Pétrole et jeu des acteurs dans la fabrication des politiques publiques des hydrocarbures au Cameroun.( Télécharger le fichier original )par Yves Patrick MBANGUE NKOMBA Université de Yaoundé II (SOA) - Diplôme d'études approfondies en science politique 2006 |
SECTION 2 : INCIDENCES DU RÉSEAU : PRODUCTION D'UN NOUVEL ORDRE POLITIQUE PLURALISTELa construction des réseaux dans le secteur pétrolier au Cameroun est une réalité à cause même de la complexité46(*) et de l'enjeu dont soulève le pétrole. Cette construction a tout de même une influence particulière sur le système global de gestion. Ce que l'on pourrait qualifier de productions nouvelles d'ordre politique dans le secteur issu de l'impact de ces réseaux. Ainsi dégager les incidences du réseau comme production d'un ordre politique et cadre de fabrication des politiques publiques des hydrocarbures passe par l'analyse de la fixation d'un socle cognitif de la politique publique des hydrocarbures (Paragraphe I) et aussi par le rassemblement de plusieurs acteurs (Paragraphe II). Paragraphe I : Fixation du socle structurel de la politique publique des hydrocarburesSi la raison d'être d'un groupe mise à part est d'expliquer sa connaissance cela voudrait dire qu'il y a un mode de structuration de groupe, un discours, un langage et même un mode de réflexion particulière à celui-ci ; aussi à notre avis, les éléments les plus pertinents en terme d'effets du réseau dans le secteur pétrolier de celui-ci ; il s'agira donc d'analyser la fixation du socle cognitif par la production du langage et du discours à travers la transparence (A) et la bonne gouvernance (B). A- La transparence.La transparence est un mot relevant du registre de la physique ou plus précisément de l'optique emprunté par la science économique contemporaine, en s'opposant à l'opacité, elle permet nettement de distinguer les objets à travers son épaisseur (Essaga, 2008 : in enjeux n° 36, 2008 : 33). Dans la période contemporaine, le phénomène de mondialisation de l'économie qui fait émerger la notion de transparence à travers le jargon politico-économique, favorise le changement en terme de gestion dans les pays africains dont le Cameroun n'étant pas en reste. Ainsi la transparence implique l'imposition de rendre public ce que paient les compagnies pétrolières multinationales aux gouvernements et ce que ceux-ci dépensent par la suite. La responsabilité de gérer les ressources pétrolières de manière équitable et transparente incombe avant tout au gouvernement de mettre sur pied des outils de communication qui rendent compte d'une réelle volonté politique. Il faudrait donc analyser la dynamique de la transparence dans le secteur pétrolier au Cameroun à partir de l'émergence des publications sur les rentes pétrolières et le rôle de la SNH, (1) et l'adhésion du Cameroun à plusieurs organismes liés aux programmes de transparence des produits pétroliers (2). 1. Émergence des publications sur les rentes pétrolières et le rôle important ou décisif de la SNHS'il est vrai que le fondement de l'exigence de la transparence dans la gestion des ressources pétrolières naît du constat sans cesse affirmé et de manière récurrente par les pays occidentaux qu'il existe un paradoxe entre la quantité et la qualité des ressources pétrolières en Afrique et la croissance de la pauvreté dans les pays producteurs et exportateurs de pétrole africain, il faudrait tout de même faire la remarque qu'il existe aussi une volonté dans les Etats Africains et notamment le Cameroun, de rompre ou de conjurer ce sort ; c'est ainsi que par le biais de la SNH, l'État camerounais va prouver sa volonté en ceci que, déjà avant les années 2000 et plus précisément en 1994, la société Nationale des Hydrocarbures met sur pied un périodique d'information dénommé SNH infos news47(*) et dont les missions sont de rendre public l'information à un plus large public sur le fonctionnement de l'industrie pétrolière. Elle vise aussi à démystifier cette industrie incontestablement complexe, par l'explication de certaines notions à la limite compliqué ou aspects fondamentaux de l'industrie des hydrocarbures au Cameroun, en parlant de l'histoire, des hydrocarbures du mécanisme de commercialisation, les productions et les sites explorés, et même en étude d'exploration, des activités pétrolières, et système fiscal camerounais. Aussi la lecture sur le projet pipeline Tchad/Cameroun en terme de transparence se fait ressentir au regard de la mise sur pied de la lettre au CPSP, un organe d'information ayant une fonction de liaison, pour permettre à tous les intervenants de suivre régulièrement le projet ; aussi cette publication permet au public de suivre l'avancement des travaux et les dépenses effectuées, le premier numéro de ce mensuel paru au lendemain du début du projet présentait déjà la structure du comité de pilotage et de suivi du pipeline, renseignait sur les infrastructures à mener, l'organigramme du CPSP, la sécurité, les constructions sécurité et l'analyse socio-économique48(*). Si la communication du secteur pétrolier sur les ressources, vente, exploitation, exploration et commercialisation sur le plan national et local rendent compte de la transparence, le fait d'adhérer aux programmes mondiaux de transparence des produits pétroliers en est une autre preuve de la volonté de l'Etat camerounais. * 46 A cause de sa multifonctionnalité dont l'une des fonctions pour nous dans notre étude est un instrument du jeu politique et un enjeu pour les acteurs. * 47 Trimestrielle d'information de la Société National Hydrocarbure qui se veut être le journal de référence de l'information pétrolière. Par exemple nous avons le N 21 du Mois d'Aout 2006 qui donne des informations sur les revenus de Pipe Line Tchad/Cameroun et explique les transactions financières entre la SNH et Trésor Public. * 48 Source, lettre du CPSP, n°1, octobre 2001. |
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