I.1.3. Le zaï
Selon Monsieur OUEDRAOGO Hamadé,
Ingénieur en Génie Rural au PDRD, «le zaï»
était un jeu des jeunes bergers (gardiens de troupeaux) qui veut dire
piller. Il consiste à creuser deux trous communicants par une galerie
souterraine. La terre retirée est remise dans le du trou. Ensuite,
évacuer la terre du trou le plus rapidement possible. Le premier
à avoir extrait le plus de terre hors du trou gagnait le jeu. (Les trous
sont reliés par une galerie).
Ces jeunes bergers après avoir fini leur jeu
s'en allaient et laissaient les trous sans les refermer. Après la saison
pluvieuse, et même quelque mois avant la vraie saison sèche, les
deux trous avaient toujours de la verdure et de l'humidité. C'est ce jeu
de bergers qui inspira le producteur de Gourga qui décida alors, d'en
faire plusieurs dans sa parcelle sur glacis en saison sèche et d'y
ajouter de la fumure organique, des grains de mil ou de sorgho18. Il
constata qu'après la saison pluvieuse, la production dans la parcelle
qui comportait les trous était nettement supérieure à
celle, des parcelles sans trous. Il prit alors l'engagement, la saison suivante
d'en faire sur toutes les parcelles qu'il exploitait. C'est donc à
partir de Gourga que le zaï s'est développé de village en
village dans le Yatenga jusqu'à son amélioration (zaï
amélioré).
Le zaï est une technique traditionnelle
réhabilitée au Yatenga entre 1982 et 1984, à la suite des
années de sécheresse. C'est une technique de
récupération des terrains encroûtés. Elle consiste
à creuser des trous de 20 à 40 cm de diamètre et de 10
à 15 cm de profondeur afin de recueillir les eaux de ruissellement et de
les laisser s'infiltrer. Le déblai des trous est déposé en
croissant vers l'aval pour capter les eaux de ruissellement. Le nombre de trous
par hectare dépend de leur espacement et varient souvent entre 12 000 et
15 000 (cf. planche photographique n° 5, photo n° 1 page 71). Le
zaï est surtout utilisé pour réhabiliter des sols
encroûtés et sablo-argileux que les mossis appellent «
zipellé » c'est-à-dire « clairière » ou
« terres dénudées ». Les trous de zaï sont
creusés pendant la saison sèche.
Pendant cette période, le zaï capte la
litière et les sables fins transportés par le vent. Les paysans
mettent eux-mêmes une poignée de fumier (environ 600 g/trou,
ZOUGMORE et al. 1993) dans les cuvettes, ce qui attire les termites qui
creusent des galeries et facilitent ainsi l'infiltration profonde des
eaux.
Les principales avantages du zaï sont : la
capture des eaux de ruissellement et de pluie, la préservation des
semences et de la matière organique, la concentration de la
fertilité et des eaux disponibles au début de la saison des
pluies, (cf. planche photographique n° 5, photo n° 2 page 71).
L'augmentation de la rugosité de la surface du sol permet de ralentir le
ruissellement, le vent, au ras du sol, de capter au fond des cuvettes des
débris organiques et les particules fines et de protéger les
plantules.
Le gros inconvénient de cette technique reste
cependant la difficulté de creuser les poquets. C'est une technique
à haute intensité de travail, qui pose des problèmes aux
familles disposant de peu de bras valides. L'autre inconvénient majeur
est l'installation de diguettes en association avec le zaï. L'expansion du
zaï peut être aussi limitée par la disponibilité du
fumier ou du compost. Aussi le manque de matériel (pioches) pousse
certains paysans à ne le réaliser que sur de petits
espaces.
18 Le paysan de Gourga avait augmenté
les dimensions des trous de 25 à 30 cm de diamètre et 15 à
20 cm de profondeur.
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Planche photographique n° 5 : Trous et champ de
zaï
Photo n° 1 : Trous de zaï avec cordon pierreux
et fumure organique sur une parcelle à Kiembara / Sourou
Rabdo, A. Mars 2007.
Sur cette prise de vue, on observe en premier plan, les
trous de zaï réalisé avant l'adjonction de la fumure
organique. En arrière plan, on perçoit les lignes de cordons
pierreux et des tas de fumier. Cette prise de vue montre un exemple type
d'association de technique.
Photo n° 2 : Champ de Zaï à Nioniongo /
Passoré
Rabdo, A. Août 2007.
Les trous de zaï sont toujours visible sur ce sol
encroûté. La technique du zaï est l'une des plus
prisée par les paysans qui la réalisent sur presque toute
l'étendu de leurs parcelles de culture.
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