SECTION IV : L'OPTION POUR UN COMPLEXE METHODOLOGIQUE
DANS L'ANALYSE DE L'ACTION PUBLIQUE DE L'ENERGIE
La démarche est la clé de voûte d'une
étude scientifique : elle s'applique de manière
corrélationnelle à l'objet de recherche (simplifié ou
complexifié) et à une ou plusieurs méthodes (Bachelard
1984). La méthode doit permettre à toute science et même
toute connaissance d'explorer rationnellement son domaine, d'en repousser
éventuellement ses limites tout en étant d'ailleurs suffisamment
ouverte aux autres modes de connaissances et aux faits pour ne pas se
scléroser (Nezeys ; 1998 :3). De ce qui découle, et
compte tenu de la spécificité de l'objet à étudier,
la méthode qui constituera la règle du jeu tout au long de notre
travail sera nécessairement un complexe d'approche nous permettant de
cerner toutes les dimensions du phénomène du pétrole sur
la réalité politique des hydrocarbures.
Il s'agira donc dans cette section de parler d'approches
d'analyses des politiques publiques (A), de montrer l'apport de l'analyse
sociologique dans l'étude de l'action publique (B). Nous
énoncerons aussi ici le choix des techniques de recherches opté
pour mener à termes nos travaux (C) ainsi que notre plan (D).
A- Approches d'analyses des politiques publiques
Une politique publique est à la fois un construit
social et un construit de recherche (Muller, Surel, 1998 :14). Dans le
cadre du travail en même temps que nous essaierons de démontrer le
mécanisme de participation du secteur pétrolier dans la
construction des politiques publiques au Cameroun en faisant usage des
approches qui rendront compte de l'action publique en elle-même.
L'apport fondamental de notre travail pourrait venir de
l'analyse des politiques publiques en ce sens que celles-ci nous permettent de
voir pourquoi l'Etat intervient d'une part et de manière pratique,
mesurer l'efficacité et le sens de l'action publique d'autre part. Entre
ces deux logiques, il sera important de voir dans quelle mesure l'action
publique est-elle évolutive dans ce sens qu'il y a changement et
transformation des règles, du comportement des acteurs pour
l'harmonisation du secteur. Trois approches ont été retenues
dans ce cadre ; il s'agit de l'approche cognitive (1), du
Néo-institutionnalisme historique (2), et de l'approche
séquentielle des politiques publiques (3).
1- L'approche cognitive
Les travaux de Jobert et Muller (1987) sur l'approche
cognitive des politiques publiques nous ont fortement influencés. En
effet cette approche est un courant d'analyse qui nous permettra de saisir les
politiques publiques comme des matrices cognitives et normatives constituant
des systèmes de perception et d'interprétation d'interpellation
du réel dans le secteur pétrolier et au sein desquels les
différents acteurs publics et privés pourront inscrire leurs
actions (Muller, Surel, 1998 :47). Elle permet d'opérationnaliser
les valeurs générales dans un domaine, une politique
précise, un sous-système. Elle nous permettra de dresser des axes
d'actions souhaitables qui déterminent pour partie en interaction avec
le jeu d'intérêt et le poids des institutions les
stratégies des acteurs ; dans notre cas d'espèce, les
techniques et les méthodes employées vont fortement varier en
fonction du marché qui est le paradigme sur lequel nous nous appuyons.
L'existence d'une matrice cognitive et normative est par essence source de
"frontière" mais également à l'origine des modes
d'articulation de passage de ces "clôtures" qui permettront aux tenants
du marché, de se positionner par rapport à un ensemble plus
grand. Ici les frontières peuvent être les groupes
d'opérateurs, les organisations, ou même le sous-système.
Ainsi, l'approche cognitive dans le cadre des politiques publiques nous
permettra de mieux comprendre comment la ressource pétrolière
influence la manière dont la perception des différents acteurs
change aussi bien sur eux que sur les autres.
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