2.5. Notion d'exploitation
agricole familiale
Des économistes agricoles (Chombard de Lauwe, Poitevin,
Tirel, 1966) ont précisé au début des années 60 la
notion d'exploitation agricole se rapportant au contexte de l'agriculture
française l'exploitation agricole est une entreprise, l'exploitant est
un entrepreneur qui a un objectif, maximiser le profit. Par la suite,
économistes et agronomes ont fait évoluer cette définition
en y intégrant les objectifs plus globaux de l'exploitant mais aussi des
membres de sa famille (Capillon, 1993 ; Brossier et al, 1997 et 1998). La
notion d'exploitation familiale est ainsi apparue, elle prend en compte
l'importance des liens entre la famille et l'exploitation (ou les
activités de production agricole) tant dans le domaine de la
mobilisation du travail (main d'oeuvre familiale), que des projets d'avenir
(cession du patrimoine familial). Ainsi, cette notion montre que l'agriculture
ne peut pas être assimilée à une activité
industrielle et commerciale reposant avant tout sur des échanges
marchands et financiers.
Concernant l'agriculture africaine tant en zone
soudano-sahélienne qu'en zone forestière, les sociologues et
agro-économistes ont montré que la notion d'exploitation agricole
telle que définie pour les pays du Nord n'était pas transposable
(Kleene, 1976 ; Badouin, 1987 ; Benoit-Cattin et Faye, 1997 ; Gastellu,
1980). L'unité de production (ou exploitation agricole) est
généralement un système complexe débouchant sur une
production collective gérée par le chef d'exploitation et des
productions individuelles revenant à (aux) l'épouse (s), aux
dépendants, etc. Par ailleurs, on a pu montrer qu'il n'y avait pas
nécessairement coïncidence entre l'unité de production,
l'unité de consommation et l'unité d'accumulation (par exemple
les femmes peuvent posséder leur propre bétail). Aujourd'hui,
cette organisation complexe des unités de production est en pleine
évolution du fait entre autres de la volonté
d'indépendance des jeunes ménages.
Ici, nous considérons l'exploitation agricole familiale
suivant deux principes
· Comme un système qui peut être
décomposé en plusieurs sous-systèmes
d'opérations, de décisions, et d'information (Le Moigne,
1988).
· Les décisions des agriculteurs relatives
à leur exploitation ont un sens.
Sur la base de ces deux considérations, nous pourrons
par la suite analyser si les deux approches dans notre étude utilisent
une approche globale de l'exploitation.
2.6. Notion de
participation
La FAO a développé la notion de «
participation populaire » qui est souvent mal comprise. Pour elle, la
participation des populations consiste à restituer à celles-ci un
pouvoir d'initiative et de décision dans la définition et la mise
en oeuvre des actions et programmes qui concernent leur propre avenir (FAO ;
1995). Les paysans, les éleveurs, les chasseurs, les artisans etc.,
doivent être reconnus comme des acteurs de développement ; des
partenaires à part entière, et non comme des cibles d'un projet
extérieur. La participation des groupes cibles, est l'un des principaux
objectifs de la foresterie communautaire. Ce terme désigne l'implication
de tous les groupes concernés, dans le processus de décision et
de mise en oeuvre de la décision.
Weiss (1978) définit deux niveaux de participation Il
s'agit de la participation directe qui est « le pouvoir reconnu, à
un moment donné, à un groupe, d'exercer une influence sur son
propre environnement immédiat, en prenant, après discussion, les
décisions nécessaires » et la participation indirecte, qui
elle, s'exerce par l'intermédiaire de tiers. Mais selon
l'encyclopédie wikipédia, la participation
désigne des tentatives de donner un rôle aux individus dans une
prise de décision affectant une communauté. Tentatives pour
signifier qu'en réalité le pouvoir n'est pas encore
réel. La participation est aussi
définie comme un processus à travers lequel les
partenaires/acteurs concernés influencent et partagent le contrôle
des initiatives de développement, les décisions et les ressources
qui les affectent. Cette définition d'Elisabeth TOE fait ressortir deux
concepts importants pour cette étude, il s'agit de « processus
et partenaires ».
Ici, ce concept sera utilisé pour voir l'implication
des différents acteurs sociaux (producteurs, conseillers) dans le
diagnostic, la planification, le financement, l'exécution et le
suivi-évaluation des activités dans les différentes
approches pour que s'en suive une comparaison.
Il est aussi important de définir dans cette
étude les notions de partenaire et bénéficiaire lié
au concept de la participation.
· Notion de partenaire et de
bénéficiaire
Selon le petit Larousse illustré de
1996, un partenaire est une personne, un groupe auxquels on s'associe pour la
réalisation d'un projet. Pour l'équipe de l'International
Development Research Center, un partenaire est toute personne et/ou
organisation avec laquelle on collabore pour atteindre des objectifs dont on a
au préalable convenu ensemble. Les partenaires sont liés par une
relation négociée et qui ont volontairement passé un
contrat auprès de la loi ou une entente morale (www.idrc.ca).
Dans le cadre de cette étude, le partenariat
désigne un accord écrit, verbal ou une entente morale entre le
vulgarisateur ou le conseiller et l'exploitant par rapport au
développement de l'activité de conseil et/ou de vulgarisation sur
un sujet négocié.
Pour le petit Larousse illustré de 1996, le
bénéficiaire est toute personne qui profite d'un
bénéfice, d'un avantage. Le bénéficiaire est un
concept utilisé par les projets et programmes pour décrire une
catégorie d'individus ou un groupe auquel on porte assistance. Cette
définition sous entend qu'il n'y a aucune responsabilisation de
l'individu ou du groupe par rapport aux résultats obtenus. Il s'agit
là de la non définition concertée d'objectifs ni de mise
en oeuvre de la solution. Mais cette définition pose déjà
un problème dans le cadre du conseil où l'exploitant est un
entrepreneur.
Dans le cadre de cette étude, la définition du
terme bénéficiaire n'est-elle pas erronée si l'exploitant
lui-même n'est pas associé à la définition des
objectifs, ce qui sous entend que celui-ci reçoit exclusivement, sans
rien donner en retour ? Cette situation n'est évidemment pas
responsabilisante et est de surcroit humiliante. Toutefois, on considère
comme bénéficiaire, tout exploitant qui reçoit une aide
technique, organisationnelle dont parfois il ne fait pas la demande et qui
n'est pas associé à la définition des objectifs
poursuivis.
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