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Inventaire des techniques de lutte anti érosive dans le degré carré de Ouahigouya au Burkina Faso

( Télécharger le fichier original )
par Abdoulaye RABDO
Université de Ouagadougou Burkina Faso - Maà®trise en géographie 2006
  

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I.1.3. Le zaï

Selon Monsieur OUEDRAOGO Hamadé, Ingénieur en Génie Rural au PDRD, «le zaï» était un jeu des jeunes bergers (gardiens de troupeaux) qui veut dire piller. Il consiste à creuser deux trous communicants par une galerie souterraine. La terre retirée est remise dans le du trou. Ensuite, évacuer la terre du trou le plus rapidement possible. Le premier à avoir extrait le plus de terre hors du trou gagnait le jeu. (Les trous sont reliés par une galerie).

Ces jeunes bergers après avoir fini leur jeu s'en allaient et laissaient les trous sans les refermer. Après la saison pluvieuse, et même quelque mois avant la vraie saison sèche, les deux trous avaient toujours de la verdure et de l'humidité. C'est ce jeu de bergers qui inspira le producteur de Gourga qui décida alors, d'en faire plusieurs dans sa parcelle sur glacis en saison sèche et d'y ajouter de la fumure organique, des grains de mil ou de sorgho18. Il constata qu'après la saison pluvieuse, la production dans la parcelle qui comportait les trous était nettement supérieure à celle, des parcelles sans trous. Il prit alors l'engagement, la saison suivante d'en faire sur toutes les parcelles qu'il exploitait. C'est donc à partir de Gourga que le zaï s'est développé de village en village dans le Yatenga jusqu'à son amélioration (zaï amélioré).

Le zaï est une technique traditionnelle réhabilitée au Yatenga entre 1982 et 1984, à la suite des années de sécheresse. C'est une technique de récupération des terrains encroûtés. Elle consiste à creuser des trous de 20 à 40 cm de diamètre et de 10 à 15 cm de profondeur afin de recueillir les eaux de ruissellement et de les laisser s'infiltrer. Le déblai des trous est déposé en croissant vers l'aval pour capter les eaux de ruissellement. Le nombre de trous par hectare dépend de leur espacement et varient souvent entre 12 000 et 15 000 (cf. planche photographique n° 5, photo n° 1 page 71). Le zaï est surtout utilisé pour réhabiliter des sols encroûtés et sablo-argileux que les mossis appellent « zipellé » c'est-à-dire « clairière » ou « terres dénudées ». Les trous de zaï sont creusés pendant la saison sèche.

Pendant cette période, le zaï capte la litière et les sables fins transportés par le vent. Les paysans mettent eux-mêmes une poignée de fumier (environ 600 g/trou, ZOUGMORE et al. 1993) dans les cuvettes, ce qui attire les termites qui creusent des galeries et facilitent ainsi l'infiltration profonde des eaux.

Les principales avantages du zaï sont : la capture des eaux de ruissellement et de pluie, la préservation des semences et de la matière organique, la concentration de la fertilité et des eaux disponibles au début de la saison des pluies, (cf. planche photographique n° 5, photo n° 2 page 71). L'augmentation de la rugosité de la surface du sol permet de ralentir le ruissellement, le vent, au ras du sol, de capter au fond des cuvettes des débris organiques et les particules fines et de protéger les plantules.

Le gros inconvénient de cette technique reste cependant la difficulté de creuser les poquets. C'est une technique à haute intensité de travail, qui pose des problèmes aux familles disposant de peu de bras valides. L'autre inconvénient majeur est l'installation de diguettes en association avec le zaï. L'expansion du zaï peut être aussi limitée par la disponibilité du fumier ou du compost. Aussi le manque de matériel (pioches) pousse certains paysans à ne le réaliser que sur de petits espaces.

18 Le paysan de Gourga avait augmenté les dimensions des trous de 25 à 30 cm de diamètre et 15 à 20 cm de profondeur.

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Planche photographique n° 5 : Trous et champ de zaï

Photo n° 1 : Trous de zaï avec cordon pierreux et fumure organique sur une parcelle à Kiembara / Sourou

Rabdo, A. Mars 2007.

Sur cette prise de vue, on observe en premier plan, les trous de zaï réalisé avant l'adjonction de la fumure organique. En arrière plan, on perçoit les lignes de cordons pierreux et des tas de fumier. Cette prise de vue montre un exemple type d'association de technique.

Photo n° 2 : Champ de Zaï à Nioniongo / Passoré

Rabdo, A. Août 2007.

Les trous de zaï sont toujours visible sur ce sol encroûté. La technique du zaï est l'une des plus prisée par les paysans qui la réalisent sur presque toute l'étendu de leurs parcelles de culture.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry