CONCLUSION PARTIELLE
Les éléments physiques (climat,
végétation, types du sol,...) du secteur de Rubengera, tout en
interagissant entre eux, influent aussi sur les caractéristiques
humaines et économiques de ce secteur. L'exemple est donné par
l'activité d'élevage dont la répartition semble bien
suivre celle de ces éléments cités en haut.
Dans le chapitre qui va suivre, nous allons montrer comment
l'inverse peut aussi être vrai à travers l'exemple de l'influence
qu`a l'élevage sur l'environnement physique de ce secteur.
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CHAP II. ELEVAGE ET ENVIRONNEMENT DANS LE SECTEUR
DE
RUBENGERA
2.1. LE SECTEUR DE L'ELEVAGE A RUBENGERA
2.1.1 .Introduction
L'élevage est une activité entrelacée
dans les vielles traditions des Rwandais. En particulier, l'élevage
bovin a eu toujours un caractère quasi-mythique et donnait à
celui qui le pratiquait honneur, puissance et prestige. « La vache,
dans le Rwanda ancien était moins un animal qu'une institution ; le
bétail ne présentait pas un bien d'utilisation mais un signe de
richesse, une preuve de contrats divers et la charte de nombreuses relations
» (KALISA Aime Ephrem, 2001).
Après l'indépendance, les bouleversements des
mentalités de la société Rwandaise et le morcellement des
exploitations lié à la pression démographique croissante
entraînent de profonds changements dans la structure traditionnelle de
l'élevage bovin qui tend alors vers la domestication de la vache, la
réduction du bétail et la généralisation de cette
activité.
Entre-temps, d'autres élevages nouveaux ou
naguère considérés comme secondaires (caprins, ovins,
porcins, lapin, volailles,....) profitent de ce bouleversement de
l'élevage bovin et prospèrent si bien que la proportion
d'éleveurs exclusifs de vaches se retrouve réduite presque
à néant au moment où des familles qui n'entretiennent que
des chèvres par exemple augmente.
Dans la section qui va suivre, on va décrire
l'état de l'élevage dans le secteur de Rubengera par type
d'élevage mais en se bornant sur celui du gros bétail, d'ovins,
de caprins et de porcins puisque ce sont là des élevages qui
transforment considérablement leurs paysages pastoraux et sont alors les
plus susceptibles d'avoir un impact mesurable sur l'environnement.
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2.1.1.1. Le gros bétail : une activité
ancienne en pleine révolution
Depuis longtemps, le Rwanda était connu pour un grand
nombre de ses vaches. « En absence de toute autre monnaie
d'échange, le capital bétail servait à définir la
richesse individuelle » (Alexis NGIRUWONSANGA, 1982). Dans la
région concernée par notre étude, il n'y a pas très
longtemps durant la période d'avant la guerre et génocide des
Tutsis de 1994, on observait encore le matin et le soir des files
impressionnantes des vaches se rendant ou rentrant des pâturages.
L'abondance du troupeau était telle qu'elle permettait à se
consacrer exclusivement à cette activité et comme ça, on
obtenait le titre d' umutunzi, un vocable quasiment oublié actuellement
dans le langage courant de cette région parce que tous les
éleveurs d'aujourd'hui sont aussi des agriculteurs et ainsi le terme
d'umuhinzi-mworozi (agriculteur-éleveur) est plutôt
utilisé.
Les causes de cette décadence de l'activité de
l'élevage bovin du côté effectif sont légion mais
à la tête on cite le nombre impressionnant des bêtes
abattues durant la période de la guerre et génocide des Tutsi de
1994 et les quelques années qui suivirent.
L'échec de rétablissement après ces
périodes dures est expliquée par plusieurs facteurs dont les plus
importants comprennent le fait que l'élevage bovin a été
le type d'élevage à souffrir le plus de la réduction des
pâturages naturels, la concurrence du petit élevage et la
pénétration de l'économie monétaire dans le milieu
rural qui a fait que la vache a perdu son rôle social dans la
société rwandaise. Ici, l'on donne l'exemple de la dot qui jadis
supposait l'octroi d'une génisse à la famille de la fille mais
qu'on remplace aujourd'hui par une certaine somme d'argent convenue presque
exactement comme dans le cas du marché ordinaire.
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