Sidonie Zoa.
Dans son ouvrage, Les ordures à Yaoundé.
Urbanisation, environnement et politique au Cameroun, Anne Sidonie Zoa
(1995 : 9) montre que Yaoundé, la capitale du Cameroun entre dans un
processus de « poubellisation au moment même où l'Etat, au
lendemain de la conférence de Rio sur l'environnement et le
développement, a pris des mesures pour empêcher le
déversement des déchets toxiques et dangereux provenant des pays
industriels. »
Gestion des ordures ménagères à
N'Djaména
Perceptions, espaces urbains et gestion des ordures
ménagères à N'Djaména (Tchad)
|
43
|
Elle s'indigne devant « la quasi indifférence,
l'insouciance et la tolérance par lesquelles l'Etat au Cameroun
réagit face à l'ampleur des ordures ménagères dans
une ville comme Yaoundé. En un mot comment expliquer la
prolifération des villes poubelles dans un Etat qui se refuse
d'être une décharge pour les pays industriels ?»
Selon cet auteur, la croissance urbaine a des incidences sur
l'environnement, notamment pour ce qui concerne la production des
déchets par les citadins. Elle montre ensuite que la production des
ordures ménagères à Yaoundé est liée d'une
certaine manière aux systèmes de représentations, aux
croyances et aux pratiques sociales de ceux qui sont passés du village
à la ville et qui ne semblent pas avoir rompu tout à fait avec
les modèles socioculturels enracinés dans la tradition du
terroir. C'est sur ce dernier point que nous reviendrons plus amplement dans la
suite de notre exploration.
Le diagnostic que fait Valentin Mouafo (1999 :331) des villes
du Cameroun de façon générale rejoint le constat de Anne
Sidonie Zoa. Il part d'abord du postulat que « l'insalubrité
urbaine constitue aujourd'hui l'indicateur de dégradation de
l'environnement le plus perceptible dans la quasi-totalité des grandes
agglomérations urbaines camerounaises ». Selon lui le diagnostic
est clair et aucune ville ne fait exception. De Yaoundé à Maroua,
de Douala à Garoua en passant par Bafang et Bafoussam, les
déchets ménagers sont partout présents : dans les cours
d'eaux, dans les caniveaux, sur les chaussées, dans les marchés,
aux entrées des établissements scolaires et hospitaliers. La
principale conséquence de cette situation est le risque environnemental
et sanitaire qui l'accompagne. Il relève par ailleurs que de multiples
contraintes entravent la recherche de solutions :
- il cite d'abord l'absence des données précises
sur les caractéristiques et les quantités des déchets.
Ceci a pour conséquence le fait que, « les options techniques
choisies par les municipalités pour la collecte et le traitement restent
non efficientes » ;
- ensuite le financement de l'enlèvement des
déchets ménagers à partir exclusivement des ressources, de
l'Etat et des collectivités locales a échoué depuis
l'avènement de la crise économique qu'a connue le Cameroun (en
1987) et accentuée par la dévaluation du franc CFA ;
- enfin les rôles et les responsabilités des
acteurs impliqués dans la gestion des déchets ne sont pas bien
clarifiés. Ces acteurs sont notamment le gouvernement, les
collectivités locales la coopération internationale. La
responsabilité principale de la collecte des déchets
ménagers au
Gestion des ordures ménagères à
N'Djaména
Perceptions, espaces urbains et gestion des ordures
ménagères à N'Djaména (Tchad)
|
44
|
Cameroun est dévolue uniquement aux
collectivités locales qui souffrent du manque de compétences
techniques et aussi de leur subordination à un département
ministériel central.
|