Répartition des 305 formulations
->
8% 17% 30% 46% 59
Commentaire:L'ordre des phrases plébiscitées
par les élèves met en évidence
les raisons pour lesquelles ils viennent à l'école
de l'hôpital: «pour apprendre, pour travailler». Nous
pensons devoir moduler notre interprétation en rappelant que les enfants
ont pour une part, au moins répondu en fonction de la structure dans
laquelle ils sont plongés : Société-
École-hôpital - École.
« L'homme n'est pas maître de lui-même,
il est agi par des structures» L. Althusser.
69
Une dénégation peut être formulée
à l'égard d'Althusser en référence à B.
Charlot qui
69 Charlot B., Du rapport au savoir, Anthropos, Paris,
2002, p. 102.
36
précise que les savoirs sont intégrés dans
une dynamique prenant en compte, le psychisme de l'individu, sa famille, sa
culture et ses motivations ; nous n'avons considéré
*70
que ces dernières. Elles tentent de résoudre un
problème existentiel source de souf-
france amplifié par l'ennui. Les implications d'ordre
cognitif (46% ; 139 réponses), dérivatif-ludique (30% ; 90
réponses), affectif-relationnel (17% ; 53 réponses), permettent
de reléguer au second plan l'état de patient et d'éluder
la maladie (8% ; 23 réponses).
Les préoccupations personnelles conditionnent les
réponses des élèves :
· L'Etat du malade est peu abordé : 8% des
réponses, soit une atténuation de la sollicitation de 9 % -
l'enfant se sent en sécurité, il ne souffre plus,
- l'école le met à distance de l'environnement
hospitalier représentatif de
*
douleur et d'angoisse ,
- l'école permet d'oublier.
· Motivations affectives et relationnelles (17% des
réponses, avec réplique de la sollicitation) L'empathie *
naturelle pousse les anciens à veiller sur les petits, l'entraide est de
mise, le contact avec les pairs rassure et réconforte. Cette relative
désaffection lue dans les réponses des plus jeunes résulte
peut-être d'une difficulté à exprimer une notion trop
abstraite. La sollicitation est totalement reprise par les élèves
ce qui traduit la nécessité de créer des liens. Ce besoin
basique de socialisation, bien exprimé par les collégiens
(préfaisabilité), ne sera évoqué que par les filles
de CM2 en fin d'année scolaire.
· Les motivations d'ordre dérivatif (30% des
réponses, avec atténuation de la sollicitation de 7%) Elles sont
superposables à toutes les autres et arrivent en 3e et 4e position.
L'ennui est une menace permanente s'estompant dans l'action,
- la télévision ne produit pas d'action
personnelle et favorise la morosité
- l'imaginaire dans le jeu, la lecture, le dessin permettent
de se réaliser et d'agir (le travail scolaire est à cet
égard un excellent dérivatif : voir l'avis du jeune
tétraplégique).
· Motivations d'ordre cognitif (46% des
réponses, soit une amplification de la sollicitation de 16%) elles
prédominent tandis que le dérivatif et l'affectif sont en
filigrane (associations A-C et D-C)
- faire plaisir à la maîtresse, imiter les
copains... c'est être dans la norme,
- l'appétit de vivre va de pair avec le rapport au
savoir: sur les 7 premières réponses 5 sont cognitives, elles
expriment cette connivence de façon intrinsèque :
« Pour apprendre ... , pour travailler ... , parce
que j'aime l'école ... , pour être un bon élève
...»
Elles montrent que l'enfant malade, est acteur de son propre
cheminement, la pulsion qui l'anime dans le rapport au savoir, traduit
l'instinct de vie, ou de survie.
- les motivations « pour apprendre » &
« pour travailler » sont les réponses
«Normales» correspondant au monde «Institutionnel» d'un
enfant qui assume son statut d'écolier.
Il en connaît les règles, s'accorde des exigences,
pratique la réciprocité du don (au sens de
71
M. Mauss : l'enfant peut rendre à la
société, car elle lui a déjà donné).
Les motivations sont des forces qui visent à
satisfaire un besoin.
70 Nous serons amené à parler de crise
existentielle.
71 Mauss M., Essai sur le don, dans La sociologie,
Larousse, Paris, 1994, p.355-379.