0.5. CADRE THEORIQUE DU TRAVAIL
ELIZABETH COFFEY (AFR N° 2, juin 1998) note que depuis
le début des années 1950, des gouvernements et des bailleurs de
fonds ont destinés d'importants montants aux programmes de crédit
agricole. La Banque Mondiale, à elle seule, a affecté plus de 16
milliards de dollars américains à ces efforts entre le milieu des
années 1950 et la fin des années 1980.
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Dans plusieurs pays, les programmes de crédit agricole
ciblés, induits par l'offre, représentaient l'outil dominant
utilisé pour stimuler le développement agricole pendant les trois
décennies qui ont précédé les années
1990.
Il était estimé que de nombreux agriculteurs se
heurtaient à des problèmes de liquidité qui limitaient
leur capacité de réaliser les investissements agricoles et
d'utiliser davantage des intrants modernes.
Il était outre supposé que la plupart des
agriculteurs étaient trop pauvres pour constituer des épargnes,
que les marchés formels étaient dominés par les
prêteurs d'argent monopolistes qui imposaient des taux
d'intérêt usuraires et que les banques commerciales étaient
trop prudentes pour prêter à la plupart des agriculteurs.
Sur base de ces hypothèses, des gouvernements et des
bailleurs de fonds ont mis au point et financé dans le monde entier un
grand nombre de programmes de crédit ciblé qui se proposaient de
résoudre tous ces problèmes. Ces initiatives étaient dans
l'ensemble, fortement subventionnées, les prêts
bénéficiaient des taux d'intérêt réduits ou
le non - remboursement des emprunts était toléré.
Les changements survenus dans les priorités politiques
et les préférences des bailleurs de fonds ont souvent
déterminé des changements marqués dans les rôles
assignés aux marchés financiers ruraux. Parfois l'accent
était mis sur la production et les investissements agricoles alors que,
dans d'autres cas la réduction de la pauvreté, le
rétablissement de la paix dans les pays ou le secours d'urgence en cas
de catastrophes.
Le présent travail trouve son fondement
théorique dans l'hypothèse selon laquelle les agriculteurs se
heurtent à des problèmes de liquidité qui limitent leurs
capacités de réaliser des investissements agricoles et d'utiliser
davantage des intrants modernes.
En abordant ainsi la question de financement du secteur
agricole dans la province du Sud Kivu, il s'agira spécifiquement
d'évaluer le flux monétaire alloué au secteur agricole
dans cette province compte tenu des potentialités qu'elle regorge, des
perturbation d'ordre sécuritaire, phytopathologique et climatique
qu'elle a connu (ou du moins connaît) ; et la présence des acteurs
financiers dans la province.
Pour asseoir l'originalité de notre travail, nous nous
sommes intéressés aux travaux de nos prédécesseurs
qui ont eu à aborder la question du financement du secteur agricole. Il
s'agit entre autres :
a). Zonon Abdoulaye et Kazianga Harouna, «
Problématique de financement du secteur agricole pour un
développement durable. »
Préoccupé par l'attention accordé au
secteur agricole en terme de financement compte tenu de la place
prépondérante qu'elle occupe dans les pays du Sahel en terme
d'occupation de la population active, des recettes d'exploitation (60 à
80%) qu'elle génère et du fait qu'elle représente environ
35% du PIB de la sous région (du Sahel), le CILSS s'est résolu
d'initier cette étude qui lui a permis de comprendre davantage la
problématique que pose le financement du secteur agricole.
Ainsi, le CILSS a constaté que :
- Le paysage des institutions financières des pays du
Sahel en faveur du secteur agricole est caractérisé par 3
systèmes à savoir : (1) le système
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bancaire ; (2) le système financier
décentralisé comptant les institutions d'épargne et de
crédit, et les projets à volet crédit ; et (3) le
système informel de crédits au sein desquels se classes les
tontines, les banquiers, les ambulants et les gardes monnaies.
- Le secteur agricole de plusieurs pays du Sahel reste
majoritairement financé par les banques commerciales bien que l'offre
consacrée à l'agriculture soit faible et à court terme
(1,7 milliards de FCFA contre 770.000.000 pour le moyen terme et seulement
1.000.000 FCFA pour le long terme). Le secteur agricole bénéficie
de seulement 14% de l'offre globale de crédit (soit environs 250
millions de FCFA). Les banques commerciales pourvoient à l'essentiel de
cette offre (92%), très loin devant les banques de développement
(5%) et les systèmes financiers décentralisés (3%).
- Il existe une inadéquation des circuits financiers
classiques pour le financement de l'agriculture. Cette inadéquation se
justifie par les faits suivants : le coût élevé des
transactions bancaires, l'absence d'un marché de risque et
l'asymétrie d'information, et les attitudes des paysans face au
crédit (don ou crédit).
- Les systèmes financiers décentralisés
revêtent une importance capitale suite : à leur reconnaissance
juridique, à leur reconnaissance internationale, à l'affluence
massive des populations vers eux, à leur performances ainsi qu'à
l'existence de toute une gamme théorique en leur faveur.
Cependant, la faiblesse des transactions financières,
la faiblesse des relations entre systèmes financiers
décentralisés et circuits bancaires, l'exclusion des pauvres, la
faible diversification des produits financiers, la crise de croissance, la
reforme agraire et le problème de la garantie de crédit, et en
fin le faible niveau d'organisation des clients sont autant des facteurs
limitant pour les systèmes financiers décentralisés
(SFD).
Face à ce tableau, le CILSS a préconisé
le renforcement des actions de SFD comme solution à cette
problématique de financement du secteur agricole.
Pour y parvenir, des stratégies ci-dessous ont
été préconisées :
- La diversification des produits du SFD, tout en veillant sur
les instruments
financiers adaptés à l'agriculture et cela pour le
moyen et le long termes ; - L'octroi/acceptation des titres fonciers comme
garantie ;
- La garantie internationale pour combler le manque des
ressources financières de SFD ;
- Le renforcement des audits des SFD pour éviter tout
risque de mauvaise gestion ;
- La formation adéquate des
bénéficiaires afin de leur permettre de monter des projets
bancables.
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