SECTION II :
LES MANIFESTIONS ET CONSEQUENCES DE LA CRISE
ÉNERGÉTIQUE AU CAMEROUN
La production d'énergie électrique s'adresse
principalement au secteur public et aux entreprises industrielles à
l'instar d'Alucam. A cet effet, ses manifestations, tant au niveau du secteur
public que du secteur industriel ont de graves conséquences sur le
niveau de vie des consommateurs.
I. LES MANIFESTATIONS DE LA
CRISE ENERGETIQUE
A. Les manifestations au
niveau du secteur public
Le secteur public de l'énergie électrique
regroupe les consommateurs de basse et moyenne tension. Ces consommateurs sont
d'autant plus affectés par le déficit qu'ils subissent les
frasques et les désagréments de l'opérateur unique de
fourniture d'énergie électrique sans aucun moyen de recours
efficace.
Au cours des sept dernières années, le secteur
de l'électricité a été confronté à un
certain nombre de difficultés à la fois conjoncturels et
structurels, qui ont eu des conséquences négatives sur les
performances du secteur et sur la paix sociale avec des troubles dans certaines
régions du pays (Abong-Mbang, Kumba, Kousséri, etc.). Les
problèmes conjoncturels concernent l'incivisme, le vandalisme et la
fraude. Les problèmes structurels, quant à eux, ont porté
sur :
1) les conditions hydrologiques sévères (2001,
2002) ;
2) la saturation et la surcharge des équipements de
transport et de distribution ;
3) l'insuffisance de la maintenance et de l'entretien de
l'outil de production.
Face à toutes ces difficultés, plus de 5000
opérateurs économiques se sont dotés de groupes
électrogènes d'une puissance cumulée de 267 MW, soit
l'équivalent d'un barrage hydroélectrique de la taille de celui
d'Edéa. Le Gouvernement et le Concessionnaire de Service Public ont
conjugué leurs efforts pour engager des actions vigoureuses de
redressement par l'élaboration et la mise en oeuvre d'un programme
quinquennal de 254 milliards de FCFA financé à 67% par les
partenaires extérieurs. Par ailleurs, la poursuite du processus de
réforme institutionnelle du secteur électricité a abouti
à la création d'une société de patrimoine
dénommée EDC.
B. Les manifestations au
niveau du secteur industriel
Il ressort du dossier de presse remis aux
journalistes lors de la récente visite au Cameroun de Jean Philippe PUIG
(PCA d'Alucam/Socatral), qu'Alucam (Compagnie camerounaise de l'aluminium)
opère aujourd'hui à un niveau très en dessous de sa
capacité nominale. Ceci à cause des retards dans le
développement des moyens de production, le niveau minimal contractuel
d'énergie ne peut plus être fourni.
Le retard dans le lancement de la centrale thermique à
gaz de Kribi, qui devrait être mise en service en 2007, est en grande
partie responsable de ce déficit, souligne-t-on à Alucam. Avant
d'ajouter que la conséquence très directe est la
pénalisation de cette entreprise qui absorbe une partie significative de
la pénurie d'énergie et évite ainsi au secteur public de
trop sévères délestages. La prévision de production
2009 d'Alucam a dû être revue à la baisse, passant à
63% de taux de fonctionnement dès janvier 2009, ce qui induit un
déséquilibre financier dans l'exploitation de l'usine et des
conséquences sociales négatives pour les employés, les
sous-traitants et les communautés environnantes.
Compte tenu de la demande croissante du secteur public et de
la saturation des centrales thermiques existantes, les restrictions
d'énergie en saison sèche dans les années à venir
risquent, selon Alucam, de persister et les délestages que vit
l'entreprise vont continuer. C'est pourquoi il est impératif que la
décision de lancement de la construction de la centrale de Kribi, dont
le délai de mise en service est de deux ans, soit prise maintenant pour
pallier le plus rapidement possible les délestages actuels.
Alucam contribue déjà largement au
développement socio-économique de sa communauté d'accueil,
la Sanaga - Maritime et du Cameroun. Avec un chiffre d'affaires de 149
milliards de F CFA, il emploie plus de 700 personnes et constitue à elle
seule 7% de la production industrielle au Cameroun, 5% des recettes
d'exportation du Cameroun, 3% du PIB national et contribue à hauteur de
53 milliards de F CFA de manière directe et indirecte au budget de
l'Etat. La construction attendue du barrage de retenue d'eau de Lom-Pangar
devrait ouvrir la voie au projet de construction du barrage
hydroélectrique de Nachtigal, d'une capacité de 330 MW. Par
conséquent, la route serait tracée pour l'extension de l'usine
d'Edéa. Lom-Pangar est donc un élément essentiel pour le
système de régulation de la Sanaga.
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