Chapitre VI: LES CONTRAINTES AUX ACTIONS DE LA
CARITAS/SDPH
Diverses contraintes causent préjudice au bon
fonctionnement des activités de CARITAS Diocésaine de
M'baïki. Ces contraintes sont associées les unes aux autres,
produisant un effet tâche d'huile pour conduire la CARITAS/SDPH vers une
mésaventure, selon le vice coordonnateur des programmes. Les conditions
dans lesquelles la CARITAS/SDPH a oeuvré depuis les dernières
années sont pour eux l'un de leur grand cauchemar.
Selon le diagnostic, on peut donc repartir ces contraintes en
trois catégories à savoir: les contraintes d'ordre structurel
méthodologique et les contraintes d'ordre conjoncturel
I-LES CONTRAINTES D'ORDRE STRUCTUREL
Il s'agit en effet des contraintes relevant des rapports
institutionnels qu'entreprend la CARITAS avec ses partenaires et des
contraintes relevant de sa propre organisation institutionnelle. A cet effet,
trois cas sont à relever: le personnel restreint et faible, la lenteur
des processus de financement et l'apparent partenariat local entre la CARITAS
et le COOPI.
1- Un Personnel Restreint et Faible
L'organigramme du réseau local CARITAS M'baïki
présente un personnel peu consistant.
En effet, le personnel est trop restreint ne se limitant qu'au
coordonnateur de programme et le formateur qui sont les seuls actionnaires
fiables de l'équipe préfectorale; ensuite vient le chauffeur et
les cinq (5) animateurs ruraux. L'immensité des tâches ne
pèse que sur le coordonnateur et son assistant. Ces mêmes
personnes assurent la comptabilité, la logistique, le suivi des travaux
de construction et bien de petites tâches.
Ceci fait qu'il y a de retard parfois dans la
réalisation des différents projets prévus dans le
programme. Cette immensité de tâche les épuise et abuse
même de leur temps et les travaux avancent difficilement. Il est
évidemment reconnu que l'intégration professionnelle dans un tel
organisme est basée sur le volontariat. Mais les conditions de travail
sont vraiment atypiques. Imaginons une personne qui assure une où trois
fonctions à la fois, comment voulez vous que tous les projets soient
réalisés dans le délai?
De telles conditions de travail, contraignent l'homme, lui
ôtant sa liberté sociale. Plus la personne dépense son
énergie physique et intellectuelle et/ou morale, moins elle se repose,
moins encore elle n'est disponible à sa famille ou pour ses
loisirs....
Psychologiquement, l'homme dans de telles conditions de
travail, à la mémoire saturée. Il réfléchi
à tout moment sur ce qui l'attend à faire après tel autre
besogne, car les tâches sont multiples et sont difficiles à
assumer, et le plus souvent, son sommeil est perturbé par des
cauchemars.
Biologiquement, la personne a du mal à bien manger
après une longue journée de travail et cela conduit à la
vieillesse.
2-La Lenteur de Processus de Financement du
Programme
Le plus grand problème qui cause préjudice aux
réalisations de la CARITAS/SDPH dans la Sous-préfecture de
M'Baïki est le retard qu'il a connu dans la mise en oeuvre de son projet.
Il s'agit de la lenteur des processus d'accord du projet au niveau de ses
partenaires et la lenteur d'arrivée des équipements. La
CARITAS/SDPH, dès Décembre 2000, avait lancé son
« second Plan Triennal de développement » dans la
Préfecture de Lobaye en générale et plus
particulièrement dans la Sous-préfecture de M'baïki. Or le
projet a un délai d'exécution de trois (3) ans. Ainsi, ce
délai commence a être compté à partir du premier
jour où la CARITAS lance son projet bien que toutes les conditions ne
sont pas encore réunies. Or les dossiers tardent à être
approuvés au niveau de ses partenaires extérieurs.
La consultation de ces dossiers de financement du projet est
lente ou trop minutieuse. Loin de nous de porter un jugement, mais ce ne sont
là que des problèmes d'administration qui s'observent partout.
Les besoins en équipements, mobiliers, retardaient
également. Ceci relève de l'enclavement du pays. Même s'il
faudrait utiliser la voie fluviale cela va prendre plus de temps. C'est ainsi
que ces équipements devaient être amené par voie
aérienne. Mais le transport coûte chair. Il a fallu des
démarches pour que ses partenaires parviennent à financer le
transport de ces équipements. Alors, tout ceci avait été
à l'origine même du retard qu'a connu la CARITAS/SDPH dans
l'exécution de son second PTD. Rappelons que ce retard a
été considérable (5 ans).
Finalement c'est en 2005 qu'elle va lancer son second PTD.
Même si les évaluations numériques ont montré que la
CARITAS/SDPH a atteint ses objectifs, cela ne pourrait guère faire sa
gaîté en ce sens qu'elle a déjà une dette morale
à l'égard des
populations de M'Baïki à qui, elle a promis
exécuter son projet du second PTD dès la fin du premier PTD.
3-Un Apparent Partenariat local
Le choix d'un partenaire local autre que la COOPI n'est pas
prévu dans les principes d'actions de la CARITAS/SDPH. Malheureusement
ce partenariat avec COOPI est devenu source de dysfonctionnement dans ses
activités. Le partenariat qu'a entrepris la CARITAS Diocésaine de
M'baïki avec la COOPI n'a de sens. L'impact positif ne s'observe pas.
Selon les partenaires de CARITAS/ Diocésaine, cela relève des
autorité diocésaines qui ont inventé cette union. Lors des
enquêtes de terrain, il ressort que cette relation ou du moins l'union de
CARITAS et de COOPI ne marchait pas si bien que la COOPI s'est retirée
et mène ses activités parallèles à celles de
CARITAS.
4-Les Contraintes d'Ordre
Méthodologique
Il ne s'agit pas là de dire que la CARITAS/SDPH est
totalement directive dans son approche mais il s'agit de quelques petites
insuffisances.
En effet, la participation paysanne au début du projet
a été effective partout où les projets de
réalisation et de construction des écoles.
Dès lors, les populations étaient
mobilisées pour apporter leur part de charges d'investissement mais
parfois les travaux ont démarré très tardivement, ceci
était dû à la lenteur des processus de financement de
contrat de ces différents projets. Ce qui avait mis les
bénéficiaires dans l'attentisme et le désespoir. Or, la
CARITAS dès qu'elle voulait lancer son second PTD et que cela a pris un
retard, elle n'avait pas informé la population ou du moins les
sensibilisées pour qu'elle soient imprégner de la situation. Ce
qui a conduit à un désaccord entre la CARITAS et les populations
locales.
Les populations des villages: Botto; Dédé,
Ndéya par exemple ont été mécontents de cet
attentisme et taxaient cette incertitude de «flatterie ». La
radio rurale de M'baïki en a fait également écho, lors d'un
interview ou la valeur institutionnelle de CARITAS a été
profanée, dépréciée, du fait que les populations
ont attendu en vain les réalisations.
Et lorsque la CARITAS s'est remise à ses travaux, elle
a connu un tas de problèmes dans ces localités; les travaux
avançaient difficilement faute de la faible participation
paysanne... Plus les travaux retardent, plus les mains
d'oeuvres augmentent, les délais d'exécution des travaux ont
été prolongés, faussant ainsi les données
budgétaires de la CARITAS. Ledit organe est alors obligé, pour
certaines activités, de tout financer, n'attendant plus l'effort des
paysans.
La question de vulgarisation informative et persuasive est
que, si la CARITAS informait de temps en temps les populations de l'état
d'avancement des dossiers de financement de ces projets, il n'y aurait donc
guère cette incertitude. Le tableau n° 9 ci-dessous montre
l'attachement de la population à la CARITAS/SDPH
Tableau n° 9Répartition des
enquêtés selon l'attachement à la CARITAS/SDPH
Degré d'Attachement
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Beaucoup
|
27
|
14,21%
|
Moyennement
|
141
|
74,21%
|
Pas du tout
|
22
|
11,58%
|
Total
|
190
|
100%
|
Source: enquête de terrain,
2010
De ce tableau, il ressort que sur les 190
enquêtés, 27 sujets soit 14,21% du total s'attachent beaucoup
à la CARITAS/SDPH. Cet attachement s'explique du fait qu'ils
fréquentent l'Église Catholique et à chaque Dimanche au
culte, elles ont des informations sur l'évolution des activités
de la CARITAS. Cependant, 141 individus qui représentent 74,21%
d'enquêtés s'intéressent moyennement aux activités
de la CARITAS en ce sens que, la CARITAS avait observé un silence
pendant son second PTD. Par ailleurs, 22 autres sujets soit 11,58% du total ne
s'intéressent pratiquement pas aux activités de la
CARITAC/SDPH.
5-Les Contraintes d'Ordre Conjoncturel
Nous l'avons constaté que la CARITAS Diocésaine
a réalisé la plus part de ses projets dans les domaines de la
santé, l'éducation en faveur des populations démunies dans
la Préfecture de la Lobaye et plus particulièrement dans la
Sous-préfecture de M'baïki. Ceci est non seulement le fait de la
lenteur des processus de financement, de l'apparent partenariat avec la COOPI,
mais également d'un problème d'accès à certains
sites ruraux. Ce problème d'accès aux sites paysans a
privé certains villages retirés de la routes, tel que Bokopi,
Kpidi etc... de bons projets.
L'état des routes et piste males laisse à
désirer comme en témoigne la photo n°8 ci-dessous.
Photo n°8: Un pick up
embourbé
Source: CARITAS Diocésaine de
M'baïki, 1999
La planche ci- haut témoigne du mauvais état des
routes. Un Pick-up Toyota est enfoncé dans la boue sur la route de
Bokopi.
Les routes dégradées, des arbres et des herbes
obstruent le passage. Ce qui rend difficile des tournées
régulières. Cela risque de causer des retards sur les projets
à réaliser dans d'autres villages. Quand le passage est
obstrué, il avait fallu d'effectuer un dégagement à la
main, pour passer. Alors, cela donnait de la peine quand l'équipe
caritative est en tournée.
6- Opinions de la Population Locale sur les
Activités de la CARITAS
Les enquêtes ont confirmé que la CARITAS/SDPH a
oeuvré dans la Sous-préfecture de M'baïki dans les volets
suivants: la santé, l'éducation, l'organisation paysanne et les
droits civiques et civils AKA.
Dans le domaine de l'organisation paysanne, on a vu que la
CARITAS/SDPH a créé de groupement, mobilisée des individus
afin de travailler la terre. Un des enquêtés du groupement
« Kénga nza so » dans la commune de
M'Baïki affirme que : « la CARITAS/SDPH leur avait
donné des semences ou des grains d'arachides. Ils ont cultivé
plus de dix (10) hectares d'arachide ».
Au moment des récoltes, ils ont récolte qu'un
sac et demi. Ce dernier fait savoir que la CARITAS distribue parfois de
semences de mauvaise qualité si bien que la production n'est pas
considérable. Alors, mobiliser des individus qui autre fois vaquaient
à certaines de leurs activités qui pouvaient leur donner de pain
quotidien pour travailler des grands espaces inutilement sans pour autant avoir
gain de cause, voilà l'un des facteurs de désintéressement
de la population locale aux activités de la CARITAS Diocésaine de
M'baïki.
La population locale a fait savoir lors d'un entretien
collectif organisé aux villages Zanga et Ndéya que la
CARITAS/SDPH ne respecte pas les piques pluviométriques. En d'autre
terme, le non respect du calendrier agricole a fait que la production n'est pas
bonne.
Cette même population continue de se plaindre du
comportement du personnel de la CARITAS/SDPH. Lors des sessions de formation
organisées par le personnel de ladite ONG, les personnes formées
ne sont pas satisfaites au retour chez eux. Parce que la CARITAS/SDPH leur a
promis de les doter en animaux d'élevage et que cela n'a pas
été honoré. Parfois d'autres individus parcourent des
kilomètres à pieds pour assister à cette formation et que
leur retour se fait la même manière; alors que le budget de la
formation avait prévu des facilités de transport. Ces individus
ont quitté leur village dans l'espoir de revenir avec un statut
d'éleveur, la CARITAS/SDPH les a mis dans l'incertitude.
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