Paragraphe II : L'institutionnalisation D'un
Processus : Quand Les Institutions Guident Les Acteurs
Si les institutions ne sont pas autoritaires, elles sont tout
de même facteur d'ordre puisqu'elles encadrent l'action des acteurs et la
rattachent à une cohérence globale portée par les
institutions politiques (Massardier 2003 :156).
Au Cameroun, le gouvernement prend le soin de contrôler
de manière cohérente l'action des activités
pétrolières en fonction de l'environnement sociopolitique
favorable. Ainsi, pour s'assurer d'une bonne police administrative dans
l'harmonisation de sa gestion au quotidien, l'Etat qui est au début de
tout le processus joue essentiellement son rôle régulateur en
faisant intervenir à partir d'une action coordonnée la
Présidence de la République comme une institution de conception
(A), la création des organismes Ad-hoc dans la gestion technique (B) ce
qui pourrait créer en fonction de la stabilité ou de
l'instabilité sociopolitique et socioéconomique, favoriser une
instabilité dans la configuration des Ministères
bénéficiaires (C).
A- La Présidence de la
République au Cameroun comme institution de conception.
La place du Président de la République au
Cameroun est clé dans la gestion du pétrole. La logique de cette
programmation des secteurs sensible ou même très sensible remonte
aux années 70 plus précisément en 1970 où
l'exploitation du pétrole se fait de manière officielle par la
bureaucratie centrale (1971-1973) dans la mesure ou il n'y a qu'une poignet de
personne dans l'appareil politico-administratif qui se voit investi dans une
large mesure le pouvoir de parler des affaires du secteur pétrolier.
Pour comprendre ce rôle prééminent de la Présidence
de la République dans le secteur pétrolier il faut comprendre le
contexte économique mondial de la période du début de
l'exploitation du pétrole au Cameroun. L'Etat place le salut de son
économie ou encore de sa politique économique entre les mains du
secteur agricole au point où, durant cette période on parle de
« l'Etat planteur » au Cameroun avec une nette
augmentation des cours mondiaux des produits primaires tels que le cacao et le
café et ceci entre 1975-1977. Parallèlement avec la hausse du
prix du pétrole après le premier choc pétrolier en 1973 et
le second en 1979, le pétrole au fil des années deviendra une
source privilégiée d'extraction du surplus dans l'économie
camerounaise tendant à prendre le relais sur l'agriculture. Dans cette
dialectique, la tradition est celle de garder discret et même presque
secret la totalité des comptes des revenus issus de l'exploitation de
l'or noir, l'Etat Camerounais à travers la Présidence de la
République va concevoir un vaste programme économique dont la
face visible sera uniquement l'agriculture et l'industrie, les recettes
pétrolière et le développement du secteur ne faisait pas
partie d'une programmation ouverte à tous. Seuls quelques grands
administrateurs très proches du Chef de l'Etat avaient mandat de dire un
mot sur la politique à mettre en oeuvre. Ceci pouvait être fait
soit par représentation du chef de l'Etat en nommant un Président
du conseil d'administration auprès des structures en chargé du
pétrole ou alors en créant des commissions Ad-hoc pour la gestion
technique des éventuels programmes au sein du secteur
pétrolier.
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