Front Démocratique Populaire de Nahor, l'Alliances
des Démocrates Résistants (ADR) de younous Ibedou, la Convention
des Forces Nationalistes (CFNT) de Moussa Tchorgue, le Conseil d'Union pour le
Renouveau (CURE) de Ngaro Ahidjo, la Force pour le Ratissage et le Redressement
du Tchad (FRRT) de Yaya Batit Ali, et enfin le Mouvement pour la
Révolution Populaire (MRP) de Titinan Biré.
Comme la défunte ARN, la CMAP ne présente aucun
projet de société, moins encore de structure politico-militaire
fiable. Exceptions faites de quelques incursions sporadiques menées par
certaines branches armées appartenant à la coordination, elle
s'est cantonnée à une guerre de communiqués.
En définitive, il faut retenir que cette
première décennie de « l'ère Deby » se
caractérise par une profonde instabilité politique et militaire.
Cet état de fait résulte de la gestion chaotique du pouvoir par
Idriss Deby et par les dissensions au niveau des leaders politiques tchadiens.
Par ailleurs, il convient de revenir sur les raisons de l'échec de
toutes ces tentatives visant à renverser Idriss Deby. Ces échecs
s'expliquent soit par l'absence de cohésion interne au sein des
mouvements, soit par le fiasco des tentatives de coalition des
différents mouvements.
De plus, il faut souligner que la constitution de
rébellions devient un fonds de commerce pour les différents chefs
de guerre qui cherchent à obtenir des fonctions dans l'appareil de
l'Etat. La conséquence de cette mercantilisation des rébellions
est que chaque conclusion d'accord entraîne des mécontentements,
des scissions et donc la formation de nouveaux mouvements rebelles.
* 44 Mohamed
Tétémadi Bangoura, violence politique et conflits en
Afrique : cas du Tchad, op. cit. p392
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