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Etude d'impact des ONG sur les conditions socioéconomiques des populations de M'Baà¯ki: cas de Caritas. ( République centrafricaine)

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par Eugène Davy NGOKOBONDO DOBOZENDI
Université de Bangui ( République Centrafricaine) - Maà®trise de géographie 2010
  

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Chapitre VI: LES CONTRAINTES AUX ACTIONS DE LA CARITAS/SDPH

Diverses contraintes causent préjudice au bon fonctionnement des activités de CARITAS Diocésaine de M'baïki. Ces contraintes sont associées les unes aux autres, produisant un effet tâche d'huile pour conduire la CARITAS/SDPH vers une mésaventure, selon le vice coordonnateur des programmes. Les conditions dans lesquelles la CARITAS/SDPH a oeuvré depuis les dernières années sont pour eux l'un de leur grand cauchemar.

Selon le diagnostic, on peut donc repartir ces contraintes en trois catégories à savoir: les contraintes d'ordre structurel méthodologique et les contraintes d'ordre conjoncturel

I-LES CONTRAINTES D'ORDRE STRUCTUREL

Il s'agit en effet des contraintes relevant des rapports institutionnels qu'entreprend la CARITAS avec ses partenaires et des contraintes relevant de sa propre organisation institutionnelle. A cet effet, trois cas sont à relever: le personnel restreint et faible, la lenteur des processus de financement et l'apparent partenariat local entre la CARITAS et le COOPI.

1- Un Personnel Restreint et Faible

L'organigramme du réseau local CARITAS M'baïki présente un personnel peu consistant.

En effet, le personnel est trop restreint ne se limitant qu'au coordonnateur de programme et le formateur qui sont les seuls actionnaires fiables de l'équipe préfectorale; ensuite vient le chauffeur et les cinq (5) animateurs ruraux. L'immensité des tâches ne pèse que sur le coordonnateur et son assistant. Ces mêmes personnes assurent la comptabilité, la logistique, le suivi des travaux de construction et bien de petites tâches.

Ceci fait qu'il y a de retard parfois dans la réalisation des différents projets prévus dans le programme. Cette immensité de tâche les épuise et abuse même de leur temps et les travaux avancent difficilement. Il est évidemment reconnu que l'intégration professionnelle dans un tel organisme est basée sur le volontariat. Mais les conditions de travail sont vraiment atypiques. Imaginons une personne qui assure une où trois fonctions à la fois, comment voulez vous que tous les projets soient réalisés dans le délai?

De telles conditions de travail, contraignent l'homme, lui ôtant sa liberté sociale. Plus la personne dépense son énergie physique et intellectuelle et/ou morale, moins elle se repose, moins encore elle n'est disponible à sa famille ou pour ses loisirs....

Psychologiquement, l'homme dans de telles conditions de travail, à la mémoire saturée. Il réfléchi à tout moment sur ce qui l'attend à faire après tel autre besogne, car les tâches sont multiples et sont difficiles à assumer, et le plus souvent, son sommeil est perturbé par des cauchemars.

Biologiquement, la personne a du mal à bien manger après une longue journée de travail et cela conduit à la vieillesse.

2-La Lenteur de Processus de Financement du Programme

Le plus grand problème qui cause préjudice aux réalisations de la CARITAS/SDPH dans la Sous-préfecture de M'Baïki est le retard qu'il a connu dans la mise en oeuvre de son projet. Il s'agit de la lenteur des processus d'accord du projet au niveau de ses partenaires et la lenteur d'arrivée des équipements. La CARITAS/SDPH, dès Décembre 2000, avait lancé son « second Plan Triennal de développement » dans la Préfecture de Lobaye en générale et plus particulièrement dans la Sous-préfecture de M'baïki. Or le projet a un délai d'exécution de trois (3) ans. Ainsi, ce délai commence a être compté à partir du premier jour où la CARITAS lance son projet bien que toutes les conditions ne sont pas encore réunies. Or les dossiers tardent à être approuvés au niveau de ses partenaires extérieurs.

La consultation de ces dossiers de financement du projet est lente ou trop minutieuse. Loin de nous de porter un jugement, mais ce ne sont là que des problèmes d'administration qui s'observent partout.

Les besoins en équipements, mobiliers, retardaient également. Ceci relève de l'enclavement du pays. Même s'il faudrait utiliser la voie fluviale cela va prendre plus de temps. C'est ainsi que ces équipements devaient être amené par voie aérienne. Mais le transport coûte chair. Il a fallu des démarches pour que ses partenaires parviennent à financer le transport de ces équipements. Alors, tout ceci avait été à l'origine même du retard qu'a connu la CARITAS/SDPH dans l'exécution de son second PTD. Rappelons que ce retard a été considérable (5 ans).

Finalement c'est en 2005 qu'elle va lancer son second PTD. Même si les évaluations numériques ont montré que la CARITAS/SDPH a atteint ses objectifs, cela ne pourrait guère faire sa gaîté en ce sens qu'elle a déjà une dette morale à l'égard des

populations de M'Baïki à qui, elle a promis exécuter son projet du second PTD dès la fin du premier PTD.

3-Un Apparent Partenariat local

Le choix d'un partenaire local autre que la COOPI n'est pas prévu dans les principes d'actions de la CARITAS/SDPH. Malheureusement ce partenariat avec COOPI est devenu source de dysfonctionnement dans ses activités. Le partenariat qu'a entrepris la CARITAS Diocésaine de M'baïki avec la COOPI n'a de sens. L'impact positif ne s'observe pas. Selon les partenaires de CARITAS/ Diocésaine, cela relève des autorité diocésaines qui ont inventé cette union. Lors des enquêtes de terrain, il ressort que cette relation ou du moins l'union de CARITAS et de COOPI ne marchait pas si bien que la COOPI s'est retirée et mène ses activités parallèles à celles de CARITAS.

4-Les Contraintes d'Ordre Méthodologique

Il ne s'agit pas là de dire que la CARITAS/SDPH est totalement directive dans son approche mais il s'agit de quelques petites insuffisances.

En effet, la participation paysanne au début du projet a été effective partout où les projets de réalisation et de construction des écoles.

Dès lors, les populations étaient mobilisées pour apporter leur part de charges d'investissement mais parfois les travaux ont démarré très tardivement, ceci était dû à la lenteur des processus de financement de contrat de ces différents projets. Ce qui avait mis les bénéficiaires dans l'attentisme et le désespoir. Or, la CARITAS dès qu'elle voulait lancer son second PTD et que cela a pris un retard, elle n'avait pas informé la population ou du moins les sensibilisées pour qu'elle soient imprégner de la situation. Ce qui a conduit à un désaccord entre la CARITAS et les populations locales.

Les populations des villages: Botto; Dédé, Ndéya par exemple ont été mécontents de cet attentisme et taxaient cette incertitude de «flatterie ». La radio rurale de M'baïki en a fait également écho, lors d'un interview ou la valeur institutionnelle de CARITAS a été profanée, dépréciée, du fait que les populations ont attendu en vain les réalisations.

Et lorsque la CARITAS s'est remise à ses travaux, elle a connu un tas de problèmes dans ces localités; les travaux avançaient difficilement faute de la faible participation

paysanne... Plus les travaux retardent, plus les mains d'oeuvres augmentent, les délais d'exécution des travaux ont été prolongés, faussant ainsi les données budgétaires de la CARITAS. Ledit organe est alors obligé, pour certaines activités, de tout financer, n'attendant plus l'effort des paysans.

La question de vulgarisation informative et persuasive est que, si la CARITAS informait de temps en temps les populations de l'état d'avancement des dossiers de financement de ces projets, il n'y aurait donc guère cette incertitude. Le tableau n° 9 ci-dessous montre l'attachement de la population à la CARITAS/SDPH

Tableau n° 9Répartition des enquêtés selon l'attachement à la CARITAS/SDPH

Degré d'Attachement

Effectifs

Pourcentage

Beaucoup

27

14,21%

Moyennement

141

74,21%

Pas du tout

22

11,58%

Total

190

100%

Source: enquête de terrain, 2010

De ce tableau, il ressort que sur les 190 enquêtés, 27 sujets soit 14,21% du total s'attachent beaucoup à la CARITAS/SDPH. Cet attachement s'explique du fait qu'ils fréquentent l'Église Catholique et à chaque Dimanche au culte, elles ont des informations sur l'évolution des activités de la CARITAS. Cependant, 141 individus qui représentent 74,21% d'enquêtés s'intéressent moyennement aux activités de la CARITAS en ce sens que, la CARITAS avait observé un silence pendant son second PTD. Par ailleurs, 22 autres sujets soit 11,58% du total ne s'intéressent pratiquement pas aux activités de la CARITAC/SDPH.

5-Les Contraintes d'Ordre Conjoncturel

Nous l'avons constaté que la CARITAS Diocésaine a réalisé la plus part de ses projets dans les domaines de la santé, l'éducation en faveur des populations démunies dans la Préfecture de la Lobaye et plus particulièrement dans la Sous-préfecture de M'baïki. Ceci est non seulement le fait de la lenteur des processus de financement, de l'apparent partenariat avec la COOPI, mais également d'un problème d'accès à certains sites ruraux. Ce problème d'accès aux sites paysans a privé certains villages retirés de la routes, tel que Bokopi, Kpidi etc... de bons projets.

L'état des routes et piste males laisse à désirer comme en témoigne la photo n°8 ci-dessous.

Photo n°8: Un pick up embourbé

Source: CARITAS Diocésaine de M'baïki, 1999

La planche ci- haut témoigne du mauvais état des routes. Un Pick-up Toyota est enfoncé dans la boue sur la route de Bokopi.

Les routes dégradées, des arbres et des herbes obstruent le passage. Ce qui rend difficile des tournées régulières. Cela risque de causer des retards sur les projets à réaliser dans d'autres villages. Quand le passage est obstrué, il avait fallu d'effectuer un dégagement à la main, pour passer. Alors, cela donnait de la peine quand l'équipe caritative est en tournée.

6- Opinions de la Population Locale sur les Activités de la CARITAS

Les enquêtes ont confirmé que la CARITAS/SDPH a oeuvré dans la Sous-préfecture de M'baïki dans les volets suivants: la santé, l'éducation, l'organisation paysanne et les droits civiques et civils AKA.

Dans le domaine de l'organisation paysanne, on a vu que la CARITAS/SDPH a créé de groupement, mobilisée des individus afin de travailler la terre. Un des enquêtés du groupement « Kénga nza so » dans la commune de M'Baïki affirme que : « la CARITAS/SDPH leur avait donné des semences ou des grains d'arachides. Ils ont cultivé plus de dix (10) hectares d'arachide ».

Au moment des récoltes, ils ont récolte qu'un sac et demi. Ce dernier fait savoir que la CARITAS distribue parfois de semences de mauvaise qualité si bien que la production n'est pas considérable. Alors, mobiliser des individus qui autre fois vaquaient à certaines de leurs activités qui pouvaient leur donner de pain quotidien pour travailler des grands espaces inutilement sans pour autant avoir gain de cause, voilà l'un des facteurs de désintéressement de la population locale aux activités de la CARITAS Diocésaine de M'baïki.

La population locale a fait savoir lors d'un entretien collectif organisé aux villages Zanga et Ndéya que la CARITAS/SDPH ne respecte pas les piques pluviométriques. En d'autre terme, le non respect du calendrier agricole a fait que la production n'est pas bonne.

Cette même population continue de se plaindre du comportement du personnel de la CARITAS/SDPH. Lors des sessions de formation organisées par le personnel de ladite ONG, les personnes formées ne sont pas satisfaites au retour chez eux. Parce que la CARITAS/SDPH leur a promis de les doter en animaux d'élevage et que cela n'a pas été honoré. Parfois d'autres individus parcourent des kilomètres à pieds pour assister à cette formation et que leur retour se fait la même manière; alors que le budget de la formation avait prévu des facilités de transport. Ces individus ont quitté leur village dans l'espoir de revenir avec un statut d'éleveur, la CARITAS/SDPH les a mis dans l'incertitude.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams