Introduction générale
Introduction
L'Agriculture Urbaine et
Périurbaine (AUP) constitue un des sous-secteurs clés de
l'agriculture au Bénin. Elle a connu un
développement important à la suite d'une forte croissance
démographique induisant un accroissement des besoins alimentaires dans
les centres urbains (Assogba-Komlan et al., 2007).
Les cultures maraîchères sont devenues une
activité répondant de façon efficace à la demande
alimentaire urbaine (Singbo et al., 2004). Elles jouent un rôle
sociologiquement et économiquement important au sein de la population
béninoise (Adorgloh-Hessou, 2006).
En effet, l'Enquête Modulaire Intégrée sur
les Conditions de Vie des ménages (INSAE, 2007) montre que l'incidence
de la pauvreté monétaire en milieu urbain s'est aggravée.
Elle est passée de 17,7% en 2002 à 22,1% en 2006. Il s'est
avéré que le maraîchage représente aujourd'hui, une
source importante de revenu et d'emploi (Adorgloh-Hessou, 2006). A
Cotonou, sur 263 ha de superficies cultivées en l'an 2000, le
maraîchage a rapporté pour l'ensemble des producteurs plus de
trois cents (300) millions de francs CFA de marge brute Hounkpodoté et
Tossou (2001).
Le maraichage a également un fort potentiel
en gain de devises. Selon le document de la Stratégie de Croissance pour
la Réduction de la Pauvreté (SCRP, 2007-2009) au Bénin
l'économie béninoise est vulnérable aux chocs externes car
elle est essentiellement basée sur le coton (40 % des recettes
d'exportation). La diversification des cultures d'exportation est alors un
volet qui pourrait réduire progressivement cette
vulnérabilité. Compte tenu de ce qui précède, les
cultures maraîchères ont été identifiées
comme filières prioritaires à promouvoir.
Cependant, plusieurs contraintes limitent la production
maraîchère au Sud-Bénin: la pénurie
foncière ; les difficultés d'approvisionnement en intrants
agricoles spécifiques ; les attaques parasitaires ; la
maîtrise de l'eau (quantité et qualité) et l'absence de
crédit (Adorgloh-Hessou, op cit.). Pour faire face à ces
défis, les maraîchers produisent en utilisant des techniques qui
vont des plus archaïques et peu recommandées à celles
modernes respectueuses de l'environnement et de la santé publique
Assogba (2007).
Tenant compte du caractère multidimensionnel que
revêt la filière « culture
maraîchère » nous voulons à travers
cette étude appréhender de façon quantitative le surplus
financier et économique que génèrent les exploitations
maraîchères sous différents systèmes de
production.
Problématique et Justification.
La production maraîchère constitue une composante
importante de l'AUP dans les villes du Sud Bénin (Agossou et al, 2001).
Elle contribue à la sécurité alimentaire des villes
(Adéoti, 2003). La production des villes de Cotonou, Porto Novo,
Sèmé Kpodji et Grand Popo représente en moyenne pour
certains légumes (chou, gboma, laitue, tomate, poivron, carotte et
concombre) 64% de la consommation annuelle de ces villes (Adorgloh-Hessou,
2006). Sans cette activité de nombreux citadins seraient dans
l'incapacité de se procurer certains légumes dont la consommation
régulière permet de limiter les carences nutritionnelles graves
(Gandonou et al, 2007).
Le maraîchage est également une activité
rémunératrice principalement pour les groupes vulnérables
ou marginalisés de la population urbaine (Gerstl, 2001). Au Sud du
Bénin, d'après le PADAP (2003), les exploitations axées
sur le maraîchage sont porteuses de plus de 60.000 emplois directs (chefs
d'exploitation, actifs familiaux, salariés et main d'oeuvre temporaire)
et 25.000 emplois indirects (commerçants, éboueurs etc.) en amont
et en aval de la filière.
Cependant, malgré les contributions positives
(sécurité alimentaire et nutritionnelle, recyclage des
déchets urbains, source de revenus et d'emplois), les systèmes de
productions maraîchères présentent des risques sanitaires
et environnementaux très élevés. Ces risques sont
liés à l'utilisation inadéquate des engrais et produits
phytosanitaires, aux pratiques d'irrigation inefficaces (FAO, 2003), à
la pollution de la nappe phréatique et à la santé des
consommateurs du fait de la présence des résidus dans les
légumes (Amoussougbo, 1993).
Assogba (2007), souligne que différentes
méthodes sont utilisées pour la protection des cultures
maraîchères contre les maladies et ravageurs. Au nombre de ces
méthodes, la lutte chimique est la plus utilisée.
Malheureusement, il s'agit aussi bien des pesticides chimiques
recommandés et non recommandés (insecticides coton). Les
maraîchers appliquent des doses inadéquates sans tenir compte de
leur rémanence (Vodouhè, 2007). L'utilisation de ces pesticides
non recommandés engendre, beaucoup de risques pour la santé
humaine et pour l'environnement (Pesticides news, 1999). Le
phénomène devient plus préoccupant quand, nous savons que
certains de ces légumes sont consommés à l'état
frais, sans aucune transformation préalable. Une étude de dosage
de résidus de pesticides dans le lait maternel réalisée
par le Service de Protection des Végétaux (SPV) à
Agonli-Lowé situé dans la vallée de l'Ouémé,
et dans trois villages du Zou, a montré que certains de ces laits
étaient contaminés, avec des teneurs au-delà des normes
autorisées par la FAO et par l'OMS (Adjé, 2004). D'autres
méthodes de lutte présentant moins de risques sont les extraits
de plantes comme Azadirachta indica, Hyptis suaveolens et Carica
papaya, de fabrication artisanale (Assogba, op cit.). Elles sont
économiques, efficaces, saines, respectueuses de l'environnement et de
la santé humaine. Elles permettent de valoriser également au
mieux les ressources locales, d'améliorer la qualité des
produits, de réduire les coûts de production et favorisent
l'augmentation de la productivité, et par conséquent,
l'amélioration des revenus des producteurs (Adétonah, 2007).
Cependant, force est de constater que les maraîchers continuent
d'utiliser à grande échelle, les pesticides chimiques
prohibés (Zossou, 2004).
L'APU étant essentiellement une agriculture de
contre-saison, elle fait usage de quantités importantes d'eau pour
l'irrigation. Mais les pratiques observées dans ce domaine sont rarement
conformes aux normes (Gandonou et al, 2007). L'adoption des Bonnes Pratiques
d'Irrigation (BPI) s'avère nécessaire. Les BPI sont
définies comme des pratiques qui permettent d'optimiser la production
tout en économisant l'eau et en minimisant les risques liés
à ces pratiques sur l'homme et l'environnement, de satisfaire les
besoins actuels et d'améliorer les moyens d'existence (FAO, 2003). Les
BPI doivent assurer un rendement maximal sur tous les plans :
économique, agronomique, social et environnemental,
Zella et Smadhi (2007). Selon Atidégla
(2006), le système d'irrigation utilisant la technique d'exhaure
mécanisée ou motorisée (utilisation de pompe manuelle,
motopompe ou pompe électrique) et la technique d'arrosage
modernisée (utilisation de tuyauterie flexible plus pomme d'arrosage)
est considérée comme le plus innovant. L'auteur précise
que ce système permet une application efficace de l'eau d'irrigation et
contribue à réduire sensiblement le gaspillage des ressources en
eau. Autrement dit, il démontre que la mise en application de ce
système est un important facteur pour assurer la durabilité
environnementale de l'APU. Elle est adoptée en AUP, pour réduire
la pénibilité et le temps de travail et utiliser toute
l'année les superficies cultivées, ceci en réponse
à la pression foncière de plus en plus remarqué au sein
des systèmes de production maraîchers au Sud-Bénin
Hounkponou, K. (2003).
C'est donc dans le but d'augmenter la productivité et
la qualité des produits maraîchers tout en sauvegardant la
santé et le cadre de vie des populations urbaines et
péri-urbaines que les variétés améliorées,
les Bonnes Pratiques Phytosanitaires (BPP) et les Bonnes Pratiques d'Irrigation
(BPI) ont été diffusées par les programmes de
vulgarisation et institutions tant nationales qu'internationales tels que
l'IITA, la FAO, la SPV les CeRPA etc.;
Mais, la politique agricole au Bénin a aussi
conditionné les pratiques de protection phytosanitaires et d'irrigation
au sein des systèmes de productions maraîchers au
Sud-Bénin. En effet depuis 1994 où les prix des intrants sont
passés du simple au double à cause de la dévaluation du
FCFA, le gouvernement, sur décision du conseil des Ministres,
Relevé n° 36/SGG/REL du 15 septembre 1994, exonèrent les
intrants agricole (engrais minéraux et produits phytosanitaires), les
semences et appareils phytosanitaires. Ces mesures sont actuellement en vigueur
en témoigne les articles 6 et 7 de la Loi n°2007-33 portant loi de
finances pour la gestion 2008, PASP (2008). Cependant L'application du
régime d'exonération pour les intrants est en
réalité très sélective; en plus, elle se fait dans
une certaine confusion et les procédures sont aussi fastidieuses. Ce
sont les intrants destinés à la filière Coton qui dans la
pratique sont exonérés Adégbidi et al. (2000).
Ceci explique le coût relatif faible des insecticides cotons
utilisés au sein des systèmes de production maraîchers et
donc l'accessibilité facile, relativement aux pesticides chimiques
recommandés pour le maraîchage qui sont taxés
Vodouhè (2007). Cependant, Il est important de noter que les
exonérations actuellement concédées ne sont pas
prévues par la loi. Elles sont donc conjoncturelles et devrait
être relevé en vue d'être en conformité au Tarif
Extérieur Commun en vigueur dans la zone UEMOA. Pour la campagne
2007-2008, objet de cette étude, les semences améliorées
des cultures maraîchères, les pesticides chimiques
recommandés pour le maraîchage et le matériel d'irrigation
(pompe, tuyauterie) n'ont pas bénéficié
d'exonération de droits et taxes Simeni Tchuinte (2008).
Même si l'augmentation du revenu des maraîchers
passe nécessairement par la mise en application de ces technologies
améliorées, force est de constater que le niveau d'adoption reste
faible (Assogba, op cit et Vodouhè, op cit). La
production maraîchère sous ces technologies
améliorées n'est elle pas en réalité rentable pour
les producteurs ? Les mesures fiscales actuelles ont elles une
incidence négative sur la rentabilité des systèmes de
productions maraîchers ayant recours aux technologies
améliorées de production ? Tels sont les
préoccupations essentielles de cette étude portant sur
la rentabilité financière et
économique des systèmes de production
maraîchère au Sud-Bénin. Elle inclut d'une
part la détermination des coûts et avantages liés à
l'adoption ou non de ces technologies améliorées de production
autant pour le producteur que pour la collectivité. Et d'autre part
l'évaluation de l'effet des subventions agricoles sur cette
rentabilité. Nous nous proposons de le faire en concentrant nos efforts
sur deux spéculations maraîchères : la tomate
(Lycopersicum esculentum) et le chou pommé (Brassica
oleracea capitata).
Objectifs de Recherche
L'objectif principal de cette étude est
d'évaluer et d'analyser la rentabilité financière et
économique des technologies améliorées de production de
tomate et de chou, et de mesurer l'effet des politiques agricoles sur la
rentabilité de ces systèmes de production au Sud-Bénin.
Pour aboutir à cet objectif principal, les objectifs
spécifiques (Os) suivants doivent être atteints :
Os 1: Evaluer la rentabilité
financière des différents systèmes de production de tomate
et de chou au Sud-Bénin.
Os 2 : Evaluer la rentabilité
économique des différents systèmes de production de
tomate et de chou au Sud-Bénin
Os 3 : Evaluer l'effet des politiques de
subventions agricoles sur la rentabilité des systèmes de
production de tomate et de chou au Sud-Bénin.
Hypothèses de recherches
Les hypothèses (Ho) associées
respectivement à ces objectifs spécifiques sont:
HO1 : Les systèmes de
production de tomate et de chou utilisant les technologies
améliorées sont financièrement rentables.
HO2 : Les systèmes de
production de tomate et de chou utilisant les technologies
améliorées sont économiquement rentables.
HO3: La subvention des principaux
intrants importés affecte positivement la rentabilité des
systèmes de production de tomate et de chou.
Plan d'ensemble
Le présent document est structuré en trois
points essentiels.
- La première partie (chapitre 1) traite de
l'introduction générale et de la revue bibliographique sur
l'agriculture urbaine et périurbaine.
- La seconde partie du document (chapitre 2) présente
d'une part, la zone d'étude (Sud-Bénin). Elle présente
d'autre part, la méthodologie adoptée pour l'étude.
- La troisième partie (chapitres 3, 4 et 5) de ce
document présente les résultats et discussions de même que
la conclusion générale.
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