2-2-1-3. La demande d'éducation comme produit
des politiques publiques
Chaque pays possède son système éducatif
qui a des caractères propres et qui traduit un ensemble de choix
politiques généralement très durables. De ce point de vue,
l'offre précède la demande et dans une certaine mesure la
conditionne, le modèle, la suscite ou la limite. Mais il reste des
marges de liberté, l'interaction entre offre et demande est
évidente. La structure des systèmes éducatifs
dépend principalement de choix politiques qui sont largement
irréversibles et ne sont pas substantiellement modifiés par les
changements de majorité politique. C'est ce qui explique que chaque pays
présente un système caractéristique dont les traits
essentiels demeurent reconnaissables (Vincens, 2000). Les changements
s'inscrivent le plus souvent dans cette continuité nationale et il
suffit quelquefois de modifier légèrement les règles pour
provoquer des effets considérables : en Italie par exemple,
l'unification de la formation obligatoire au début des années
soixante et l'ouverture plus large de l'enseignement supérieur aux
diplômés des nombreux instituts techniques et professionnels ont
permis l'élévation de la scolarisation. Celle-ci n'a pas
été le résultat d'une réponse passive des familles
et des jeunes, suivant docilement les injonctions de l'Etat en matière
éducative. Pour s'en convaincre, il faut distinguer les deux aspects de
tout système éducatif, son architecture arborescente d'une part
et la répartition quantitative du flux d'élèves dans les
diverses « canalisations » proposée par l'architecture d'autre
part.
Rédigé par : Issakou SALIFOU
& Alexandre Ayéditin YESSOUFOU
Page 20
Les déterminants individuels et familiaux de la non
scolarisation des enfants de 6-11 ans au Bénin
L'Etat construit l'architecture du système,
c'est-à-dire les différentes filières et leur
articulation, la durée des cursus, les conditions
générales d'admission et les contenus des enseignements, selon
des modalités le plus souvent complexes et dans certains cas en liaison
avec les entreprises. La demande a généralement peu d'influence
directe sur cette construction. La répartition du flux
d'élèves dans les différentes voies ouvertes dépend
des moyens matériels accordés à chacune et là aussi
les Pouvoirs Publics peuvent prendre l'essentiel des décisions.
Notamment ils peuvent fixer la proportion de la génération
pouvant suivre (ou devant suivre) tel type de formation. Selon Vincens (2000),
vers 1960, époque où une proportion encore forte de jeunes ne
dépassait pas la scolarité obligatoire dans certains pays
d'Europe, un tel système de politique éducative pouvait aboutir
à des rationnements simples : une partie des jeunes qui auraient voulu
poursuivre des études se trouvaient rejetés sur le marché
du travail. Plus tard, la notion de rationnement global a souvent laissé
la place à des rationnements localisés, accompagnés de
places libres dans d'autres cursus. Autrement dit le nombre total de places
était suffisant, mais un désajustement entre l'offre et la
demande existait. C'est ici que l'influence de la demande apparaît.
|