3 Conclusion
*
Nous savons, que chez l'enfant malade, l'inquiétude et
l'angoisse éludent le
*
temporel et placent les préoccupations existentielles au
premier plan. Le sentiment
de sécurité recouvré, il tente de chasser
le vécu par le recours à l'affectif, au relationnel, au jeu, et
moyens d'expression. Face à la mort, il cherche à se
«leurrer» par l'usage des mêmes diversions puis se
dépassant il ose entrevoir l'existence authentique (au
sens d'Heidegger).
Les motivations existentielle et temporelle exprimées
par les enfants sont ordonnatrices du comportement de l'enseignant, apte
à déceler tout symptôme révélateur de crise.
Les préoccupations temporelles scolaires s'épanouissent dans tout
projet de vie favorisé par l'ipséité, dans un
environnement riche permettant de faire valoir l'affectif, et d'user du
cognitif.
La normalité reste le fil conducteur de la mise en
projet, par des moyens ordinaires
85
mais ciblés sur l'écoute empathique, et la mise en
mots de la souffrance . La simplici-
té d'une telle relation d'échange met en oeuvre un
principe inter-culturel valorisant: Accepter de recevoir est un projet
qui s'ouvre sur la possibilité de donner.
La posture métacognitive n'est qu'un outil
pédagogique, visant à comprendre et à reconstruire le lien
social, c'est à dire la normalité (afin de sortir de la norme
alitée...).
1 L'école à l'hôpital
répond-elle à la demande institutionnelle (volonté des
parents) la problématique, est satisfaite à condition que le
temps pédagogique:
- garantisse la continuité scolaire,
- prenne en compte la souffrance de l'enfant malade.
La mesure du temps pédagogique nous permet d'affirmer que
la continuité scolaire
est assurée par:
a) l'application de normes pédagogiques au travers:
- du contenu scolaire orienté vers les activités
fondamentales, - du temps imparti à ces activités fondamentales,
la continuité étant confortée par la participation de
l'école d'origine.
b) la prise en compte de la souffrance de l'enfant,
assurée grâce :
- à l'écoute empathique,
- à la programmation d'activités
complémentaires (sociales, ludiques, artistiques)
celles-ci permettant de répondre au besoin de sécurité de
l'enfant malade.
85 Technique de «distanciation» par la
verbalisation : les maux sont mis en mots, (voir l'annexe)
43
2° L'école satisfait-elle aux besoins
des enfants ?
Les motivations des enfants qui se rendent
à l'école, confirment que cette dernière
*
contribue à décharger l'angoisse qui les habite.
Ils revendiquent également l'intérêt
porté aux activités cognitives. Aussi pouvons nous
écrire qu'il y a convergence de vues et d'intérêts entre
chacun des acteurs : l'enfant, ses parents et la société.
L'école satisfait aux besoins des enfants:
Tableau de correspondances
|
Critères de motivation
|
Besoins
|
Projet d'école
|
Etat de santé
|
Chasser le douloureux Oublier la maladie
|
Préserver l'ipséité par la mise en
mots de l'angoisse et de la douleur. Informer et éduquer à
la santé
|
Affectif
|
Etablir des relations affectives et sociales
|
Créer des liens, socialiser
|
Dérivatif
|
Oublier en s'occupant
|
Activités créatives et sociales
|
Cognitif
|
Apprendre et comprendre
|
Projets individualisés
|
· L'école, norme sociale ou «
repère environnemental », sécurise l'enfant en lui
donnant le statut d'élève, cette reconnaissance lui permet de
reconstituer les liens qu'il entretenait avec ses pairs et les acteurs sociaux
avant l'hospitalisation. C'est la volonté majeure émise par le
jeune tétraplégique témoin de notre enquête.
*
· L'écoute empathique de l'enseignant, durant le
temps conversationnel , per-
met le passage de l'enfant-patient à
l'enfant-élève. Le dialogue instaure une relation où
l'élève est reconnu comme interlocuteur et sujet. Le statut
d'élève réapproprié, il s'im-pliquera pleinement
dans son travail scolaire.
· L'enfant est en demande, l'enseignant y pourvoit,
autant par l'éducation qu'il donne que par la matière qu'il
enseigne. Éducateurs et soignants, doivent répondre aux
87
interrogations, par la coopération 86 et le partage de
l'information permettant de ne
*
point ignorer la manifestation d'une crise existentielle .
L'objectif est l'intérêt de l'enfant ses
intérêts convergent avec ceux des parents.
Recommandation : Il est nécessaire de déceler
le sentiment d'angoisse chez un enfant malade. Les manifestations physiques
(palpitations, douleur, pâleur,
étouffement, insomnie... du ressort de la
médecine) sont aussi accompagnées d'impressions
particulières comme la perte d'identité, ou de la
réalité, l'enfant n'est plus ouvert à l'entourage.
La crise cède avec le dialogue confiant, patient et
empathique c'est à dire le soutien émotionnel. Alors l'enseignant
pourra dispenser un soutien cognitif en direction d'un
88
nouvel équilibre tel que le préconise D.E.
Jacobson dans la gestion du stress.
86 Voir les difficultés rencontrées par les
enfants malades intégrés dans des écoles classiques,
p.11.
87 Du secret médical à la confidentialité,
annexe 3.
88 Manderscheid J.C., Éducation à la
santé, op.cit. p. 117.
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