II. DANS LES PAYS EN VOIE DE DEVELOPPEMENT
Evelyne Waas (ENDA, 1990 : 9) s'efforce de décrire
comment les ordures ménagères sont gérées en milieu
urbain des pays du Tiers Monde. « Cette gestion varie des quartiers dits
défavorisés ou périphériques aux quartiers
modernes, quartiers d'affaires ou résidentiels ». Elle indique que
les « ménages (...) produisent surtout des déchets
organiques. Environ 500g/jour pour un citadin du Tiers-Monde soit 180kg/an
».
Selon elle, les ordures ménagères des quartiers
défavorisés sont évacués, dans un carton, un
panier, une bassine ou un bidon usagé, par la ménagère ou
une des filles de la maison, soit vers la benne à ordure publique, soit
vers une décharge sauvage aux abords du quartier. Elle relève
ensuite que l'effort « rural » de propreté à
l'intérieur de la maison et de l'espace considéré comme
privé est maintenu en milieu urbain. La perception de l'espace collectif
ou public, en revanche, change considérablement. La
responsabilité de son maintien incombe aux autorités locales.
Très peu d'attention est en général portée à
cet espace public. Parcelles non construites, terrains vagues et ruelles
à quelque distance des maisons, se transforment ainsi en
dépotoirs d'ordures ménagères.
Trop souvent, le ramassage officiel des déchets
s'effectue de manière irrégulière et insatisfaisante dans
ces quartiers périphériques. Les poubelles collectives
débordent et le service ne tient pas ses engagements. Le défaut
de prise en charge publique, le traitement en « parent pauvre» des
quartiers périphériques par le service de collecte des
déchets d'une part, et la méconnaissance des dangers sanitaires
des décharges et dépotoirs sauvages d'autre part alimentent le
« laisser-aller » et la « déresponsabilisation » des
habitants quant à l'espace collectif urbain.
La notion de « déresponsabilisation »
évoquée ici mérite de retenir l'attention. En fait
l'auteur, en le soulignant laisse croire que les habitants dont il est question
ici avaient été
l'on qualifie de quartiers indigènes ne résident
pas en ville.
Gestion des ordures ménagères à
N'Djaména
Perceptions, espaces urbains et gestion des ordures
ménagères à N'Djaména (Tchad)
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« responsabilisés » vis-à-vis de la
prise en charge de la propreté de l'espace collectif urbain. Car la
« déresponsabilisation » nous semble être
nécessairement un état postérieur à celui de la
« responsabilisation ». Or l'auteur ne mentionne nulle part la
responsabilisation dont elle regrette la perte. Mais un état de
responsabilisation a-t-il précédé celui dont parle Evelyne
Waas ? Comment se caractériserait-il ?
Par ailleurs, parlant de l'évacuation et du transport
des déchets, cet auteur montre que l'accès aux quartiers
périphériques des pays du Tiers-Monde, souvent d'une grande
densité de population et sans infrastructures routières
conséquentes, est difficile au service officiel. Aussi, les habitants de
ces quartiers doivent-ils porter eux-mêmes leurs déchets jusqu'aux
bennes publiques installées là où le camion pourra venir
les vider.
Pour ce qui concerne les quartiers modernes, d `affaires ou
résidentiels le constat est tout différent du discours
précédent. Ces quartiers, selon Evelyne Waas, connaissent en
général une collecte de porte à porte. Les poubelles
privées, individuelles ou communes, s'il s'agit d'un immeuble sont
déposées au pas de la porte et vidées quotidiennement par
le service de ramassage. Ces quartiers qu'Evelyne Waas appelle vitrine
de la ville bénéficient d'un minimum de moyens.
Quant aux déchets industriels, ceux de l'artisanat, des
commerces, des marchés, des hôpitaux, ils sont soumis à des
conditions de gestion particulières. En fait, en fonction des dangers
potentiels pour l'environnement, l'entreprise surtout industrielle est tenue
d'assurer le transport de ses déchets sur des sites spécifiques.
Les établissements de petite échelle et les commerçants
des marchés, quant à eux recourent en général aux
bennes publiques lorsqu'il y en a, sinon au dépotoir sauvage.
2.1. la théorie de la « poubellisation
» de la ville de Yaoundé selon Anne
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