b). Betty Wampfler, Le financement de l'agriculture
familiale dans le contexte de libéralisation : Quelle contribution de la
micro finance ?
Capitalisant les leçons tirées d'un
séminaire tenu à Dakar du 21 au 24 janvier 2002, Betty note que
dans le contexte actuel de libéralisation des économies du Sud,
le manque d'accès au financement reste une contrainte majeure au
développement des agricultures familiales. Celles-ci ont besoin de
s'intensifier, de se moderniser, de
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financer l'innovation technique, organisationnelle,...leur
seule capacité d'auto financement ne suffit pas à financer cette
modernisation.
Aussi, la réduction de l'offre publique de financement
au secteur agricole n'est que faiblement compensée par celle de banques
qui restent peu présentes en milieu rural et concentrent leur offre sur
quelques secteurs sécurisés (cultures d'exportation, productions
irriguées.
Face à l'absence d'autres opérateurs, estime
l'auteur, la micro finance devient une alternative forte pour le financement
rural. D'où la nécessité d'améliorer sa
contribution au financement des agricultures familiales.
Pour y parvenir, les pistes suivantes ont été
préconisées :
· En amont, moderniser et sécuriser le secteur
agricole ;
· Renforcer le secteur de micro finance existant et appuyer
son extension ;
· Améliorer l'adaptation de l'offre à la
demande agricole et cela en : (1) améliorant l'adaptation du
crédit aux caractéristiques spécifiques du secteur
agricole ; (2) renforçant l'offre de crédit de moyen terme ; et
(3) innovant en matière d'offre d'épargne adaptée à
l'agriculture ;
· Améliorer la sécurisation du
crédit à l'agriculture ;
· Décloisonner le secteur de la micro finance et
renforcer son insertion dans le marché financier ;
· Renforcer le lien entre le secteur agricole et le
secteur de micro finance ;
· Améliorer la convergence des politiques
publiques pour qu'elles soient adaptées et appuyées : on pourra y
parvenir par : (1) la recherche de l'alliance entre IMF et les autres
organisations professionnelles agricoles ; (2) le renforcement des
capacités des différents acteurs, en particulier les agriculteurs
et les organisations pour qu'ils puissent prendre part active dans les
négociations ; (3) la prise en compte dans la définition des
politiques des acteurs privés ; (4) la redéfinition du rôle
de l'Etat.
c). Brigitte Klein & alii, Meilleures pratiques de
crédit agricole
Le manque d'accès au crédit formel et à
des services d'intermédiation financière complets freinent le
développement du secteur agricole et entravent les efforts fournis pour
réduire la pauvreté rurale.
Des initiatives ont été lancées pour
satisfaire à la demande de crédit rural notamment la reforme des
banques de développement agricole qui vise à leur permettre de
suivre le jeu des mécanismes du marché lorsqu'elles offrent des
services de crédit aux petits et moyens clients.
Simultanément, certaines institutions de
microfinancement tentent de transférer leurs techniques de micro
crédit urbain aux zones rurales.
Le groupe de Brigitte Klein a initié cette
étude à travers laquelle il a tiré des leçons de
terrain sur le crédit agricole à l'issu de l'analyse de trois
institutions de crédit agricole, à savoir : (1) la Bank for
Agriculture and agricultural co - operatives (BAAC) de Thaïlande; (2) la
Financiera Calpia' d'El Salvador ; et (3) les Cajas Municipales de Ahorro y
Crédito (CMAC) du Péru.
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De cette analyse, il a été
réalisé que les meilleures pratiques de crédit agricole
passent par une bonne gestion des coûts et risques du crédit
agricole.
Pour chaque type de coût et de risque le groupe a
préconisé des stratégies adéquates
conséquentes.
Pour ce qui est des coûts, les auteurs ont retenu ce qui
suit : - La dispersion de la clientèle rurale
Les stratégies préconisées sont : (1)
une structure décentralisée assure un taux élevé de
couverture des clients ; (2) la délégation du pouvoir du
prêt peut réduire considérablement les coûts de
gestion ; (3) un personnel de terrain qualifié, bien formé et
fortement motivé, renforce la productivité du crédit ; (4)
des procédures d'appréciations des prêts simplifiées
réduisent le temps nécessaire pour l'examen de la demande,
l'approbation et les déboursements relatifs ; (5) des contacts
étroits avec les organisations et les réseaux locaux permettant
d'obtenir des informations de gestion efficace fournissent des renseignements
valables.
- Le caractère saisonnier de l'agriculture
Les stratégies préconisées sont : (1) la
diversification du portefeuille des prêts ruraux sous l'angle de
localisation des clients et du motif du prêt permet de répartir de
façon plus homogène la charge de travail du personnel.
- L'hétérogénéité de
l'agriculture
Les stratégies préconisées sont : (1)
des connaissances solides en matières d'agronomie, de gestion de
l'exploitation et de l'économie rurale sont indispensables pour une
appréciation des prêts ; (2) une évaluation réaliste
de la demande de prêt agricole est fondamentale pour bien planifier et
gérer un portefeuille de prêt.
Quant à ce qui est des risques, les auteurs notent :
- Les risques relatifs à la production, au marché
et au prix
Les stratégies préconisées sont : (1)
une évaluation des risques spécifiques aux différentes
activités de production agricole est essentielle pour déterminer
la vulnérabilité des prêteurs ; (2) l'appréciation
du prêt devrait comprendre une évaluation approfondie de la
capacité de remboursement de l'emprunteur et de sa solvabilité.
Il faudra aussi tenir compte des facteurs de risques extérieurs auxquels
est exposé la production agricole ; (3) la collaboration avec les
organisations qui connaissent bien les agriculteurs permet de diminuer le
coût des informations sur les clients et des risques courus par les
prêteurs agricoles.
- La gestion des risques du portefeuille de prêt
Les stratégies préconisées sont : (1) le
crédit agricole devrait commencer dans les zones de production qui
présentent le moins de risques, les opérations pourront ensuite
s'étendre progressivement à des zones à risque plus
élevé ; (2) des prêts
En guise de réponse, il préconise les
stratégies à prendre pour transformer radicalement l'agriculture
paysanne. Elles se résument en ces termes :
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individualisés et des calendriers de remboursement
établis en fonction des moyens de l'emprunteur réduisent le
risque de défaut de paiement ; (3) un portefeuille de prêt
diversifié protège les prêteurs agricoles contre les
risques covariantes ; (4) les incitations motivent le personnel et accroissent
sa productivité en matière de prêts ; (5) une
étroite surveillance des marchés et la connaissance des risques
de crédit sont essentiels pour les prêteurs agricoles.
- Le risque de type « aléa moral » dans des
milieux de crédit déformé.
Les stratégies préconisées sont : (1)
les emprunteurs devraient recevoir des informations claires sur les
modalités financières des prêts et l'obligation de les
rembourser ; (2) la signature conjointe des contrats des prêts et
persuasion morale sont des moyens efficaces pour renforcer la discipline du
crédit ; (3) les contacts étroits entre le prêteur et
l'emprunteur instaurent un climat de confiance mutuelle qui améliore la
discipline du crédit.
- Le risque découlant de l'évolution des
politiques nationales et internationales
Les stratégies préconisées sont : (1)
les institutions de crédit agricole devraient être libre de toute
interférence politique dans leur gestion journalière ; (2) dans
le cadre de leur stratégie de gestion des risques, les prêteurs
agricoles sont tenus de surveiller les changements intervenant dans les
politiques et les marchés qui influencent leur clientèle agricole
; (3) les garanties substitutives remplacent les garanties conventionnelles et
peuvent représenter d'importantes incitations au remboursement des
prêts.
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