Influenza aviaire hautement pathogène à H5N1. Bilan en Afrique de 2006 au 31 décembre 2007( Télécharger le fichier original )par Jean- Marc FEUSSOM KAMENI Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Doctorat d'état en sciences et médecine vétérinaires 2008 |
INTRODUCTIONEn janvier 2006, une épizootie d'influenza aviaire, provoquée par un influenzavirus hautement pathogène de sous-type H5N1, s'est déclarée au Nigeria et s'est étendue, en l'espace de quelques mois, à plusieurs pays africains. Le premier cas de transmission de cet influenzavirus à l'Homme a été identifié en Mai 2006 en Egypte. Cette épizootie a immédiatement suscité de vives inquiétudes (VALLET, 2006). Malgré, ou en raison, de l'hyper médiatisation de cette épizootie et de la menace pandémique qui lui est rattachée, il reste toujours difficile de s'en faire une idée précise et réaliste. « L'Afrique qui fait face à cette maladie épizootique n'est pas restée les bras croisés » a signalé le Président de la République malienne lors de la 4ème Conférence internationale sur la grippe aviaire à Bamako en décembre 2006. Ainsi à Dakar, en février, puis à Abuja en juin 2007, les ministres et experts africains avec le concours des partenaires au développement, ont évalué l'ampleur de la menace et proposé des réponses appropriées contre l'épizootie. Quel bilan peut -on faire de la maladie sur le continent africain ? L'objectif général de ce travail est de faire un bilan sur la survenue de l'influenza aviaire hautement pathogène en Afrique. Comme objectifs spécifiques, il s'agit de décrire : ü L'évolution spatio-temporelle de l'épizootie, ü L'origine et le mode de propagation de la maladie, ü Les méthodes de lutte mises en oeuvre, ü Les conséquences socio-économiques, ü Les conséquences pour la santé humaine, ü Ce qui a été fait au 31 décembre 2007 Cette étude bibliographique, réalisée à partir des données disponibles au 31 décembre 2007, alors que l'épizootie restait active dans plusieurs pays africains comprend deux parties :
Première partie : Filière avicole en Afrique et généralités sur l'Influenza aviaire Hautement Pathogène PREMIERE PARTIEFilière avicole en Afrique et généralités sur l'Influenza Aviaire Hautement PathogèneCHAPITRE I : FILIERE AVICOLE EN AFRIQUEI. Contexte macro économique de l'Afrique L'Afrique est le second continent au monde par sa population et le second (ou le 3e selon que l'on considère l' Amérique comme un ou deux continents) par sa superficie, après l' Asie. D'une superficie de 30 221 532 km² en incluant les îles, l'Afrique couvre 6 % de la surface terrestre et 20,3 % de la surface des terres émergées. Avec une population de 900 000 000 habitants en 2005, les Africains représentent 14% de la population mondiale. Le continent est bordé par la Mer Méditerranée au nord, le Canal de Suez et la Mer Rouge au nord-est, l' Océan Indien au sud-est et l' Océan Atlantique à l'ouest. L'Afrique comprend 46 pays en incluant Madagascar, et 53 en incluant tous les archipels (WIKIPEDIA, 2006a). Figure 1 : Carte de l'Afrique (WIKIPEDIA, 2006a) L'Afrique est considérée comme étant le lieu d'origine de l' être humain. L'Afrique chevauche l' équateur et englobe de nombreux climats ; c'est le seul continent à s'étendre des régions tempérées du nord aux zones tempérées du sud. A cause du manque de précipitations régulières et d' irrigation, tout comme de glaciers ou de systèmes montagneux aquifères, il n'existe pas de moyen de régulation naturel du climat à l'exception des côtes. (WIKIPEDIA, 2006a) Après une longue période de recul économique durant les années quatre-vingt et la première moitié des années quatre-vingt dix, le continent africain a commencé à enregistrer des progrès économiques significatifs dans la seconde moitié de la décennie. La production réelle a progressé de 4 % par an en moyenne entre 1996 et 1998, contre un rythme inférieur à 2 % durant la première moitié de la décennie. Bien que la croissance économique ait fléchi à 3,2 % en 1998, en grande partie en raison d'un environnement extérieur défavorable engendré par la crise économique asiatique, elle reste supérieure à celle du début de la décennie. Ainsi depuis 1996, le continent africain connaît dans son ensemble des taux de croissance par habitant positifs. II. Filière avicole en Afrique Dans presque tous les pays en développement, l'élevage de volaille, réalisé par des familles pauvres, rurales comme urbaines, participe au renforcement d'une agriculture familiale vitale pour les emplois et la sécurité alimentaire. Selon les statistiques de la FAO en 2003, l'Afrique héberge près de 8% de la population mondiale de volaille et participe pour 4% à la production d'oeufs et pour 6% à la production de viande aviaire. L'Afrique subsaharienne représente à peine 1,5% de la production mondiale de poulet (FAO, 2003). De même, sa part du marché est très faible dans les échanges mondiaux : Seule l'Afrique du Sud développe l'exportation de volaille entière ou découpée, essentiellement à destination des pays voisins (la Tanzanie notamment). En revanche, l'Afrique centrale et de l'Ouest importe de plus en plus de volaille en provenance de l'UE, essentiellement sous forme de découpes congelées. Parmi les productions en zone intertropicale, l'aviculture tient souvent une place de choix dans le plan de développement de nombreux pays. Ainsi, du point de vue économique, l'aviculture permet de diversifier le revenu des populations, d'économiser une partie des devises dépensées pour l'importation de produits alimentaires de haute valeur nutritive et de valoriser enfin les sous-produits agro industriels en les transformant en produits nobles tels que la viande et les oeufs (DOUMBIA, 2002). En Afrique comme dans de nombreux pays en développement, on distingue couramment deux types d'aviculture : L'aviculture traditionnelle constitué de poulaillers traditionnels et l'aviculture moderne. Ces deux modes d'élevage présentent des forces comme des faiblesses.
L'aviculture traditionnelle est un type d'élevage pratiqué essentiellement en milieu rural, sous un mode extensif où chaque famille paysanne possède un effectif faible de poules (KOE, 2001). Au Nigeria, l'aviculture familiale représente approximativement 94% de l'élevage avicole total et compte pour 4% environ de la valeur totale estimée des ressources animales du pays (TADELLE, et al. 2000). Elle représente 83% de l'ensemble des volailles nationales estimé à 82 millions de sujets. En Éthiopie, la volaille rurale concourt à 99% de la production nationale totale de viande, de poulet et d'oeufs (TADELLE, et al. 2000). La volaille est le plus faible investissement à la portée d'un ménage rural. Même dans ce cas, le fermier confronté à la pauvreté, a besoin de crédit pour obtenir le premier investissement qui lui permettra de s'élever de sa modeste condition. Au Bangladesh, les femmes représentent 20 à 30% de tous les chefs de ménage (SALEQUE, 1999); elles sont le plus souvent désavantagées en terme d'options pour la génération de revenus. En Afrique sub-saharienne, 85% des ménages élèvent des volailles, dont la propriété dépend des femmes à 70 % (GUEYE, 1998 et BRANCKAERT, 1999). Générer un revenu est le premier objectif d'un élevage avicole familial. Les oeufs peuvent procurer un revenu régulier, quoique modeste alors que la vente d'oiseaux vivants procure une source de liquidités plus flexible adaptée aux besoins. En République Dominicaine, par exemple, l'aviculture familiale contribue pour 23 % au revenu de la production animale (RAUEN et al. 1992). L'importance de la volaille pour les ménages ruraux est illustrée dans l'exemple ci-dessous provenant de Tanzanie (tableau I). En supposant qu'une poule locale ponde 30 oeufs par an, dont 50 pour cent sont consommés et les autres éclosent à 80 pour cent, chaque femelle produira 12 poussins annuellement. Avec un taux de survie de 50 pour cent et un sex-ratio de 50/50, la production totale d'une poule au bout de 5 ans sera de 120 kg de viande et de 195 (6,8kg) oeufs. Tableau I : Production projetée d'une poule en Tanzanie
Source : KABATANGE et KATULE (1989), FAO (2004). Le poulailler traditionnel est généralement géré par les femmes (TALAKI, 2000). Elles le développent le plus souvent en complément de l'activité agricole ou d'élevage familial. Les volailles constituent une source protéique supplémentaire dans la composition du repas quotidien. Elles interviennent aussi dans certaines pratiques culturelles telles que la dot ou les cérémonies funèbres. Par ailleurs, le poulailler traditionnel, véritable «caisse d'épargne sur pattes» ou «carte de crédit à plumes» procure souvent un revenu d'appoint non négligeable en cas de maladies ou pour assurer les frais de scolarité des enfants. Son coût de production est très faible : outre un complément alimentaire ponctuel, les volailles croissent en liberté, picorant ce qu'elles trouvent. Les races locales produites sont très appréciées du consommateur, par ailleurs très proche de l'éleveur : ce dernier suspend ses «poulets village» ou «poulets bicyclette» à son vélo pour se rendre au marché et les y vendre lui-même. A ces atouts, s'opposent une série d'insuffisances : de gestion d'abord, les dépenses et les revenus n'étant pas maîtrisés de manière optimale ; de commercialisation ensuite, avec un circuit peu développé et incapable, tel quel, de répondre à la demande urbaine croissante; de soutien public enfin, puisque ce mode d'élevage ne bénéficie pratiquement d'aucune aide de l'État. L'élevage traditionnel de poules paie un lourd tribut aux maladies qui déciment parfois tout le troupeau dans certaines exploitations. Par ailleurs, du fait de la divagation permanente des animaux, cet élevage est en proie non seulement à des épizooties et aux maladies de toute sorte, mais également constitue un véritable véhicule de maladies. De plus les normes de biosécurité ne sont pas respectées. (FAO, 2006a). A l'inverse de l'aviculture artisanale à approvisionnement familial en zone rurale, l'aviculture moderne est représentée par des élevages de type intensif, à l'échelle industrielle ou semi industrielle et elle est localisée pour la plupart, à proximité des centres urbains. Elle utilise des races améliorées qui reçoivent un aliment complet et en quantités précises, bénéficient d'une protection sanitaire et médicale et sont logées dans des conditions contrôlées (HABYRIMANA, 1998). L'aviculture «semi-industrielle» est surtout développée en Afrique du Sud, en Égypte et dans une moindre mesure, au Maroc ou en Algérie. Elle est apparue plus récemment dans certains pays d'Afrique de l'Ouest et du Centre (Côte d'Ivoire, Cameroun, Sénégal), à proximité des centres urbains pour répondre à la demande des villes. Elle produit bien entendu des quantités plus importantes que le premier mode d'élevage (au Sénégal, elle assure 40% de la production domestique). Dans plusieurs pays, l'élevage de type intensif est essentiellement tourné vers la production d'oeufs de consommation, la production de poulets de chair étant marginale. Au Bénin, par exemple, l'élevage moderne est caractérisé par la domination de la production d'oeufs sur celle des poulets de chairs. La filière « pondeuses » pour la production d'oeufs de table surclasse également la filière « poulet de chair » à Kinshasa. En effet, dans le secteur des pondeuses, la capitale de la République démocratique du Congo (RDC) assure l'essentiel de ses besoins par le biais de sa production locale, tandis que les importations couvrent plus de 90% des besoins de consommation de viande de volaille. Le prix de revient des intrants locaux disponibles à Kinshasa, l'aliment principalement de ne permet pas de produire un poulet local à croissance rapide, à un prix compétitif. De ce fait, compte tenu du faible pouvoir d'achat des populations, les produits congelés importés, principalement des abats de poulet et de dinde ainsi que des poules de réforme (qui ne pondent plus), couvrent l'essentiel du marché. Il est plus difficile de réaliser l'importation et la commercialisation d'oeufs frais en grandes quantités, ce qui explique que la production locale d'oeufs de table reste tout à fait compétitive. La production et la consommation d'oeufs en Afrique du Sud sont relativement stables depuis cinq ans. Le pays compte environ 17 millions de poules pondeuses et produit 339.000 tonnes d'oeufs. Le Gauteng et le Western Cape, provinces les plus peuplées avec le Kwazulu-Natal, concentrent plus de la moitié de la production et de la consommation d'oeufs en Afrique du Sud. La filière avicole est très concentrée et intégrée ; quatre grands groupes réalisent 60% de la production de poulets et d'oeufs en Afrique du Sud (dont Rainbow chicken qui produit le quart de la volaille sud-africaine). Ces derniers abattent plus de 600.000 poulets par semaine (MINEFI - DGTPE, 2005). La race est constituée d'individus de même espèce qui ont, entre eux, des caractères communs (ARAFAT, 2002). Ces caractères sont dits ethniques et sont transmis aux descendants. Les races généralement utilisées sont : la LEGHORN BLANCHE, la WYANBOTTE, la RHODE ILSLANDS RED et la SUSSEX. Les souches sont obtenues par le croisement (hybridation) au niveau des firmes spécialisées dans la sélection et la génétique aviaire à partir de races pures entretenues dans les élevages « pedigree » (DAYON et ARBELOT, 1997). Les souches sont très variées. Au Cameroun, on dispose de souches HUBBARD, VEDETTE et JUPITER pour les poulets de chair, SHAVER, BOVANS, HYLINE, ISA BROWN, LOHMANN BROWN et la BABCOK B39 pour les poules pondeuses (ARAFAT, 2002). Les souches les plus connues et élevées au Sénégal sont : Ø Filière ponte : Lohmann Blanche et Rouge, Hy-Line Blanche et Rouge, Harco, Isa Brown, Gold Line, Shaver et Star Cross, Ø Filière Chair : Cobb 500, Hubbar, Ross 208, Vedette. Les souches aviaires hybrides de l'espèce Gallus gallus utilisées en Algérie sont représentées dans le tableau suivant : Tableau II : Souches aviaires hybrides de l'espèce Gallus gallus utilisées en Algérie.
Source : GREDAAL, 1997 Le type de spéculation selon KEBE cité par BANKOLE (2000) est déterminé par les moyens financiers disponibles, la technicité et les objectifs des producteurs. Trois spéculations sont à distinguer : Ø La spéculation « chair » avec les élevages qui n'élèvent que les poulets de chair ; Ø La spéculation « ponte » avec des élevages qui n'élèvent que les poules pondeuses ; Ø La spéculation « mixte » qui est l'association des deux spéculations précédentes. L'offre avicole africaine repose dans sa plus grande majorité sur des systèmes traditionnels de production relativement rudimentaires. La prédominance de ce type d'élevage est déjà un élément explicatif important de la faible production avicole, surtout en Afrique subsaharienne. D'autres éléments pèsent de manière plus ou moins significative sur les capacités de production locale. L'Afrique du Sud, qui se classait, en 1998, première du continent dans la production de poulets, a bénéficié d'un important développement de son élevage de volaille pendant la période d'embargo, sous le régime de l'apartheid. Ce pays connaît désormais des problèmes avec des produits importés, suite à la libéralisation de son économie. Le Nigeria est le plus grand producteur avicole de l'Afrique Subsaharienne, mais les taxes sur le maïs importé et une certaine désorganisation de la filière avicole limitent le développement des élevages modernes. La Côte d'Ivoire et le Sénégal pour Afrique de l'Ouest, et le Cameroun pour l'Afrique centrale sont les principaux producteurs de volaille. Tableau III : Principaux pays producteurs de volailles en Afrique (production en tonnes)
Source : BISIMWA, 2003. Tableau IV : Données sur la production avicole en Afrique et dans le monde en 2003
Source : FAO, 2003 L'Afrique (en excluant l'Afrique du Sud et l'Afrique du Nord) a vu, ces dernières années, augmenter de façon constante le volume de ses importations de viande de volaille. Depuis 1999, celui-ci croît annuellement en moyenne de 18,4% (SOS-Faim, 2004). Le circuit de commercialisation des volailles est bien établi dans les pays où l'aviculture moderne est développée. Par contre le secteur villageois de l'aviculture ainsi que certains secteurs modernes dans la plupart des pays connaissent un véritable problème de commercialisation et de filière. La traçabilité est absente. Figure 2 : Circuit de commercialisation des volailles (Cas du mali), FAO, 2007a III. Organisation générale et Acteurs de la filière avicole Les acteurs de l'aviculture en Afrique sont très nombreux et variés. Pour ce qui est de l'aviculture moderne, on peut citer les sélectionneurs, les accouveurs et éleveurs reproducteurs, les producteurs, les provendiers et les encadreurs (ARAFAT, 2002). Le rôle de chacun de ces acteurs est capital pour le bon fonctionnement du secteur. L'Afrique a vu augmenter de façon constante le volume de ses importations de viande de volaille. Figure 3 : Importation de volailles en Afrique subsaharienne Source : COMMISSION EUROPEENNE, 2003 Les volumes écoulés sont en forte hausse depuis dix ans. Seule une légère baisse a été constatée en 1994, suite à la dévaluation du Franc Cfa, qui a momentanément découragé les opérateurs européens et africains. Entre 1999 et 2003, les importations de volaille en Afrique subsaharienne sont passées de 200 000 tonnes à 392 000 tonnes. Pour l'année 2002, les principaux pays importateurs de viande de volaille en Afrique subsaharienne sont par ordre décroissant le Bénin (72 328 tonnes en 2002) qui réexporte environ 90% de ses achats vers le Nigeria ( le Nigeria a importé 18 520 tonnes en 2001) ; puis le Ghana (27 295 tonnes) ; le Gabon (19 688 tonnes) ; la République Démocratique du Congo (15 812 tonnes) ; le Congo (11 273 tonnes) ; le Cameroun (8 211 tonnes) et le Togo (8 880 tonnes) ( FAO, 2003). A partir de 1995, la ratification des Accords de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) par les pays d'Afrique subsaharienne a scellé l'ouverture des marchés aux produits de tous horizons. L'Union Européenne (UE) est un des grands fournisseurs de l'Afrique subsaharienne. Alors que le volume global du commerce extérieur de viande de volaille de l'UE a baissé entre 2002 et 2003 (en 2003, les ventes néerlandaises, 2ème exportateur européen après la France enregistrent le plus fort recul, soit une chute de 53% en relation avec l'épizootie de grippe aviaire ; la Russie instaure, à partir d'avril 2003, une limitation de ses importations de volailles), le volume du commerce extérieur de poulets vers l'Afrique ne cesse de croître. En 2003, la progression est de plus de 5% (SOS- Faim, 2004). La baisse du prix des aliments a permis une baisse du coût des exportations vers l'Afrique de l'Ouest de 25% (SOS- Faim, 2004). Ainsi, selon l'Ofival (2003), les importations de viande de poulet en Afrique subsaharienne sont passées de 117 100 tonnes, en 1999, à 182 000 tonnes en 2003. IV. Atouts et contraintes de la filière avicole Dans les pays africains, la croissance démographique et urbaine induit une augmentation de la consommation de viande blanche face au renchérissement des prix de la viande rouge et une forte demande de produits avicoles, ce qui autorise une bonne marge de progression de la filière avicole. Dans la filière traditionnelle, les atouts suivants peuvent être exploités : Ø existence d'une demande spécifique avec la montée du consumérisme; Ø présence de races rustiques et adaptées ; Ø possibilité d'améliorer les races locales avec des races importées : amélioration génétique couplée au renforcement de la protection physique et sanitaire ; Ø métissage avec des races exotiques ; Ø coûts de production faible à nul ; Ø « banque à plumes» (poules utilisées comme réserve financière). Dans les pays à forte production de volaille de la zone (Afrique du Sud, Afrique du Nord, Sénégal, Cameroun, Côte d'ivoire, Nigeria, Ghana, etc.), les acquis suivants peuvent être capitalisés : Ø existence de plusieurs couvoirs dans les pays à forte production ; Ø présence d'aviculteurs et d'exploitants privés dans les grandes villes et d'organisations interprofessionnelles regroupant les acteurs de la filière ; Ø maîtrise des techniques de production avicole avec le développement de la privatisation des services vétérinaires ; Ø certaines zones présentent des conditions agro-écologiques favorables au développement de la production de maïs, principal intrant dans l'alimentation des volailles ; Ø disponibilité des matières premières et possibilité de fabrication d'aliments sur place en particulier en Afrique centrale où les conditions climatiques sont favorables à la production agricole. Concernant l'aviculture villageoise, des contraintes majeures pèsent sur la filière : Parmi les contraintes zootechniques, nous pouvons citer : Ø Insuffisance de l'alimentation tant en quantité qu'en qualité ; Ø Manque de formation, d'information et sensibilisation des producteurs Ø Inexistence ou Inadaptation de matériel d'élevage (mangeoires, éleveuses...) ; Ø Faible productivité des races locales Ø Faible potentiel génétique des races locales ; Ø Difficultés de commercialisation : inexistence de contrat de vente. Dans la filière avicole traditionnelle, la précarité des conditions d'habitat et d'hygiène entraîne des pertes importantes (retards de croissance des jeunes, désertion des nids par les couveuses...) d'une part et exacerbe les mortalités d'origine pathologique d'autre part (BONFOH, 1997) ; L'absence de prophylaxie conduit à des pertes de 75 à 100% des élevages villageois : la maladie de Newcastle et la maladie de Marek est la plus redoutée des producteurs (BOYE, 1992). Ainsi, plusieurs pathologies sont rencontrées (Newcastle, Gumboro, Coccidioses, Salmonelloses, Trichomonose,..). Le mode d'élevage et le mixage de l'aviculture traditionnelle avec plusieurs autres types d'élevages donnent des conditions favorables pour la transmission des maladies (grippe aviaire et autres) (KONIMBA, 1997, BONFOH, 1997). L'aviculture moderne est confrontée à des contraintes technico-économiques qui peuvent être situées à plusieurs niveaux (HABAMENSHI, 1994). Les banques considèrent l'aviculture comme un secteur à risque accentué par le manque de formation des producteurs, ce qui explique les difficultés d'accès au crédit pour ces derniers (ESSOH, 2006, LY, 1999). La multiplicité des organisations en relation avec l'aviculture ne facilite pas la tâche aux pouvoirs publics qui ne trouvent pas d'interlocuteurs valables pour poser et régler les problèmes de la filière. De plus, on note une insuffisance d'actions concrètes de l'État pour aider au financement de la filière (TRAORE, 1997). Selon AHAMET (2004), les défaillances observées dans l'application des normes techniques d'élevage sont à l'origine des mauvaises performances. En effet, la mauvaise conception des bâtiments, les vides sanitaires mal effectués en pratique et l'insuffisance ou l'absence d'hygiène souvent constatée dans les fermes ont des conséquences néfastes en élevage intensif. En Côte d'Ivoire, la qualité nutritive des aliments fabriqués de façon artisanale dans certaines fermes avicoles non qualifiées ne favorise pas une production optimale de ces fermes (M'BARI, 2000). L'alimentation qui représente plus de la moitié des coûts de production en aviculture moderne n'est pas maîtrisée et reste tributaire de la production de maïs qui est la principale composante, mais aussi du prix et de la qualité des intrants (prémix). Ces produits sont généralement importés. A cela s'ajoute le fait que les unités de production d'aliments qui existent, sont généralement en mauvais état. Les contraintes pathologiques sont de plusieurs ordres : - La volaille locale ne bénéficie pas d'une couverture sanitaire suffisante ; - Les Salmonelloses, les coccidioses, la maladie de Gumboro et la maladie de Newcastle sont les dominantes pathologiques (M'BARI, 2000, AHAMET, 2004) mais l'application adéquate des programmes de prophylaxie limite leur ampleur. - Les produits vétérinaires sont généralement importés et sont parfois en rupture ; etc. Les normes de biosécurité n'étant pas optimales dans la plupart des élevages modernes du continent africain, d'autres dangers comme l'influenza aviaire hautement pathogène deviennent des risques majeurs pour l'aviculture africaine et la santé publique. |
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