Problématique des identités nationales dans la région des grands lacs: cas de la RDC et du Rwanda.( Télécharger le fichier original )par Charles-Augustin MUHINDO MUSONDOLI Université de Bunia RDC - Licence 2010 |
CHAPITRE IIIDENTITES DANS LA REGION DES GRANDS LACSL'Identité étant le caractère de ce qui est un ou l'ensemble de traits culturels propre à un groupe ethnique (langue, religions, art, culture...) le sentiment d'appartenance d'un individu à une contrée est en ce jour l'objet de critique conduisant même à la mort, elle est source des conflits, du tension aussi bien sur le plan politique, culturel, économique, foncier social, religieux ... L'identité nationale est un sentiment national. Elle désigne le « le sentiment ressenti par une personne, de faire partie d'une nation »27(*). Tel est le cas d'un individu qui se déclare congolais, français, rwandais, burundais...quand il est officiellement de cette nationalité, mais aussi quand il a l'impression de partager assez des points communs avec cette nationalité pour appartenir à leur communauté. Le sentiment d'identité est intime à chaque personne tandis que l'identité nationale d'une personne est une intériorisation qui passe par les pratiques telles que les échanges économiques, les langues parlées. L'identité nationale désigne l'ensemble des points communs entre les personnes d'une même nation. Le renforcement de l'identité nationale arrive lorsqu'on est militairement menacée et il faut que cette menace se précise. Les éléments ci-après illustrent bien l'identité nationale, à savoir l'hymne national, la religion, l'heterogeneité, la langue, le drapeau, la culture... L'identité nationale est perçue à travers le monde différemment. En Ecosse et en Belgique, l'identité nationale est symbolisée par le drapeau national. En Haïti, France l'identité fait appel à la langue : le créole et le français pour le Haïti et le français pour la France. En Iran, l'identité nationale est la résultante de trois tendances : l'héritage colonial, culturel, social, naturel. En Russie, c'est la religion orthodoxe et la langue russe... Cette question identitaire a soulevé aussi des passions à travers le monde. Le Taiwan avec la Chine, la Macédoine avec la Yougoslavie et la Grèce, la République Dominicaine avec l'Espagne, le Haïti, le Hong-Kong à la Chine, la Yougoslavie avec les Etats tels que : Slovénie, Croatie, Bosnie-Herzégovine, Serbie, Monténégro, Macédoine et les provinces autonomes de Vojvodine et Kossovo... et l'Afrique en générale et la Région des Grands Lacs n'échappent pas à cette situation. Selon Joseph KI-ZERBO « la multiplication des guerres provient des problèmes structurels qui n'ont pas été résolus par l'indépendance (...) les amples causes des guerres et de conflits remontent à la seconde moitié du 19ème siècle »28(*). En parlant des ethnies, KI-ZERBO, recommande de « cultiver les structures interethnique et transethniques positives, parce qu'elles peuvent aider à résoudre des problèmes. Il est évident que les guerres ne finissent jamais si l'un s'en tête à ne regarder que les ethnies qui dépassent souvent le frontières nationales. Est-il possible de mettre fin aux guerres en Afrique, l'on y croit pas maintenant car pensent-ils : « ceux qui essaient de mettre fin à la guerre, sont souvent ceux qui vendent les armes en sous main ou bien qui défendent leurs intérêts pétrolier au prix de guerres civiles entre africains »29(*). Du début du 20ème siècle, la Région des Grands Lacs, la question de la nationalité persiste et certains auteurs proposent même de réflexions savantes. Tels sont le cas de : Déo MBONYIKEBE SEBAHIRE qui analyse la situation en affirmant qu'elle « est secouée par des crises identitaires caractérisées par des réflexes d'exclusion, de refus de la différence et la présence d'identité à la fois meurtries et meurtrières »30(*). Jean Pierre CHRETIEN quant à lui estime que l'identité dans la Région des Grands Lacs est « la crise n'est pas l'expression d'un héritage ancestral (celui d'atavisme négatif) qui resurgirait aujourd'hui, elle n'est pas non plus le produit de la malignité coloniale. Elle est le fruit d'une situation mal contrôlée, mal géré, d'une adaptation manquée à l'entrée de la région dans la sphère des contacts et échanges mondiaux. Les solutions doivent être inventées, expérimentées, promues, par la génération actuelle. Mais, on ne bâtit pas l'avenir dans l'amnésie, dans la confusion des connaissances et avec passions des mémoires portées à chaud par les violences de la dernière décennie »31(*). Enfin Dominic JOHNSON distingue les conflits de nationalité d'ethnicité. Pour lui, « les conflits de nationalité de ceux d'ethnicité qui sont des luttes ou des guerres entre ethnies au sein d'un Etat. Les conflits de nationalité consistent en une dispute fondamentale sur l'appartenance de communauté à la nation, de qui est citoyen avec les droits qui en découlent et qui est étranger, donc sans droits citoyens »32(*). Pour certains l'immigration Burundo-Rwandaise par le biais de colons Belges en est l'origine car elle constituait la main d'oeuvre non-négligeable tandis que pour les autres elle est un phénomène qui date d'avant la colonisation. C'est pourquoi, pour Mutoy MUBIALA, la mobilité transfrontalière postcoloniale a connu deux phases : - 1959-1994 : mobilité due aux réfugies de la première génération - 1994 à ce jour mobilité due aux refugies de deuxième génération.33(*) 1. Immigration Rwandaise en RDCLa Belgique sur accord de Société des Nations à la suite de la Traite de Paix de Versailles avait repris le contrôle du Rwanda et du Burundi. Ce qui créa une sorte d'Afrique équatoriale Belge avec l'intégration aussi bien politique que monétaire. Cette intégration entrainera l'immigration Rwandaise vers la R D C à partir des faits ci-après : § Les mutations de fonctionnaires locaux de leur territoire d'origine à un autre : § La réalisation des migrations de travailleurs (en particulier du Rwanda vers le Kivu et le Katanga). § La gestion des congrégations missionnaires suivant le même modèle coloniale : § La création d'université, surtout au Congo (en particulier Lovanium/ recevant des étudiants de deux autres pays).34(*) Les conflit ayant surgit au Burundi en 1962 et Rwanda en 1959 provoquant une forte mobilité des ressortissants de ces deux pays en R D C. Cette immigration ou mobilité a eu comme conséquence progressive des terrains dans les pays d'accueil entre les autochtones et les immigres. D'où la résurgence de conflit de nationalité : Aussi, cette immigration est et reste une des sources liées aux incursions des Rwandais en RD Congo. La seconde phase de leur immigration mais surtout l'ampleur a certes aggravé la situation car elle est utilisée comme un des facteurs de guerre régionalisée ayant des conséquences telles que le démentiellement de la CEPGL qui est en phase de la redynamisation, le développement de activités militaires, le trafic illicite des armes, l'exploitation et le trafic des matières de la R D C. L'immigration rwandaise a presque semé « une impossible cohabitation, un difficile dépassement et une greffe entre le civique et l'éthique en mal de cohésion et d'harmonie politique ».35(*) Entre autochtones et immigres, on rencontre une forte opposition qui est se radicalise. Tel que nous l'avons dit ci-haut, il faut aussi noter que les mouvements d'immigration se caractérisent par l'immigration pour le travail qui se fait entre 1926 et 1937 et l'autre dite des transplantations des populations du Rwanda entre 1937 et 1957. Ceci avant la fondation de Mission d'Immigration des Banyarwanda, MIB, en 1948. Selon KAFARHIRE, « un grand nombre de banyarwanda furent installes dans le MASISI entre 1937 et 1945. Des statistiques montrent par exemple qu'en 1937 on dénombrait 691 Banyarwanda à Masisi. Ils atteignaient 8492 en 1942 tandis qu'en 1945, ils s'élevaient déjà au nombre de 24 448 ».36(*) Durant cette époque comme en ce jour, cette présence est perçue comme une menace. Au Nord Kivu, les immigrés ont une autorité coutumière à Rubaru dans le Bwisha et à Masisi à Gishari. S'agissant du Sud Kivu, la situation est différente car les banyarwanda ont été toujours réduit à payer leur tribut aux Chefs des terres et n'auraient pas encore d'autorité coutumière. 1.1. Rwandophone et BanyamulengeAu dire des géographes et historiens : Jean Pierre CHRETIEN, ELIKYA M'BOKOLO... les Banyamulenges sont localisés dans le territoire d'Uvira. Ils seraient au Congo avant 1885. Pour les uns, « les Banyamulenges seraient partis en exil à cause conflit de succession qui avait éclaté la mort du Mwami RWABUGIRI EN 1895... ».37(*) Les Banyamulenge furent recrutés par le Belges entre 1925 et 1929 pour le Katanga ou ils travaillaient au sein de l'U M H K (Union Minière du Haut Katanga). L'appellation Banyamulenge est de GISARO MUHOZA et date de 1976. L'Objectif est de se distancer de leurs ancêtres banyarwanda. L'usage du nom entra en vigueur après le génocide burundais de 1972. S'agissant des immigrés de 1959, il faut noter qu'afin d'éradiquer une certaine opinion et idéologie ayant comme objectif de semer la confusion, les Banyarwanda sont arrivés récemment au Nord Kivu et précisément à Masisi, car l'autorité coutumière a été toujours assurée par le Bahunde. Cette prérogative est au Bahunde et non aux Banyarwanda. Lors de l'indépendance, une question restait pendant aussi bien pour les autochtones que pour les immigres. La Belgique n'a pas légué au Congo une situation facile à gérer malgré la tenue de la Table Ronde en janvier 1960 qui n'a pas tranché sur le statut des banyarwanda. L'objectif était de faire voir aux noirs qu'ils étaient incapables à diriger le pays d'une part et d'autre part avoir les pieds dans les affaires internes du pays. * 27 www.wikipedia.org consulté le 2 septembre 2010. * 28 KIZERBO Joseph, A quand l'Afrique ?, Paris, éd. D'EN BAS et De l'AUBE, 2004, p 98. * 29 KIZERBO J. Idem, p 61. * 30 MBONYIKEBE SEBAHIRE Déo, Crise identitaire et construction idéologique : approche socio-anthropologique in Regard Croisés n° 12, Goma 2004. * 31 Jean Pierre CHRETIEN, Crises identitaires d'hier et d'aujourd'hui in Regards Croisés N°12 Goma 2004. * 32 JOHNSON Dominic, Les conflits de nationalité en Afrique. Les identités meurtrières. Faire face aux défis posés par nos murs psychologiques et idéologiques in Regards Croisés n° 12, Goma 2004. * 33 MUTOY MUBIALA « Le problème de la mobilité transfrontalière dans la région des grands lacs », in « Congo-Afrique » n° 389, novembre 2004, pp 562-568. * 34 MUTOY MUBIALA. Idem. * 35 KAFARHINE MURHULA Toussant, "l'autre visage du conflit dans la crise du grands lacs .Mémoire Historique sur la crise de la citoyenne au Kivu» in "Congo-Afrique" in 374, Avril 2009, p. 221-240. * 36 KAFARHIRE, Op.Cit. * 37 KAFARHIRE Idem. |
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