2.1.2. La situation actuelle de l'élevage dans le
secteur de Rubengera
D'après plusieurs auteurs, les facteurs qui influencent
la production de l'activité d'élevage sont l`effectif des
bêtes, le potentiel de production des races exploitées, les
systèmes et modes d'élevage adoptés et enfin,
l'organisation de tous les intervenants dans le secteur. C'est alors ce
schéma que nous avons adopté pour décrire l'état
actuel de l'élevage dans le secteur de Rubengera.
2.1.2.1. Effectifs
Les réformes administratives que le Rwanda a connues
ces dernières années nous ont imposé beaucoup de
difficultés lors de la collection des données qui nous auraient
été très intéressantes pour l'étude de
l'évolution du bétail du secteur de Rubengera. Pour cela, nous
nous contenterons des chiffres concernant seulement ces deux dernières
années (2006 et 2007). Pourtant, nous avons remarqué que ce
n'était pas là un grand problème puisqu'en fait, la
situation de l'an 2006 représente bien l'image de l'élevage
correspondant à la période juste après la mise en
exécution de la politique de l'ESP et quand on compare cette situation
à celle de l'an 2007, on perçoit déjà clairement
l'impact de cette politique sur l'évolution des effectifs des
cheptels.
Cet impact est le fait que l'effectif total du cheptel diminue
tandis que le nombre de bêtes de race améliorée tend
à la hausse.
27
L'explication de ce phénomène relève du
fait que les éleveurs rencontrent beaucoup de difficultés
à maintenir un troupeau important en stabulation permanente et optent
pour des races améliorées qui exigent plus d'intrants mais qui
donnent aussi plus de production.
Le tableau suivant fait observer clairement cette situation de
la récession de l'effectif des bêtes de races locales au profit de
celles de races améliorées.
Tableau 6: Evolution de l'effectif des bêtes de
race ordinaire et améliorée durant la période
2006-2007
Période Cheptel
|
2006
|
2007
|
Ordinaire
|
Amélioré
|
Ordinaire
|
Amélioré
|
Bovin
|
4639
|
183
|
2836
|
258
|
Caprin
|
6639
|
40
|
5896
|
20
|
Ovin
|
1438
|
3
|
1084
|
1
|
Porcin
|
215
|
2
|
217
|
2
|
Source : Enquêtes menées par l'agronome du
secteur, 2006 et 2007.
2.1.2.2. Les races exploitées
Dans le cas de l'élevage bovin, la race la plus
rencontrée dans le secteur de Rubengera reste la race Ankolé qui
connaît des écotypes appelés "Inyambo" (vaches à
longues cornes souvent en forme de lyre) et "Inkuku"(vaches à cornes
courtes généralement plus laitières que les autres
écotypes). On y rencontre aussi les bovins sans cornes "Inkungu" ou
alors ayant des cornes flottantes "Indegarege".
Les races exotiques qui ont été introduites dans
cette région, premièrement par des éleveurs progressistes
comme la mission presbytérienne de Rubengera, l'association AJEMAC, ...,
et ensuite par l'Etat dans le cadre de sa politique "One cow, one
family"(GIRINKA), sont surtout le Jersey, Brun suisse, Frisonne, et Sahiwal.
Comme l'élevage bovin dans le secteur de Rubengera est en
général orienté vers la production laitière, ces
races ont été un bon choix mais l'inconvénient a
été le fait que comparativement à la race locale
Ankolé, ces races exotiques sont très onéreuses à
entretenir sous un climat chaud comme celui de cette région.
28
Ainsi, pour essayer de profiter de cette résistance
naturelle de la race Ankolé et de cette productivité accrue de
ces races exotiques, nombreux croisements ont été
effectués et force est de remarquer qu'avec le temps, on pourrait
s'attendre au remplacement de ces races pures par des nouveaux métis
(croisés) qui marieraient ces deux buts poursuivis : résistance
et productivité.
Photo 1: Races bovines exotiques exploitées
dans le secteur de Rubengera
Photo 2: Races caprines exotiques que
l'autorité est en train d'essayer l'introduction dans le secteur de
Rubengera
Bouc de race Alpine Chèvres de race Boa Croisé
Alpine-race locale
Vache Frisonne Vache jersey Taureau Brun Suisse
Concernant les caprins, à part la race locale, l'Etat a
entrepris l'effort d'apporter aux éleveurs des races exotiques qui
puissent avoir des performances plus intéressantes.
Dans cette optique, ce sont les races Boa et Alpine qui se
sont montrées assez productives dans les conditions non seulement
physiques mais aussi socio-économiques de ce secteur. Malheureusement,
pour pouvoir exploiter toutes les potentialités de ces races,
l'autorité rencontre aujourd'hui un problème de convaincre les
paysans de traire ces chèvres puisqu'ils estiment que le lait de la
chèvre n'est que pour les enfants soufrant de malnutrition ce qui les
fait percevoir que sa consommation par un homme en bonne santé et
surtout adulte est plutôt répugnant
29
Pour le cas des ovins et porcins, il apparaît que le
processus d'amélioration des races locales exploitées
évoqué ci haut est plutôt timide. Ceci relève peut
être du fait que le cheptel de ces troupeaux dans le secteur de Rubengera
n'est pas assez important en nombre pour que les autorités de ce secteur
se sentent pressés à faire autant.
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