C) Relation entre dette et pauvreté
D'après la théorie économique, l'emprunt
extérieur a un effet positif sur l'investissement, sur la production des
entreprises et sur la croissance économique. Mais cet emprunt ne doit
pas dépasser un seuil (niveau). Dépassé ce seuil, son
effet devient négatif, donnant lieu à une relation en forme
de « courbe de Laffer » entre la dette
extérieure d'une part et l'investissement et la croissance du revenu
par habitant d'autre part. A cet effet, pour Adedeji (1998), la dette a un
effet dévastateur sur les pauvres. Elle détruit le tissu
d'écoles, cliniques et hôpitaux et ses effets ne sont pas moins
dévastateurs que ceux de la guerre. Des études empiriques dont
celles de Krugman (1988), Sachs (1989) et Patillo et al (2002) ont
montré que l'accumulation de la dette décourage l'investissement
par l'effet d'éviction. Toutes choses égales par ailleurs, un
lourd service de la dette peut accroitre la facture des intérêts
et le déficit budgétaire de l'Etat et réduire ainsi
l'épargne publique.
Pour Patillo et al. (2002) ont montré sur la base d'une
étude sur 93 pays en voie de développement entre1969 et 1998, que
la dette extérieure commence à avoir un impact négatif sur
la croissance quand sa valeur nette a excédé 160-170% des
exportations et 35-40% du PIB. La plupart des études menées
autours de la dernière décennie sur le rapport
endettement-pauvreté dans les pays en développement sur
endettés ont conclu que le fardeau de la dette est l'une des plus
grandes entraves au développement du tiers-monde.
« Elle contraint le gouvernement à mener une
politique d'affectation des ressources budgétaires restrictives vers les
secteurs sociaux, en particulier vers l'éducation et la santé,
politique impuissante à redresser la situation chaotique de ces
secteurs » (Boungou Bazika, 2004).
D) Relations croissance pauvreté
inégalités
Ali et Thorbecke (1998) en utilisant des données
d'enquête auprès des ménages de 16 pays d'Afrique ont
trouvé que la pauvreté rurale tendait beaucoup plus à
réagir à la croissance que la pauvreté urbaine, alors que
cette dernière avait beaucoup plus tendance à réagir aux
changements de la distribution du revenu. De leur coté Moser et al.
(2001) ont montré à partir de données de panel sur 46 pays
que dans les pays africains, il existait un lien significatif entre la
croissance économique et l'amélioration des indicateurs de
pauvreté non monétaires. Les inégalités quant
à elles ont avec la croissance une relation double pouvant être
tant positive que négative.
En considérant tout d'abord les effets de la
croissance sur les inégalités., l'étude de ce sujet a une
longue tradition dont le point de départ est l'hypothèse de
Kuznets (1955) selon laquelle les inégalités tendent à
augmenter dans la première phase du développement du fait des
changements dans la structure économique, puis ces
inégalités tendent à baisser par la suite. La relation
entre croissance et inégalité de revenu évolue suivant une
courbe en U renversé. La question a fait l'objet de nombreuses
études empiriques dont celles de Deininger et Squire (1996) ayant
soutenu que la croissance n'a aucun impact sur les inégalités
ainsi que Dollar et Kraay (2002) qui eux ont conclu que la croissance est bonne
pour les pauvres et par conséquent les politiques de promotion de la
croissance sont aussi bonnes pour les pauvres que pour l'ensemble de
l'économie.
Ce qui précède n'est qu'une face de la relation
entre croissance et inégalités. En effet, de nombreux chercheurs
soutiennent que les inégalités ne constituent pas seulement un
résultat mais plutôt un déterminant de la croissance. Ce
courant lancé par Galor et Zeira (1993) a fait l'objet de nombreuses
études théoriques qui fournissent plusieurs canaux par lesquels
les inégalités se répercutent sur la croissance en se
répartissant en deux tendances :
La première suggère l'existence d'un effet
néfaste des inégalités sur la croissance et avance trois
principaux arguments:
ü le premier dit d'économie politique soutient
qu'il y a une forte demande de redistribution dans les sociétés
où une grande partie de la population n'a pas accès aux
ressources productives de l'économie. En système
démocratique cela tend à augmenter le niveau
préféré d'imposition et nuit généralement
à la croissance du fait de son impact négatif sur l'accumulation
(Alesina et Rodrick, 1994). La politique redistributive pourrait notamment chez
ceux qui reçoivent provoquer une démotivation à l'effort
de travail et chez ceux qui transfèrent décourager
l'investissement.
ü Le second est donné par les approches dites
sociopolitiques (Alesina et Perrotti, 1996) qui soutiennent que la polarisation
des revenus alimente la violence et le mécontentement social. les agents
les plus défavorisés tendent à multiplier leurs
revendications qui peuvent dégénérer en émeutes et
en coups d'Etat. L'instabilité sociopolitique décourage
l'accumulation en raison des perturbations actuelles et de l'incertitude sur
l'avenir. Elle a donc une influence négative sur la croissance.
ü Le troisième argument dit des contraintes de
crédit peut être résumé comme suit : Une
répartition inégale des revenus peut ralentir à la fois la
formation de capital humain, en diminuant la capacité des pauvres
d'investir dans l'éducation et la formation de capital physique (Galor
and Zeira, 1993).
Des études empiriques viennent corroborer ces arguments
en faveur d'une relation négative entre inégalités et
croissance. En incorporant les inégalités comme variable
explicative dans la régression de Barro, (Alesina et Rodrick, 1994),
(Perroti, 1996) et (Bénabou, 1996) ont conclu que les
inégalités initiales sont préjudiciables pour la
croissance de long terme.
A coté de ce courant en faveur d'un impact
négatif des inégalités sur la croissance existe un autre
suggérant l'existence d'une relation positive entre les
inégalités et la croissance. On peut notamment citer
l'hypothèse de Kaldor selon laquelle la propension marginale des riches
est plus importante que celle des pauvres. Alors, si le taux d'investissement
est positivement corrélé au taux d'épargne et la
croissance positivement corrélée à l'investissement, une
économie plus inégale est censée croître plus vite.
Mirrless (1971) se fondant sur des considérations d'incitations soutient
que des salaires constants et indépendants des résultats obtenus
découragent tout effort de la part des travailleurs alors que
l'indexation des salaires sur la production finale augmente leurs incitations
et maximise la production de toute l'économie.
L'effet positif des inégalités sur la croissance
est aussi suggérée par Forbes (2000) qui à partir d'une
estimation sur données de panel conclut que « dans le court et le
moyen terme, une augmentation du niveau des inégalités des
revenus dans un pays a une forte corrélation avec la croissance
économique subséquente». A cette même conclusion
aboutit Barro (2000), mais pour qui la relation positive n'existe que dans le
cas des pays développés.
Par ailleurs MUNLEVO, dans son articule sur le pétrole,
dette et pauvreté au Congo Brazzaville montre l'existence d'une relation
de long terme entre la production du pétrole et la
pauvreté mais ladite relation est inverse entre les deux variables.
Ce qui lui permet de montre que la production du pétrole a un effet
négatif sur la pauvreté.
Pour nous, il y a une relation inverse unidirectionnelle entre
l'IDH et la dette publique dans le cadre de notre travail portant sur le
cuivre, la dette extérieure et la pauvreté en R.D.C.Ceci montre
que toute augmentation de la dette participe à la
détérioration du bien-être de la population en aggravant le
niveau de pauvreté.
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