I.2. Les méthodes biologiques
Il s'agit de l'ensemble des mesures utilisant du
matériel végétal ou organique en vue de faire face
à l'érosion des terres cultivables.
I.2.1. La jachère
La jachère est une technique traditionnelle de
restauration des sols. Elle consiste à suspendre toute forme
d'exploitation de la parcelle durant plusieurs années, pour permettre la
reconstitution de la fertilité du sol.
Dans les systèmes traditionnels, la pratique de
la jachère reste la seule technique de régulation et de
stabilisation des milieux constamment perturbés par l'homme. Le temps de
repos nécessaire à la reconstitution du potentiel physique,
chimique et biologique des écosystèmes est empiriquement
déterminé par le paysan ; ce temps varie
généralement de 5 à 10 ans et plus, selon la région
climatique, la nature du sol et les cultures pratiquées.
Au besoin croissant de terres agricoles pour nourrir
une population sans cesse croissante, s'ajoute le problème de la
disponibilité en terre agricole. Le temps de jachère s'est vite
amenuisé. Dans certains cas, le temps de jachère a disparu pour
ne plus représenter que la seule période de la saison
sèche (7 à 9 mois), ce qui pose un réel problème de
conservation du potentiel de production des milieux et à terme, le
problème même de survie des populations de la zone.
I.2.2. Le paillage
Le paillage (cf. planche photographique n° 6,
photo n° 1 page 76), est une technique traditionnelle de conservation des
sols répandue sur la plaine centrale du Burkina Faso.
La technique consiste à couvrir le sol avec une
épaisseur de 2 cm d'herbe ou de paille sèche. Les paysans
procèdent à la fauche de l'herbe (Loudetia togoensis
notamment), qu'ils collectent sur les sols pauvres des collines
environnantes. Son usage possible comme fourrage s'arrête à la
floraison car des aiguilles19 se développent ensuite et
découragent le bétail de le consommer à ce stade.
Là où l'herbe n'est pas suffisante, certains producteurs
utilisent les feuilles sèches de différents arbres en
particulier, Acacia senegal ou Acacia nilotica.
L'avantage du paillage est également, dans
l'action des termites attirées. En effet, les termites creusent des
galeries dans les sols et à la surface en détruisant les
croûtes de battance. Grâce aux termites, la porosité et la
perméabilité du sol augmentent de façon
considérable.
Le paillage limite les risques d'encroûtement et
favorise considérablement l'infiltration, mais l'efficacité de
cette technique diminue lorsque le taux d'argile augmente (COLLINET et al.
1980). Dans cette région, peu de résidus de récolte
restent sur le champ après la récolte, car ils sont
utilisés pour l'alimentation du bétail ou comme source
d'énergie (93,3 % des personnes enquêtées ramassent les
tiges après les récoltes. La faible disponibilité en
paille et la distance de transport sont également des contraintes du
paillage.
19 Feuille rigide et aiguë des
conifères.
73
La demande en paille non seulement pour la confection
des toitures, d'objets artisanaux et l'alimentation du bétail mais aussi
comme bois de feu, est si primordiale que les résidus laissés
pour la protection des sols est difficile. Les feux de brousse qui
brûlent la paille et constituent un facteur limitant à son
utilisation.
Les formes de lutte traditionnelle dans la zone
d'étude sont dans l'ensemble éphémères et
très localisées dans leur réalisation ; les paysans ne
tiennent pas souvent compte des courbes de niveau. Si poser un tronc d'arbre ou
aligner quelques mètres de pierres peut paraître banal, l'acte est
cependant révélateur d'une prise de conscience et d'une
volonté de lutter contre le phénomène
érosif.
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