CONCLUSION
Au terme de cette étude intitulée « La
division internationale du travail : un frein pour le développement
de la RDC », il sied de rappeler que nous nous sommes attelé
à répondre à la principale question
suivante : En quoi la spécialisation de l'économie de
la RDC empêche-t-elle le développement de cette
dernière ? Et, en répondant à la principale ci-haut
reprise, cette étude repose aussi sur les réponses aux questions
secondaires telles que : Comment les Etats se sont-ils divisés le
travail ? Comment la RDC peut-elle se développer dans ces
conditions ?
Ainsi, à la suite des questions posées, nous
avons dans la partie intitulée « Hypothèse du
travail » formulé une vision provisoire du problème
soulevé. Et cette hypothèse a consisté à
l'idée selon laquelle le développement est la
matérialité du bien-être qui s'évalue par des
données statistiques et quantitatives de croissance, de plein-emploi et
de progrès technique. A ce sujet, nous avons dit qu'il ne peut pas y
avoir de développement sans industrie.
Et l'industrialisation n'est pas possible sans progrès
de l'agriculture. Aussi, le progrès agricole est impossible ou
très limité s'il n'est pas accompagné d'une
industrialisation accélérée. En effet, l'agriculture est
le moteur du développement à côté de l'industrie.
S'agissant de la RDC, la spécialisation de son économie repose
sur la production et l'exportation des matières premières. Et
c'est parce que la RDC a un faible degré d'industrialisation. Dans ces
conditions, son économie est triplement dépendante :
dépendance commerciale, financière et technologique. Aussi, elle
est exploitée : les termes de l'échange sont
inéquitables.
Quant aux deux questions secondaires, nous avons dit, pour
répondre à la première, que la spécialisation des
économies nationales est le fruit de la colonisation. Et en
considérant les genres de production échangée, le commerce
international nous montre que les Etats se sont divisés
inégalement le travail. En effet, les anciennes nations colonisatrices
ont surtout développé dans leurs anciennes colonies la production
des matières premières qui leur manquaient. Elles n'avaient pas
prévu l'industrialisation des colonies. Et la réponse à la
deuxième est que la RDC doit accroître et améliorer la
productivité de son agriculture et de son industrie.
Après vérification, l'hypothèse du
travail a été globalement confirmée. En effet, nous avons
relevé que le développement est un état de modernisation
technique continue et profitable à tous. Et cet état se manifeste
par la croissance économique accompagnée d'une
amélioration du bien-être matériel. Ici, la croissance
économique doit procéder du mouvement de hausse durable de
productivité moyenne du travail par le biais d'un système de
distribution équitable. Au fait, la croissance économique passe
par la modernisation technique c'est-à-dire par l'amélioration
des méthodes et des procédés et donc par le progrès
technique. A cet effet, rappelons que la technique n'est pas neutre. Elle est
la matrice des rapports de pouvoir, des rapports sociaux de production et de la
division hiérarchiques des tâches.
En effet, les hommes fabriquent des outils et
développent des méthodes et des procédés de
production de plus en plus techniques pour leur survie d'abord et puis pour de
nouvelles étapes de confort vital et social. Et l'explosion des
innovations technologiques actuelles, en tous les domaines, conditionne et
promeut les actions de développement à l'échelon du monde.
Cependant, ces innovations répondent plus facilement aux marchés
à haut revenu qu'aux besoins des pauvres. Aussi, cette connaissance
technologique se concentre dans les firmes géantes transnationales des
pays industriels. C'est ainsi qu'il y a inégalité entre les pays
dans les progrès techniques.
A cet effet, l'innovation technologique des pays industriels
accroît l'élasticité de la demande internationale pour les
biens qu'ils vendent à l'exportation. Au fait, l'innovation
technologique augmente la valeur ajoutée. Lorsqu'un pays se
spécialise dans une production où la valeur ajoutée est
grande, elle met, du même coup, en place les conditions de la progression
de son économie. Et cela est possible si ce pays requiert la mise en
place d'au moins l'embryon d'un système industriel.
Tandis que s'il se spécialise dans une production
où la valeur ajoutée est faible et n'est pas susceptible de
croître, cette spécialisation met en place autant les conditions
de stagnation de l'économie de ce pays. Et justement les
difficultés qu'éprouvent la RDC pour développer
harmonieusement son économie découlent de sa
spécialisation. Elle est sous industrialisée parce qu'elle ne
bénéficie pas suffisamment d'innovations technologiques. Son
commerce extérieur porte essentiellement sur les matières
premières et un petit nombre des pays clients.
Ainsi, son économie est fortement dépendante
(sur les plans commercial, financier et technologique). Sur le plan commercial,
à l'instar de tous les pays sous-développés, les
exportations congolaises s'orientent vers un nombre très limité
des pays. De cette exiguïté du marché, il en découle
deux conséquences. D'abord, les recettes d'exportation du pays
deviennent très sensibles aux fluctuations de la demande de ces quelques
pays importateurs. Ensuite, cette position d'oligopsone octroie aux
importateurs des produits congolais tout le pouvoir de marché et, donc,
l'avantage en matière de négociation des prix.
Sur le plan financier, la difficulté réside dans
la formation du capital national. C'est ainsi que la RDC se tourne vers les
capitaux étrangers : l'aide extérieure, d'une part, et des
investissements directs étrangers, d'autre part. et l'on constate,
à cet effet, que son économie est aujourd'hui à peine
congolaise tellement la pénétration des capitaux de provenance
étrangère est profonde. Ces capitaux développent en
priorité telle branche d'activité jugée indispensable
à l'expansion des profits des investisseurs. En faisant de la RDC
tributaire financière, les puissances capitalistes cherchent avant tout
à faire fructifier le capital qu'elles y ont investi.
Sur le plan technologique, la RDC procède à
l'utilisation des technologies importées pour ses activités
extractives car le seul recours à ses ressources internes limiterait
considérablement le champ de l'industrie possible. En effet, la
technique n'est pas neutre, elle ne s'improvise pas. Ceci revient à dire
que la RDC ne peut pas prétendre refaire l'histoire de la technologie en
commençant par produire à la main ses propres machines. Et cela,
quelle que soit l'insistance que l'on doit mettre sur la dépendance par
la technologie et sur la nécessité pour un pays qui veut se
développer de ne différer son effort de maîtrise de la
technologie.
Aussi, la RDC est exploitée : la division
internationale du travail internationale, en mettant la RDC face aux pays
développés, s'applique dans une situation de deux poids deux
mesures. Car la division internationale du travail met en place une
compétition (supposée) d'égal à égal entre
la RDC et les pays du Nord. Or, ces derniers se protègent contre les
exportations du Sud, en ce y compris celles de la RDC, par plusieurs formes des
barrières telles que l'imposition des quotas et des prix. En effet, les
co-échangistes ne sont pas égaux. A cela, il faut ajouter qu'ils
ne disposent pas des mêmes technologies non plus que des mêmes
capacités à produire des innovations technologiques. Ils n'ont
pas une égale capacité à investir.
Par ailleurs, le transfert des richesses de la RDC vers le
Nord est une autre forme d'exploitation. Ce transfert s'effectue à
travers deux mécanismes : les taux inégaux d'exploitation de
la force du travail et le transfert de l'épargne des riches à
l'étranger. En effet, la RDC comprime les coûts de sa production
pour continuer à afficher les plus faibles prix. Et comme le principal
élément déterminant les coûts de production est la
rémunération du travail, elle s'engage de ce fait à un
processus de compression des salaires. A l'inverse, du fait justement de
l'innovation technologique qui augmente la valeur du travail, les salaires
suivent plutôt une courbe ascendante au Nord. Aussi, le transfert de
l'épargne à l'étranger, soustraits ainsi aux
investissements au Congo, hypothèque lourdement tout espoir
d'élévation, à moyen terme, du niveau de vie des
populations congolaises.
Comme dit plus haut, la répartition internationale des
tâches est assimilable au progrès technique. En effet, alors que
l'échange des biens entre sociétés est très ancien,
la division approfondie des tâches entre nations est un
phénomène récent : partage des tâches entre
riches pays industriels et pays en développement, exportateurs des
produits primaires. Les pays riches s'enrichissent de plus en plus et les pays
pauvres s'appauvrissent davantage. Donc, la spécialisation fait des
gagnants et des perdants, conférant ainsi à la puissance publique
une grande responsabilité en termes d'accompagnement de l'ouverture des
économies. Et cette ouverture se fait actuellement selon les
recommandations de l'oligarchie (le FMI, la Banque mondiale et l'OMC)
régnant sur le capitalisme mondial.
Dans ces conditions, pour espérer se développer,
la RDC doit accroître la productivité de son agriculture et de son
industrie. Pour y arriver, la RDC doit solliciter l'annulation de sa dette
extérieure. Et, parallèlement, étant dans
l'incapacité de former un capital national, la RDC doit aussi demander
auprès des pays industriels et de Nouveaux Pays Industrialisés
l'injonction de leurs capitaux et aide matérielle massive (sans
conditionnalités d'ajustement structurel) dans les circuits
économiques congolais. Pour ce faire, cette intervention doit s'orienter
dans l'agriculture (biocarburants y compris), l'énergie (les
énergies renouvelables) et dans les mines (le lithium). Car cette aide
contribuera à reconvertir les industries polluantes de ces pays en
industries écologiques et permettra aussi à la RDC
d'accroître la productivité de son agriculture et de son
industrie
En effet, si les produits agricoles ne sont pas livrés
à l'état brut, la valeur ajoutée due à la
transformation locale contribuera tant à l'augmentation de la richesse
nationale qu'à la mise à niveau de l'expertise locale. Cette
valeur ajoutée locale contribuera à la rémunération
correcte des emplois ruraux générés et à
l'augmentation des recettes rurales. De ce fait, le développement
agricole, en augmentant le revenu des paysans, permettant de dégager une
épargne qui contribue au financement des investissements industriels.
Et l'industrie est la force la plus féconde des
économies nationales. Ses activités créent beaucoup
d'emplois. Elles diversifient et modernisent l'économie par une rapide
introduction du progrès technique. Elles transforment des hommes et
développent le salariat et les institutions bancaires et
financières. Donc, l'industrialisation est un indice du
développement. Elle permet à un pays de se spécialiser
dans des exportations de produits à haute valeur ajoutée et haute
technologie dont la demande croît rapidement (forte
élasticité) que dans des produits primaires dont la demande
mondiale augmente peu, voire stagne ou décroît.
Bref, toutes les spécialisations ne donnent pas les
mêmes avantages. Les pays qui le peuvent se spécialisent dans la
production des produits à forte élasticité,
c'est-à-dire ceux dont la demande augmente beaucoup quand les revenus
s'élèvent. Ils abandonnent alors la fabrication des produits
à faible élasticité aux pays moins puissants. C'est dire
que le contrôle et la maîtrise des productions hiérarchisent
les pays.
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