La division internationale du travail: un frein pour le développement de la RDC.( Télécharger le fichier original )par Aurélien NGOMA MAYANGI Université de Kinshasa RDC - Licence en relations internationales 2009 |
§2. CADREL'objet de ce paragraphe est de répondre à la question posée ci-dessus. Et d'entrée de jeu, il convient de relever que la rupture avec le capitalisme mondial signifierait l'autarcie, ce qui équivaut à renvoyer le développement de la RDC à un avenir lointain et incertain. Car la RDC aura encore beaucoup plus de difficultés à évoluer dans une situation d'autarcie. Elle a un faible degré d'habileté technique (tradition industrielle contestable) et les plus importants investissements sont assurés par le capital étranger. Ceci revient à dire que les grandes sociétés transnationales ont la haute main sur l'activité économique en RDC. A cela, il faut ajouter l'énorme dette extérieure qui l'étrangle. Ainsi, assez normalement, le remède pour sortir au plus vite du sous-développement consiste, d'une part, en une aide matérielle massive, en une injonction, de capitaux (sans conditionnalités d'ajustement structurel) dans les circuits économiques de la RDC afin de lui permettre de combler le plus rapidement possible son retard industriel par rapport aux pays du Nord. Et d'autre part, l'annulation de la dette extérieure s'avère aussi cruciale. Par rapport à la dette extérieure, nous aurions aimé que son annulation soit faite à titre de contrepartie de l'énorme dette sociale et écologique laissée par le développement occidental à la planète entière et aux plus démunis en particulier. Malheureusement, l'économie capitaliste à l'échelle mondiale est totalement deconnectée de processus démocratiques et de l'éthique. Son boulot est d'investir et de gagner de l'argent. Et donc, faute de mieux, la seule issue qui nous reste est l'initiative PPTE. Parallèlement, la RDC doit encore solliciter auprès des pays industriels et même des Nouveaux Pays Industrialisés (NPI) une sorte de plan MARSHALL (sans conditionnalités d'ajustement structurel) pour le Congo, comme dit plus haut : aide matérielle massive et une forte injonction de capitaux dans les circuits économiques congolais. En d'autres termes, elle doit leur demander de lancer un programme hardi et nouveau visant à mettre les ressources de leurs conquêtes scientifiques et de leurs progrès techniques au service de l'amélioration de sa productivité et de sa croissance. Car reconstruire l'économie congolaise c'est répondre à leurs propres besoins de convertir leurs propres industries polluantes en industries écologiques pour lesquelles il faudrait s'approvisionner en énergies renouvelables et en biocarburants. En effet, la RDC constitue un cas scandaleux à cause de ses énormes potentialités (scandale géologique et même agricole mais aussi pour ses atouts pour le développement de nouvelles formes d'énergie renouvelable). Par rapport à ses richesses minières, nous avons relevé, au premier chapitre, que son sous-sol détient aussi le lithium qui est aujourd'hui appelé l'or gris. Il est indispensable pour les voitures électriques de demain, un peu comme le pétrole (l'or noir) l'est aujourd'hui pour les véhicules actuels. Le lithium est donc le pétrole du prochain siècle. La RDC possède aussi « environ 685 millions d'hectares de formations arborées, soit 36% des terres émergées, auxquels il faut ajouter 443 millions d'hectares de formations arbustives et 178 millions d'hectares de jachères forestières, soit un total de 1306 millions d'hectares environ 60% des terres émergées de formations ligneuses et jachères forestières »101(*). Ceci revient à dire que la RDC est dotée d'un sol arable à la hauteur de plus de la moitié de son territoire terrestre. Cette situation est, en effet, un atout agricole, étant entendu que la richesse agricole est économiquement rentable tant pour l'individu que pour la communauté. Elle est renouvelable. A cet effet, notre agriculture(*) doit consister à nourrir les hommes mais aussi les machines et les véhicules (fabrication des biocarburants). Au fait, « la plupart des pays aujourd'hui développés se sont basés sur leur production agricole qui, non seulement, assure la sécurité alimentaire, mais aussi fournit des matières premières à des unités agro-industrielles de plusieurs types. Même si les produits synthétiques remplacent progressivement certains produits naturels, les jours des matières premières agricoles, alimentaires, médicinales ou autres sont encore trop longs. Ces matières sont très souvent naturelles, renouvelables et écologiquement protectrices de l'environnement, contrairement aux autres matières hautement polluantes »102(*). En effet, malgré le développement de leur propre agriculture, les pays développés ne pourront pas se passer des biocarburants venant d'autres pays, de la RDC notamment. Et, comme dit plus haut, « les produits agricoles peuvent donner lieu à une multitude d'applications chimiques. S'ils ne sont pas livrés à l'état brut, la valeur ajoutée due à la transformation locale contribuera tant à l'augmentation de la richesse nationale qu'à la mise à niveau de l'expertise locale. Cette valeur ajoutée locale contribuera à la rémunération correcte des emplois ruraux générés et à l'augmentation des recettes rurales, ce qui,..., peut stabiliser la monnaie locale »103(*). Aussi, « nous sommes dans une zone (...) où il y a le maximum d'énergie solaire. Donc, qui dit maximum d'énergie solaire, dit que nous pouvons faire de l'énergie solaire notre moteur du développement... C'est à nous d'être le champion du solaire parce que, quand ailleurs, on a deux, trois heures d'insolation, nous, on a quatre, cinq heures d'insolation par jour. Vous comprenez bien que l'énergie solaire peut être notre problème... A l'Est de la République où on a de zones montagneuses, on peut faire de l'énergie éolienne... Nous pouvons faire la géothermie... Donc, il y a plusieurs formes d'énergie au Congo. Il n'y a pas que l'hydroélectricité d'Inga »104(*). De ce qui précède, il apparaît que l'aide matérielle massive et la forte injonction de capitaux à solliciter devraient s'orienter essentiellement dans l'exploitation (transformation complète en RDC) du lithium, des produits agricoles (biocarburants inclus) et dans la création de nouvelles formes d'énergie renouvelable. Et, ici, fabriquer les biocarburants ne doit pas équivaloir à l'abandon des cultures vivrières ni à la déforestation aveugle. Car la forêt constitue le cadre de vie idéal et sécurisant pour une très grande diversité de la faune. Aussi, étant une grande étendue de terrain couverte d'arbres, la forêt renforce le phénomène des pluies ; elle alimente des sources et bassins hydrographiques. Et « la RDC détient environ cent vingt-cinq millions d'hectares des forêts naturelles, représentant près de 10% de l'ensemble des forêts tropicales du monde et 50% des forêts pluviales et humides africaines »105(*). A cet effet, signalons que « l'air qui est en train de rafraîchir l'Afrique et même le monde entier vient entre autres du Congo. Nous habitons une zone que l'on appelle, en sciences spatiales, la zone de convergence intertropicale. Donc, il y a une grande masse d'air qui quitte les tropiques et qui est projetée vers l'extérieur. Et le moteur de cette propulsion qui envoie cette masse d'air vers l'extérieur, c'est entre autres la forêt. Donc, sans la forêt, nous n'aurons pas les modèles (...) qui font que, quelque part, on retrouve l'air dont on a besoin. Et l'origine de cet air, c'est le Congo. Nous sommes un pays béni par notre position... Préservons notre forêt et battons-nous pour faire de notre forêt une source des devises »106(*). Et faire de notre forêt une source des devises, c'est en tirer non seulement des biocarburants mais aussi de l'énergie éolienne. Cette dernière est une forme d'énergie renouvelable à côté d'autres formes d'énergie. En effet, parlant d'énergie, même le Président américain a déjà reconnu que « dans l'ensemble de l'Afrique, il existe de l'énergie éolienne et solaire en abondance, ainsi que de l'énergie géothermique et des biocarburants... Les dons inépuisables que procure la nature à l'Afrique peuvent lui permettre de créer sa propre énergie et d'exporter de l'énergie propre et rentable à l'étranger »107(*). Les pays industriels et les NPI sont donc appelés à agir selon leurs consciences mais aussi dans notre intérêt commun. Lorsqu'une industrie pollue l'atmosphère dans un pays donné, cela nous affecte partout car le gaz à effet de serre n'a pas des frontières pour ne se propager que sur l'espace aérien des pollueurs. Ainsi, l'accès, pour la RDC, à des nouvelles formes d'énergie renouvelable lui permettra et aidera aussi les autres à contourner les phases les plus polluantes du développement. Il s'agit d'une chance que doit pouvoir saisir le monde au 21ème siècle. Plus haut, nous avons dit demande de l'aide matérielle massive et injonction des capitaux aussi à l'agriculture. Et c'est parce que « le développement agricole, en augmentant le revenu des paysans, permet de dégager une épargne qui contribue au financement des investissements industriels. Il permet en même temps d'entraîner une augmentation de la demande de produits industriels en atténuant l'obstacle de l'étroitesse du marché intérieur... Les exportations des produits agricoles permettent de financer l'importation des biens d'équipement et éventuellement des matières premières nécessaires à l'industrie »108(*). L'augmentation des revenus et donc du pouvoir d'achat des paysans par une agriculture dynamique et productive pourra occasionner un développement industriel. De ce qui précède, il apparaît qu'il existe des liens étroits entre l'agriculture et l'industrie. Et cette dernière est la plus féconde des économies nationales. Ses activités créent beaucoup d'emplois. Elles diversifient et modernisent l'économie par une rapide introduction du progrès technique. Elles transforment des hommes et développent le salariat et les institutions bancaires et financières. Et donc, l'industrialisation est un indice du développement économique. En effet, comme dit au chapitre premier, le développement économique désigne la croissance économique accompagnée d'une amélioration du bien-être matériel à l'intérieur d'un pays mais il désigne aussi une amélioration de l'alimentation, des services sanitaires et des routes... Ce qui n'est qu'une expression d'un état de modernisation technique continue et profitable à tous. Mais avant d'arriver à ce développement, il y a des préalables relatifs notamment à la formation de la population. Et, ici, nous faisons nôtres les propos du Professeur Albert KABASELE. « Nous devons savoir former. Nous devons former notre jeunesse... Je dis à notre jeunesse : ne faites pas les études pour les études, faites les études pour le métier. Les études pour le métier aujourd'hui, c'est les sciences spatiales, l'agronomie, l'hydraulique... Je voudrais bien que les congolais fassent ces études là pour se prendre en charge, pour prendre le devenir de leur pays en charge pour que demain l'on ne dise pas qu'il n'y a pas d'expertise. Nous avons besoin des ingénieurs pour fabriquer des cycles photovoltaïques, de mettre au point des modèles de l'énergie éolienne, pour faire de la géothermie, pour faire calibrer nos carrés miniers... Le développement aujourd'hui est dans le métier. Et nous devons le faire »109(*). RESUME DU CHAPITRE La division internationale du travail (DIT), considérée dans le cadre du système capitaliste mondial, a des conséquences. En effet, celles-ci sont d'ordre social, d'une part, et d'ordre environnemental, d'autre part. et aujourd'hui, ce sont les pays du tiers-monde qui en souffrent le plus. Aussi, au sein de chacun de ces pays, ce sont les populations pauvres qui sont les plus exposées à ces effets de la DIT. Les conséquences sociales sont immenses et profondes (destruction des services publics et des acquis sociaux). Les budgets sociaux sont drastiquement réduits : réduction des dépenses publiques utiles relatives à l'éducation, la santé, les routes,... Les richesses publiques sont et continuent d'être privatisées. De ce fait, l'ouverture à l'économie mondiale (privatisation, passation de marchés publics et autres transactions) s'accompagne de la corruption jusqu'au point que cette dernière est devenue une norme sociale acceptée en RDC. Et, naturellement, ces processus profitent seulement au monde des affaires pendant que la population est paupérisée (hausse du coût de la vie et donc réduction du pouvoir d'achat). Et les conséquences environnementales se résument à la destruction des équilibres naturels dont le problème fondamental est le réchauffement climatique (concentration croissante de gaz à effet de serre dans l'atmosphère). Pour rétablir l'équilibre de la concentration du gaz carbonique dans l'atmosphère, la communauté mondiale renforce les nouvelles formes d'énergie renouvelable. Et les pays compétitifs de demain sont ceux qui produiront écologiquement. A cet effet, pour se libérer de cette situation de sous-développement, la RDC doit impérativement solliciter l'annulation de la dette extérieure qui étrangle son économie et, parallèlement, elle doit encore demander auprès des pays industriels et même des Nouveaux Pays Industriels (NPI) une aide matérielle massive ainsi qu'une injonction de leurs capitaux (sans conditionnalités d'ajustement structurel) dans ses circuits économiques notamment dans l'agriculture (pour la fabrication des biocarburants entre autres), dans le secteur de l'énergie (création de nouvelles formes d'énergie renouvelable) et dans les mines (extraction et traitement du lithium). Toutes ces activités aideront les pays industriels et les NPI dans leur quête de conversion de leurs industries polluantes en industries écologiques pour lesquelles il faudrait s'approvisionner en énergie « propre ». Aussi ces activités permettront à la RDC de contourner les phases les polluantes dans le processus du développement et d'avoir une croissance économique autocentrée car les profits seront réinvestis dans le but d'avoir encore beaucoup plus d'énergie et ils le seront aussi dans d'autres secteurs, bien sûr. A cet effet, nous avons dit aide à l'agriculture, ce qui équivaut par conséquent au financement des investissements industriels : l'agriculture est le moteur du développement à côté de l'industrie. * 101 KADIATA, B., Sylviculture et Agroforesterie, Notes de cours, G3 Agronomie, UNIKIN, 2005, Pp. 5-6 * L'agriculture comprend toute activité consistant à faire pousser les plantes. Ce qui la lie à des activités connexes (foresterie, pêche, aquaculture, élevage, conservation de la nature). Et elle se déroule quasiment en milieu rural qui est la forme originelle d'agglomération humaine ou en milieu périurbain (semi-rural). Ces milieux disposent de grands espaces naturels ou cultivés mais non habités. Aussi, il ne suffit pas seulement de produire mais encore faut-il que ces produits puissent être achetés et consommés par les groupes humains qui en éprouvent le besoin. Ce qui impose le besoin d'infrastructures et leur adéquation aux besoins des marchés. De cette adéquation dépend aussi l'intégration économique tant sur le plan national que mondial. Et, cette transformation des structures exige la mécanisation de l'agriculture. Cette dernière part de l'acquisition des techniques améliorées vers l'introduction progressive des machines. * 102 BONGELI, E., Sociologie Rurale, Notes de cours, G2 Agronomie, UNIKIN, 2005, p. 39 * 103 Idem * 104 Propos du Professeur Albert KABASELE YENGA YENGA lors du magazine radio-télédiffusé Profondeurs `Spéciale information' du 23/09/2009 avec KIBAMBI SHINTWA à la télé NUMERICA * 105 MABIKA, P., « Pour la FAO, le secteur forestier constitue aussi un atout majeur du développement socio-économique de la RDC », in Bulletin d'information du Système des Nations Unies en RDC, mai 2003, p.15 * 106 Professeur Albert KABASELE YENGA YENGA, op.cit * 107 BARACK H. OBAMA, Discours prononcé à Accra, au Ghana (2009) * 108 NTUAREMBA, O., Economie du Développement, Notes de cours, G3RI, FSSAP, UNIKIN, 2007, p. 19 * 109 Professeur Albert KABASELE YENGA YENGA, op.cit |
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