5.5.2. Adéquation entre
aide technique ou organisationnelle reçue et besoins
Il ressort des paragraphes précédents que les
besoins des producteurs en T&V sont mal identifiés et qu'en
réalité très peu de leurs préoccupations
réelles sont prises en compte. C'est sur la base de ce diagnostic
biaisé par les intérêts des différents acteurs ayant
participé à son élaboration que les besoins en formation
sont définis. Cette formation se fait donc par quinzaine sur des
thèmes techniques ne correspondant pas au besoin des producteurs dans la
période. Ceci n'est pas la seule cause du taux d'absentéisme au
cours des formations. Par exemple pendant la quinzaine où les
producteurs attendent impatiemment l'engrais NPK pour la première fumure
et que les distributeurs d'intrants mettaient à leur disposition les
pesticides pour le deuxième traitement de leur cotonnier, le
thème de formation était l'itinéraire technique du soja et
du sorgho. Ce qui est paradoxal, c'est que les thèmes de formation sont
les mêmes pour tous les encadreurs de la commune alors que les besoins de
formation comme le savent les Techniciens Spécialisés (TS) et les
encadreurs varient d'un village à un autre, d'une période de
culture à l'autre et d'un producteur à l'autre.
Déjà au niveau des encadreurs presque le tiers de leur effectif
dans la commune est absent au cours des formations mensuelles pour des motifs
comme c'est toujours les mêmes choses, les producteurs savent
déjà faire tout cela. Et quand il s'agit de répondre
ensuite à la question `'quel est votre rôle alors ?'',
on entend avec résignation
« On est beaucoup plus utile pour les GV que
pour les producteurs ; sinon lorsqu'on va dans les champs des producteurs,
ils sont toujours fiers de savoir qu'on est venu visiter leur champ et on s'en
tire avec un poulet ou des ignames et ils sont conscients que nous sommes des
agents de liaison entre la structure et eux où ils peuvent faire passer
leurs plaintes. D'ailleurs, nous sommes plus sollicités pour
résoudre les problèmes relatifs aux conflits agriculteurs -
éleveurs ou pour savoir la disponibilité en intrants que pour la
résolution de problèmes techniques comme les attaques des
ravageurs par exemple. Voilà pourquoi nous donnons toujours les
mêmes formations et conseils. »
Il ressort donc de ces propos que les encadreurs
eux-mêmes sont conscients que l'aide technique qu'ils apportent aux
producteurs est déjà connue par la plupart d'entre eux et qu'en
réalité les besoins des producteurs sont tout autres. Ces
formations reçues par les producteurs ne sont pas à leur demande
ou si c'est le cas la cause de cette hypocrisie est mal connue de nous autres.
L'aide organisationnelle n'est pas apportée par l'encadreur au groupe de
contact mais aux responsables des différentes organisations de
producteurs.
Pour les producteurs CEF le problème soulevé
plus haut ne se pose pas dans la mesure où les besoins et
problèmes réels des producteurs sont identifiés
après un diagnostic partagé entre le producteur et le conseiller.
Les autres thèmes de formation sont dégagés au cours des
discussions de groupe en salle. Le choix des thèmes traités en
salle se fait donc en fonction du calendrier de remplissage des
différents cahiers qui ne suit pas forcément l'ordre des pages,
et du déroulement de la campagne. Les séances incluent
régulièrement
- des éléments de formation où sont
apprises les notions nécessaires à l'expression et l'analyse des
résultats économiques de l'exploitation (concepts, terminologies,
méthodes de calcul) ;
- des éléments d'information sur les techniques
pratiquées par les producteurs ou sur des innovations ;
- des discussions permettant d'établir un diagnostic
sur des situations concrètes pouvant intéresser aussi bien les
exploitations retenues en exemple que toutes les autres qui connaissent des
problèmes similaires (intérêt de l'innovation,
évaluation technico-économique de l'innovation) ;
- des discussions pratiques sur la mise en oeuvre des actions
techniques (aspects logistiques).
Une conclusion partielle s'impose donc quant à
l'adéquation des formations reçues avec les besoins effectifs.
Dans le cas des producteurs en T&V, il n'y a pas adéquation, car les
producteurs ne sont pas associés ; par contre, pour les producteurs
(CEF), ce sont eux- mêmes qui identifient leurs besoins et donc les
thèmes de formation, ce qui est très important en matière
de renforcement des capacités.
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