II.1.3.1. La végétalisation
La technique de végétalisation des
diguettes anti-érosives consiste à réaliser des
plantations ou de semis direct de végétaux herbacés ou
ligneux dans une zone déjà traitée, le long des ouvrages,
afin de les protéger. Les principaux types de
végétalisation sont réalisés soit à l'aide
de graminées, de légumineuse pérennes, ou enfin d'arbres
et d'arbustes.
La végétalisation à l'aide
d'herbacées est fortement recommandée sur des sites qui ont
déjà bénéficié d'aménagement
anti-érosifs en particulier les cordons en pierre ou en terre. Les
principales espèces utilisées par les paysans sont :
Andropogon gayanus31 (cf. planche photographique n°
11, photos n° 1 page 99), Andropogon sanguinaris, Andropogon
ascinodis, Pennsetum pedicelatum, Pennisetum purpureum
et le Cenchrus ciliaris, Cenchrus biflours.
31 Andropogon gayanus est l'herbacée la
plus utilisée dans la zone. C'est l'espèce que les paysans
plantent plus compte tenu de ses multiples usages (nattes,
toit...).
98
La végétalisation à l'aide
d'arbres et d'arbustes se fait tout le long des diguettes (cf. planche
photographique n° 11, photo n° 2 page 99), en général
en amont de l'ouvrage pour renforcer le dispositif et éviter du
même coup le colmatage.
Le choix des espèces à planter
dépend en grande partie des besoins des populations mais aussi des
espèces techniquement adaptées. La diversification de ces
espèces est toutefois conseillée pour procurer aux
bénéficiaires une plus grande variété des produits
utiles. Les espèces déjà testées et qui sont
couramment utilisées par les populations pour leur utilité en
fruits sont : Faidherbia albida, Anacardium occidentalis,
Balanites aegyptiaca, Bauhinia rufescens, Leuceana
leucocephala, Parkinsonia aculeata, Prosopis juliflora
et Ziziphus mauritiana.
La végétalisation ligneuse et /ou
herbacée est très répandue dans la zone surtout dans la
région du Nord (Passoré, Zondoma, Yatenga, Loroum). Les paysans
l'apprécient parce qu'elle diminue la vitesse du ruissellement et
partant l'érosion hydrique et enrichit le parc
agroforestier.
II.1.3.2. Les bandes enherbées
Ce sont des bandes constituées
d'herbacées, installées suivant les courbes de niveau dans les
champs, seules ou en amont d'ouvrages anti-érosifs comme les cordons
pierreux ou les diguettes en terre. Les herbes pérennes sont
préférées parce que leurs systèmes racinaires
peuvent rester au sol toute l'année. L'espèce Andropogon
gayanus est la plus répandue. Sa paille est très
recherchée, notamment pour confectionner des nattes, des toitures et
pour servir d'aliment de bétail. D'autres espèces comme
Stylosanthes hamata, Bracharia ruziziensis, Pennisetum
pedicellatum, Pennisetum purpureum sont également
utilisées.
Les bandes d'Andropogon gayanus, qu'on
observe souvent, matérialisent les limites des champs dans la zone, tout
en servant d'ouvrages anti-érosifs (cf. planche photographique n°
12, photo n° 1 page 101). En effet, elles permettent de freiner les eaux
de ruissellement et de favoriser leur infiltration. Elles jouent le rôle
de filtre et favorisent ainsi le dépôt de sédiments
provenant de l'amont de la bande. Selon LAVIGNE-DELVILLE (1996), le maintien ou
le semis des bandes le long des courbes de niveau a normalement un impact sur
le ruissellement et l'érosion comparable à celui des cordons
pierreux.
Cependant leur efficacité est fonction de leur
largeur, de l'importance du ruissellement et des espèces constituant la
bande (BENOIT et PASTOR, 1997). En général, on recommande des
bandes de 3 m de long, tous les 50 m. Les dégâts causés par
les animaux ainsi que l'emprise superficiel au sol sont les deux principaux
facteurs limitant du développement des bandes herbeuses, qui
constitueraient sans nul doute une bonne réponse biologique à
l'érosion et peut être une annonce de production de
fourrage.
99
Planche photographique n° 11 :
Végétalisation
Photo n° 1 : Végétalisation de cordon
pierreux avec Andropogon gayanus à Tougou /
Namissiguima
Rabdo, A. Mars 2007.
Après la réalisation du cordon pierreux,
les paysans renforcent l'aménagement avec des herbacées telles
que Andropogon gayanus,...
Photo n° 2 : Végétalisation à
l'aide d'arbres et d'arbustes à Boursouma / Oula
Rabdo, A. Mars 2007.
Le renforcement de la capacité du cordon se
fait également avec des arbres. Les paysans plantent des arbres au abord
des cordons pour les rendrent plus performante.
100
Les paysans sont conscients du rôle que joue la
végétation ligneuse dans la lutte contre l'érosion. En
effet, 78 % des personnes enquêtées plantent des arbres, soit dans
leurs champs, soit à proximité de leurs habitations. Tandis que
21,3 % ne plantent pas d'arbres, parce qu'ils ne sont pas d'une part,
propriétaires de la parcelles qu'ils exploitent, et d'autres part, parce
qu'ils n'ont pas d'argent pour acheter les plantes.
Avec l'appui des structures techniques, la grande
majorité de la population pratique le reboisement. L'enquête
réalisée révèle que 28,7 % des paysans ont
planté des arbres dont l'effectif est compris entre un à dix
plants. Les effectifs de dix à vingt plants sont de l'ordre de 22,7 % et
de quarante à cinquante plants de 22 %. Cependant, 22 % d'entre eux
n'ont pas planté d'arbres au cours de l'année 2005$2006 (cf.
tableau n° 15).
Les espèces utilisées sont souvent
issues des pépinières villageoises mises en place par les
différents Projets et Programme de développement. Les principales
espèces utilisées sont: Azadirachta india,
Eucalyptus camaldulensis, Acacia senegal, Acacia
nilotica, Faidherbia albida, Acacia macrostachya,
Leuceana leucocephala, Ziziphus mauritiana, Parkia
biglobosa, Parkinsonia aculeata, Bauhinia rufescens,
Mangifera indica, Prosopis juliflora, Adansonia
digitata, Sterticulia setigera, etc. Les essences
différentes sont souvent plantées sur la même
parcelle.
Le problème majeur du reboisement se situe au
niveau de la faiblesse ou de l'absence de protection contre les animaux. En
saison sèche, aucune organisation n'est prévue pour leur
entretien (cf. planche photographique n° 12, photo n° 2 page
101).
Tableau n° 15 : Nombre d'arbres plantés par
les paysans
Province
Nombre de plants
|
Loroum
|
Passoré
|
Sourou
|
Yatenga
|
Zondoma
|
Total
|
Pourcentage (%)
|
Aucun
|
2
|
2
|
10
|
7
|
12
|
33
|
22,0
|
1 à 10
|
3
|
3
|
4
|
27
|
6
|
43
|
28,7
|
10 à 20
|
5
|
10
|
3
|
12
|
4
|
34
|
22,7
|
20 à 30
|
|
|
|
2
|
3
|
5
|
3,3
|
30 à 40
|
|
|
|
1
|
1
|
2
|
1,3
|
40 à 50
|
5
|
|
3
|
16
|
9
|
33
|
22,0
|
Total
|
15
|
15
|
20
|
65
|
35
|
150
|
100,0
|
Source : Rabdo, A. Résultat des enquêtes -
mars à avril/2007. 0 : aucun arbre planté ; Nbre plant : nombre
de plant.
101
Planche photographique n° 12 : Bande enherbée
et reboisement protégé Photo n° 1 : Bandes enherbées
à Andropogon gagnanus à Ansolma /
Namissiguima
Rabdo, A. Mars 2007.
Dans presque toute la zone d'étude, les paysans
plantent ou préservent les bandes enherbées, pour limiter les
champs ou pour lutter contre le ruissellement sur les parcelles de
culture.
Photo n° 2 : Reboisement protégé
à Lankoué / Sourou
Rabdo, A. Mars 2007.
Sur cette photographie, on observe un reboisement
protégé par un enclos en bois. Cela signifie qu'il
s'agit d'une zone privée dont l'accès et
les défrichements sont interdits.
102
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