CONCLUSION PARTIELLE
Le paysan fait un lien étroit entre la
dégradation des terres et la production agricole. Ces critères de
classification s'articulent autour de l'impact du facteur de dégradation
sur la production agricole. On distingue trois critères de
classification paysanne en fonction de leur effet sur le niveau de production
:
- les facteurs considérés comme les plus
importants, sont ceux qui ont un effet immédiat sur le niveau de
production. L'insuffisance de la pluviométrie est
considérée comme un facteur déterminant de la production.
Une poche de sécheresse qui survient au nomment du semis ou de la
floraison, peu irrémédiablement compromettre la récolte
d'une année. Il en est de même de la baisse de la fertilité
des sols et de l'érosion ;
- les facteurs moyennement importants sont ceux qui
ont un effet indirect et ne compromettent pas systématiquement la
production. Il s'agit de la disparition des forêts, du manque de terres
cultivables, de la divagation des animaux ;
- les facteurs peu importants n'ont qu'un rapport
lointain et ne peuvent pas véritablement influencer la
production.
Les paysans de la zone d'étude ne pensent pas
que leurs méthodes culturales peuvent être parfois, les
catalyseurs de l'érosion sur les parcelles de cultures.
Du point de vue du paysan, la dégradation des
terres est climatique, physique, chimique et même biologique. Sur le plan
physique, le niveau des rendements des terres sans amendements constitue un
élément d'appréciation du phénomène. Ainsi,
au niveau de la zone d'étude, le terme « Ziiga saabgamè
» (le sol est devenu fade) dénote de cette perception chimique
quoique, le paysan ne dispose pas de méthodes d'évaluation des
éléments chimiques du sol.
Le paysan constate les processus et les
conséquences de l'érosion sur ses différentes parcelles.
Il perçoit donc les causes et les conséquences de cette
érosion sur sa production et partant, sur son rendement. Cela l'oblige
à adopter des mesures de conservations des eaux et des sols dans ses
parcelles de cultures, afin de pallier à ces différentes actions
de l'érosion sur sa parcelle.
DEUXIEME PARTIE:
LA LUTTE ANTI-EROSIVE
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CHAPITRE QUATRIEME : LES FORMES DE LUTTE
ANTI-EROSIVE
De nombreux auteurs17 ont
évoqué les stratégies de lutte contre l'érosion.
Selon ces auteurs, les stratégies de lutte contre l'érosion ont
évolué à partir des méthodes traditionnelles, vers
le concept de Gestion Conservatoire de l'Eau, de la biomasse et de la
fertilité des Sols.
Dans le degré carré de Ouahigouya, les
paysans procèdent à des aménagements de CES/AGF, pour
lutter contre l'érosion dans les champs. Il s'agit des techniques
mécaniques, biologiques, d'agroforesteries ou culturales. L'objectif
assigné à ces techniques d'aménagement est le
ralentissement, le stockage des eaux de ruissellement et de briser la force du
vent dans le cas des brises vent.
I - LES FORMES TRADITIONNELLES DE LUTTE
ANTI-EROSIVE
Les sols dans cette région sont très
sensibles à la battance et les pluies sont agressives. Les risques
d'érosion due au ruissellement sont importants. Les techniques
traditionnelles de lutte anti-érosive rencontrées dans la zone
peuvent être regroupées en deux grandes catégories : les
méthodes mécaniques et les méthodes
biologiques.
I.1. Les méthodes mécaniques I.1.1. Les
alignements de pierres
Il s'agit, d'alignements de blocs de moellons (environ
25 cm de diamètre) perpendiculaire au sens d'écoulement des eaux.
La largeur d'un alignement est fonction de la section du passage d'eau. Elle
est souvent de quelques mètres. On dénombre le plus souvent, deux
à trois alignements par champ. Lors des fortes pluies, sous l'action des
eaux de ruissellement, les blocs se déplacent souvent. Le paysan est
obligé de procéder à de perpétuelles
réfections.
Les alignements de pierre sont le plus souvent
pratiqués par les paysans qui n'appartiennent pas à une
organisation paysanne (18 % des personnes enquêtées). Les
alignements de pierres sont observés surtout dans les champs de brousse
où le problème du transport des blocs se pose. Le non respect des
courbes de niveaux dans sa réalisation entraîne fréquemment
des pertes de terre. Des incisions sont provoquées par l'eau lors de son
passage dans les extrémités du dispositif. Celles-ci peuvent
donner naissance à des rigoles dans les champs.
I.1.2. La ceinture périphérique des
rizières
C'est un bourrelet en terre qui ceinture les
rizières. Sa réalisation consiste en une élévation
de terre de 15 à 20 cm de hauteur autour de la parcelle. La ceinture est
construite en début de saison pluvieuse. Elle comporte des
brèches qui servent à l'évacuation de l'excès d'eau
lors des fortes averses. Elles se situent sur des passages d'eau. Les
dimensions de la ceinture sont fonction de celles du champ. La ceinture
périphérique a pour but d'empêcher l'évacuation des
particules minérales et de l'humus du sol par les eaux de ruissellement.
La localisation de ces parcelles dans les bas-fonds explique la présence
d'un tel dispositif pour maintenir l'eau et les éléments
fertilisants sur place.
17 MIETTON, 1981 ; SANOU D.C, 1981 ; MIETTON,
1986 ; GASCON, 1987 ; FAHO, 1988 ; GROUZIS, 1983 ; MARCHAL, 1986; REIJ et al,
1996; ROCHETTE et MONIMART, 1993; ROOSE, 1994; ROOSE et al, 1992;
etc.
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Les mauvaises herbes arrachées dans le champ
sont déposées sur la ceinture, lors des travaux d'entretien. La
réfection de la ceinture se fait à chaque saison culturale. Le
paysan renforce le dispositif au cours de la saison pluvieuse. Les champs de
case, notamment les parcelles destinées à la culture du
maïs, étaient autrefois protégées par cette
technique. La ceinture était réalisée lors du labour
préliminaire. Elle a été remplacée par les cordons
pierreux qui selon les paysans, sont résistants et exigent moins
d'entretien.
Planche photographique n° 4 :
Déforestation et obstacle en bois
Photo n° 1 : Déforestation pour la
réalisation d'un champ de brousse à Kiembara / Sourou
Rabdo, A. Mars 2007.
De plus en plus, les paysans dévastent de
grandes étendu boisées, pour la réalisation de nouvelles
parcelles de culture.
Photo n° 2 : Obstacle en bois à Gomboro /
Sourou
Rabdo, A. Mars 2007.
Sur cette photographie, on perçoit le sol mis
à nu par le ruissellement. Les paysans utilisent des troncs d'arbres,
des branches, pour freiner ou ralentir l'écoulement des eaux, parce
qu'il n'existe pas dans les environs, des sites d'extraction des
moellons.
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