1.1.3.3. S'agissant de l'usage des espaces publics
comme lieux d'aisance
Quant à la proportion des ménages ne disposant
pas de latrines elle n'est pas négligeable. Le recensement
général de la population et de l'habitat de 1993 présente
les statistiques suivantes au niveau national :
Tableau n°7 : Proportion des ménages par type de
lieu d'aisance et par lieu
d'habitation
|
Pourcentage des ménages par milieu de
résidence (%)
|
Type d'aisance
|
Urbain
|
Rural
|
Latrines traditionnelles
|
71,2
|
6,6
|
Water Closets (W.C.)
modernes
|
2,4
|
0,3
|
Nature
|
26,4
|
93,1
|
Total
|
100
|
100
|
Source : Rapport du recensement de la population et de
l'habitat (1993)
Les pourcentages sont obtenus en faisant le rapport entre le
nombre total des lieux d'aisance et le nombre total des ménages soit par
milieu urbain, soit par milieu rural. Le tableau suivant présente cette
répartition sur l'ensemble des ménages tant ruraux qu'urbains de
l'ensemble national.
Les facteurs structurant les représentations des espaces
urbains et rapports aux ordures
Perceptions, espaces urbains et gestion des ordures
ménagères à N'Djaména (Tchad)
|
80
|
Tableau n°8 : Proportion des ménages par type
d'aisance au niveau national
Type d'aisance
|
Pourcentage des ménages (%)
|
Latrines traditionnelles
|
20,2
|
Water Closets (W.C.) modernes
|
0,8
|
Nature
|
79
|
Total
|
100
|
Source : Rapport du recensement de la population et de
l'habitat (1993)
Pour l'ensemble de la population les statistiques indiquent
que seuls 0,8% de ménages disposent de W.C. modernes contre 20,2% ayant
des latrines traditionnelles. Le reste des ménages soit 79% ne disposent
pas de lieu d'aisance et, selon les auteurs des rapports du recensement
général de la population et de l'habitat de 1993, les membres de
ces ménages font leurs besoins dans la nature. Ils écrivent en
effet que « malgré une importance des latrines à
N'Djaména (voir tableau ci-dessous), les problèmes sanitaires se
posent avec acuité à cause de certaines pratiques telles que la
sollicitation des dépotoirs ou des domaines réservés
à l'Etat comme les espaces verts (zones de reboisement) pour la
satisfaction des besoins (...). L'utilisation de la nature pour de tels besoins
expose la population aux maladies infectieuses et parasitaires, et
accroît les risques de maladies endémiques ou
épidémiques » (BCR, 1995 :14). Daoussem Ronaye Lucie (1994,
14) observe que « même les familles qui ont des latrines
préfèrent déféquer dans les espaces vides
(forêts de Milezi34, terrain de football). Les petits enfants
sont autorisés à déféquer dans les concessions et
leur excréta est soit, jeté dans les tas d'ordures gardés
à l'intérieur des concessions, soit remis dans la rue » Le
tableau suivant donne une idée sur la situation à
N'Djaména.
Tableau n°9: Repartions des ménages selon le type
d'aisance à N'Djaména
Type d'aisance
|
Nombre de Ménages
|
Pourcentage ( %)
|
Latrines traditionnelles
|
91696
|
87.8
|
Water Closets modernes
|
3213
|
4.0
|
Nature35
|
9776
|
8.2
|
Total
|
104687
|
100
|
34 Voir carte de la ville de N'Djaména page
ii
35 Ce que les rédacteurs des rapports du
recensement général de la population et de l'habitat du Tchad
appellent
« nature » à N'Djaména c'est
l'ensemble des espaces non habités, les marécages et les espaces
réservés par l'Etat en vue de la réalisation des
infrastructures d'intérêts publics.
Les facteurs structurant les représentations des espaces
urbains et rapports aux ordures
Perceptions, espaces urbains et gestion des ordures
ménagères à N'Djaména (Tchad)
|
81
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Source : Rapport du recensement de la population et de
l'habitat (1993)
L'explication ci-dessus est proche de celle soutenue par
Emmanuel Fauroux et al. Ces auteurs rapportent que l'un des facteurs qui
expliquent l'extrême insalubrité de la ville de Tulear à
Madagascar se trouve être les habitudes culturelles des immigrants. Ils
s'expliquent en ces termes :
« Leurs villages d'origines et leurs campements de
brousse (entendez ceux des immigrants) se trouvaient le plus souvent dans des
clairières au coeur de la forêt. Déchets, ordures,
excréments s'y dissimulaient aisément et étaient
rapidement consommées par les sangliers et les porcs domestiques en
errance libre. Les comportements acquis dans ce milieu ont été
transposés dans le nouveau contexte urbain : on défèque ou
on se débarrasse des détritus divers à quelques dizaines
de mètres de sa case. » (Emmanuel Fauroux et al., 1991 :356).
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