Chapitre II : GENERALITES
SUR L'INFLUENZA AVIAIRE HAUTEMENT
PATHOGENE
I Définition -
Importance
I.1
Définition
Dans le Code terrestre de l'OIE, l'influenza aviaire sous sa
forme dite « à déclaration obligatoire » est
définie comme une infection des volailles causée par tout virus
influenza de type A appartenant au sous-type H5 ou H7 ou par tout virus
influenza ayant un indice de pathogénicité intraveineux
supérieur à 1,2 (ou bien entraînant une
mortalité d'au moins 75 % des volailles). Les virus responsables de
l'influenza aviaire à déclaration obligatoire peuvent être
classés en deux catégories : le virus de l'influenza aviaire
à déclaration obligatoire hautement pathogène et le virus
de l'influenza aviaire à déclaration obligatoire faiblement
pathogène (OIE, 2007a).
I.2 Importance
I.1.1 Sur le plan
médical
L'infection aviaire est médicalement grave. Les formes
septicémiques évoluent rapidement chez l'animal vers la mort en
un à deux jours. La mortalité est de 90 à 100% chez les
volailles (KONE, 2007).
I.1.2 Sur le plan
économique
À l'instar des autres maladies animales
transfrontières, l'influenza aviaire aura des effets
généralisés sur les modes de subsistance des petits
aviculteurs, les échanges régionaux et internationaux, la
sécurité sanitaire des aliments, la santé publique, les
voyages internationaux et le tourisme. Ainsi :
Ø des centaines, voire des milliers, de poulets et
autres volailles pourraient continuer à mourir de la maladie ou
être abattus;
Ø les aviculteurs perdent leur principale, et parfois
unique, source de revenus, ce qui constitue une grave menace à leur
survie économique (SIDIBE, 2006) ;
Ø enfin, les conséquences de la crise pourraient
être extrêmement lourdes sur le plan de la sécurité
sanitaire des aliments, les économies nationales et le commerce
international (DOMENECH, 2005).
I.1.3 Sur le plan
hygiénique : Risque pandémique
La persistance très répandue du virus H5N1
chez les populations de volailles constitue un double risque pour la
santé humaine. Le premier est le risque d'une infection directe quand le
virus passe des volailles à l'homme, en provoquant une pathologie
très grave (AKAKPO, 2006).
Parmi les quelques virus de la grippe aviaire qui ont franchi
la barrière d'espèce et infecté l'homme, le virus H5N1 est
celui qui a provoqué le plus grand nombre de cas graves et mortels.
Le deuxième risque, plus préoccupant encore, est
celui de la transformation du virus si des occasions suffisantes se
présentent - en une forme hautement infectieuse pour l'homme qui se
propage facilement d'un sujet à l'autre. Une telle transformation
pourrait constituer le point de départ d'une flambée mondiale
(une pandémie).
Figure 4 : Carte mondiale des pays touchés par le
virus H5N1 (OMS, 2008a) 31 décembre 2007
Désigne les territoires où sont infectés
uniquement les oiseaux domestiques.
Désigne les territoires où sont infectés
uniquement les oiseaux sauvages.
II
Étiologie
II.1 Morphologie et structure
de l'influenzavirus
Les virus influenza appartiennent à la famille des
Orthomyxoviridae, virus à ARN. Leur génome est constitué
de huit segments d'ARN monocaténaire de polarité négative
associés à une transcriptase virale. L'enveloppe est
hérissée de spicules de deux glycoprotéines
différentes : l'hémagglutinine (H) et la neuraminidase (N).
Figure 5 : Structure du virus H5N1 (AFSSA, 2005)
Les influenzavirus de type A sont des virus enveloppés,
de forme sphérique ou filamenteuse, d'un diamètre variant de 80
à 120 nm (DELVALLEE, 2004).
II.2 Classement
phylogénétique
Les virus influenza sont classés en types et
sous-types. La classification en types (A, B et C) repose sur la nature
antigénique de la nucléocapside, tous les virus appartenant
à un même type possèdent la même
nucléoprotéine. Les virus influenza A sont classés en
sous-types en fonction des caractères antigéniques des
glycoprotéines de surface H et N. A l'heure actuelle, Seize types
antigéniques d'hémagglutinine et neuf types antigéniques
de neuramidase circulent chez les oiseaux sauvages (SAEGERMAN et al.,
2004). La plupart des combinaisons possibles entre ces sous-types ont
été isolées dans les espèces avicoles.
II.3 Caractères
physico-chimiques, culturaux et biologiques de l'influenzavirus
Les virus influenza sont sensibles à la chaleur (30
minutes à 56°C), aux acides (pH 3) et aux solvants lipidiques mais
sont particulièrement résistants dans les tissus et dans
l'environnement, notamment dans l'eau (FORMOSA, 2004). On estime qu'ils peuvent
survivre 4 jours à 22°C, plus de 30 jours à 0°C dans
l'eau et 40 jours dans les fientes (MANUGUERRA et al., 1995).
L'hémagglutinine (H) est une glycoprotéine
antigénique présente à la surface du virus de la grippe et
est responsable de la fixation de la particule virale à un
récepteur situé sur la cellule cible. Le nom
hémagglutinine provient de la faculté de la protéine
à agglomérer les érythrocytes hématiques (NELSON,
2005).
La neuraminidase est une classe d'enzymes de type
glycoprotéine antigène (N° EC 3.2.1.18) trouvée sur
la surface des virus de l'influenza. Elle fait partie de la famille des
glycosilases et de la sous-famille des glycosidases (enzymes hydrolysant les
composés O- et S-glycosyl) qui comprend aussi les amylases (enzymes
humaines digestives décomposant les longues chaines glycosées
comme l'amidon).
II.4 Propriétés
biologiques
II.4.1 Pouvoir
pathogène
Les influenzavirus de type A infectant la volaille peuvent
être divisés en deux catégories en fonction de leur
pathogénicité. La première catégorie,
potentiellement très virulente, est dite « hautement
pathogène ». Elle provoque, chez les volailles, de l'influenza
aviaire hautement pathogène (IAHP). Cette catégorie ne comprend
que des influenzavirus de sous-type H5 et H7.
La seconde catégorie d'influenzavirus de type A
regroupe tous les autres sous-types viraux et est dite « faiblement
pathogènes », elle provoque, chez les volailles, de l'influenza
aviaire faiblement pathogène (IAFP) (CAPUA et al., 2004).
Même si les influenzavirus de type A sont avant tout des
virus aviaires, ils infectent également plusieurs espèces de
mammifères. Des épidémies et des épizooties
à influenzavirus se produisent régulièrement dans les
populations humaines, équines et porcines. Des cas sporadiques se
produisent couramment chez certains mammifères marins comme les baleines
et les phoques et ont été décrits de façon
inhabituelle chez le vison (DELVALLÉE, 2004).
Tableau V : Espèces moléculaires
d'hémagglutinine d'influenzavirus de type A.
Sous-type
|
Oiseaux
|
Homme
|
Porcs
|
Chevaux
|
Autres Mammifères
|
H1
|
+
|
+
|
+
|
+
|
Baleines
|
H2
|
+
|
+
|
-
|
-
|
-
|
H3
|
+
|
+
|
+
|
+
|
Phoques
|
H4
|
+
|
-
|
-
|
-
|
Phoques
|
H5
|
+
|
+
|
+
|
-
|
Félidés
|
H6
|
+
|
-
|
-
|
-
|
-
|
H7
|
+
|
+
|
-
|
+
|
Phoques
|
H8
|
+
|
-
|
-
|
-
|
-
|
H9
|
+
|
+
|
+
|
-
|
Visions
|
H10
|
+
|
-
|
-
|
-
|
-
|
H11
|
+
|
-
|
-
|
-
|
-
|
H12
|
+
|
-
|
-
|
-
|
Baleines
|
H13
|
+
|
-
|
-
|
-
|
-
|
H14
|
+
|
-
|
-
|
-
|
-
|
H15
|
+
|
-
|
-
|
-
|
|
(Source : KAYE et PRINGLE, 2005 ; ETERRADOSSI et al.,
2002).
Tableau VI : Espèces moléculaires de neuraminidase
d'influenzavirus de type A
Sous-type
|
Oiseaux
|
Homme
|
Porcs
|
Chevaux
|
Autres Mammifères
|
N1
|
+
|
+
|
+
|
-
|
Félides, Baleines
|
N2
|
+
|
+
|
+
|
-
|
Phoques, baleines
|
N3
|
+
|
-
|
-
|
-
|
Visons
|
N4
|
+
|
-
|
-
|
-
|
Phoques
|
N5
|
+
|
-
|
-
|
-
|
Phoques
|
N6
|
+
|
-
|
-
|
+
|
Phoques
|
N7
|
+
|
+
|
+
|
+
|
-
|
N8
|
+
|
-
|
-
|
-
|
Baleines
|
N9
|
+
|
-
|
-
|
-
|
|
(Source : KAYE ET PRINGLE, 2005 ; ETERRADOSSI ET al.,
2002)
Les mécanismes moléculaires impliqués
dans le franchissement de la barrière d'espèce ne sont pas encore
identifiés. Mais il est établi que l'affinité d'un
influenzavirus pour son hôte est déterminée par le type
moléculaire de son hémagglutinine et de sa neuraminidase qui
conditionnent la possibilité de reconnaissance et d'hydrolyse des
récepteurs cellulaires et donc la capacité d'infection cellulaire
(ETERRADOSSI et al., 2002).
II.4.2 Variabilité
génétique des influenzavirus
Les influenzavirus sont pourvus d'une grande plasticité
génétique. Les mutations ponctuelles et les réassortiments
génétiques sont les deux mécanismes connus contribuant
à leurs variations génétiques.
II.4.2.1 Mutations
ponctuelles
Tous les influenzavirus de type A sont
génétiquement instables. Leur composition génétique
change en permanence car ils sont incapables de corriger les erreurs qui se
produisent au cours de la réplication (WEBSTER, 2004 ; WEBSTER et
HULSE, 2004). Lorsqu'une mutation aboutit à la mutation d'un site
antigénique, on parle de « glissement antigénique » ou
de « dérive antigénique ».
L'intensité de la dérive antigénique est
conditionnée par la pression de sélection exercée par les
anticorps de l'hôte. Elle est donc variable selon les gènes et
l'espèce hôte considérée (SAEGERMAN et al.
2004).
II.4.2.2
Réassortiments génétiques
De par la nature segmentée de leur génome, deux
influenzavirus provenant de souches virales différentes et infectant une
même cellule, peuvent échanger des segments d'ARN. Ce processus
aboutit à l'émergence d'un nouveau variant, différent des
deux influenzavirus dont il est issu : une ou plusieurs protéines
virales d'une souche donnée ont été entièrement
remplacées par les protéines équivalentes d'une autre
souche. Théoriquement, deux influenzavirus ayant huit segments d'ARN
chacun peuvent générer 256 combinaisons différentes
(WEBSTER et HULSE, 2004).
Le phénomène de réassortiment est
particulièrement important pour l'évolution antigénique
des influenzavirus de type A, dans la mesure où il peut conduire au
changement complet d'une protéine inductrice de l'immunité.
Un virus généré (figure 6) par
réassortiment peut ainsi être composé des gènes
internes d'adaptation à l'Homme, c'est-à-dire des gènes
permettant une réplication efficace au sein de l'espèce humaine,
et des gènes codant pour une hémagglutinine et une neuraminidase
aviaire ne correspondant pas aux anticorps préexistants dans les
populations humaines (ETERRADOSSI et al., 2002).
Figure 6 : Génération d'un virus
modifié pour une contamination interhumaine. (CNRS, 2005).
II.4.3 Support
moléculaire de la virulence
L'hémagglutinine virale constitue un déterminant
majeur de la virulence. Elle permet l'attachement au récepteur
cellulaire et commande la pénétration du virus dans la cellule.
Pour être en mesure de remplir ses fonctions, elle doit être
clivée par des protéases cellulaires, sinon les virus produits ne
sont pas infectieux et le cycle viral s'achève. Les
hémagglutinines des influenzavirus faiblement pathogènes ne
peuvent être clivées que par des enzymes de type trypsine. La
réplication de ces virus est donc limitée aux sites où de
telles enzymes sont présentes, c'est à dire les voies
respiratoires et le tractus intestinal.
En revanche, les hémagglutinines des influenzavirus
hautement pathogènes peuvent être clivées par des
protéases de type furine qui elles, sont ubiquitaires. La
réplication de ces virus n'est donc pas limitée à certains
sites biologiques ce qui leur permet de disséminer à travers tout
l'organisme de l'hôte infecté et de provoquer une maladie
systémique (ETERRADOSSI et al., 2002).
La comparaison de la séquence des acides aminés
présents au niveau du site de clivage des hémagglutinines
révèle que celle des influenzavirus hautement pathogènes
comporte de nombreux acides aminés basiques adjacents : On parle de
site de clivage « polybasique », alors que celle des influenzavirus
faiblement pathogènes ne comporte que deux acides aminés
basiques. La présence d'acides aminés basiques additionnels,
résultant d'insertions ou de substitutions, permet au site d'être
reconnu et clivé par des protéases ubiquitaires (CAPUA et
al.,2004).
III Eléments
d'épidémiologie
III.1 Espèces
affectées
Toutes les espèces aviaires domestiques ou sauvages (en
particulier les oiseaux migrateurs de la famille des Anatidés) peuvent
être infectées par des virus influenza. Il s'agit le plus souvent
d'infections inapparentes, néanmoins des formes cliniques peuvent
être observées, en particulier chez les espèces domestiques
comme la dinde et la poule, qui sont les plus fréquemment
affectées. Les espèces domestiques les plus sensibles sont la
poule, la dinde, plus rarement le faisan, la caille ou la pintade. Certaines
espèces sont plus résistantes que d'autres. Ainsi, les canards
peuvent être infectés par des souches pathogènes en ne
présentant que des signes cliniques très discrets. D'autres
espèces dont le porc peuvent être contaminées mais de
manière beaucoup plus rare (AFSSA, 2007, DOMINGUEZ, 2006).
Certains des virus isolés chez les oiseaux sont
susceptibles d'infecter le porc, le cheval ou l'homme.
Des études phylogénétiques ont
montré que les virus humains de la grippe asiatique de 1957 et de celle
de Hong-Kong de 1968 (H3N2) ont subi des réassortiments
génétiques en acquérant 2 ou 3 gènes d'origine
aviaire.
Les virus ancestraux, liés à la grippe espagnole
de 1918 (H1N1) ou qui ont fourni des gènes à celles de 1957 et de
1968, circulent encore de nos jours dans les populations d'oiseaux sauvages en
ayant subi peu ou pas de changement.
Il a été démontré que le porc
représentait dans certains cas un hôte intermédiaire pour
la transmission des virus aviaires à l'homme. En outre, des virus
réassortants d'origine aviaire et humaine ont été
isolés chez cet animal.
Sont également sensibles aux virus grippaux d'autres
mammifères tels que les mustélidés (furet, vison), les
ruminants, les carnivores domestiques (notamment chiens et chats) et à
un moindre degré, les pinnipèdes, les cétacés, les
primates non humains et les chiroptères.
III.2
Réservoir
Les populations des espèces de l'avifaune sauvage
(notamment les anatidés sauvages) constituent avec le porc, le principal
réservoir des virus grippaux. Mais toutes les espèces sensibles
peuvent éventuellement jouer le rôle de réservoir et donc
entretenir des souches non pathogènes qui, à la suite d'une
mutation ou d'une recombinaison (infection mixte), peuvent devenir
pathogènes pour les volailles domestiques.
Certains de ces oiseaux réservoirs sont des oiseaux
migrateurs parcourant de très grandes distances, allant d'un
hémisphère à l'autre. L'arrêt temporaire de ces
individus migrateurs leur permet de rencontrer des colonies sédentaires
de la même espèce ou d'espèce différente, des
animaux sauvages sédentaires et des animaux domestiques (ETERRADOSSI et
al., 2002).
III.3 Transmission dans
l'Avifaune
L'Avifaune permet la diffusion du virus sur de grandes
distances, cela en raison de la multiplicité des occasions de
dissémination. La principale source d'infection et de
dissémination est la population aviaire, tant domestique que sauvage,
que ce soit à travers les produits de sécrétion et
d'excrétion (particulièrement les fientes, les
sécrétions respiratoires) ou les oeufs. Les anatidés
(canards pilet ou souchet...) migrateurs souvent infectés inapparents,
hébergent des souches de virus pathogènes pour les poulets et
constituent des sources très importantes de contamination (KONE, 2007,
MAYIGANE, 2008).
La transmission est surtout directe par contact, mais aussi
indirecte par des supports très variés : aliments
contaminés par les fientes d'animaux infectés, transport passif
par les personnes ou les objets venant de zones infectées. La
dissémination peut se faire d'une région, d'un pays ou d'un
continent à un autre.
III.4 Transmission
d'influenzavirus d'origine aviaire à l'homme
Jusqu'à 1997, très peu de cas d'infection
humaine par un influenzavirus aviaire avaient été
rapportés et aucune de ces infections n'avait été
associée à des manifestations de type grippal. Quelques rares
infections humaines par un influenzavirus de sous-type H7 d'origine aviaire
avaient été documentées et avaient été
associées à des conjonctivites. On considérait donc que
les influenzavirus aviaires ne pouvaient qu'exceptionnellement se transmettre
à l'homme et que le porc était un hôte intermédiaire
obligatoire pour générer des hybrides à tropisme
respiratoire (KATZ, 2003). Mais depuis 1997, plusieurs cas de transmission
directe à l'homme d'influenzavirus aviaires ayant provoquées des
manifestations respiratoires ont été décrits, notamment
avec les sous-types H5N1, H7N7 et H9N2 (KATZ, 2003).
En 2007, le passage d'influenzavirus aviaires à l'homme
ne paraît plus aussi exceptionnel qu'on le pensait avant 1997 (WIKIPEDIA,
2007a). Néanmoins, les influenzavirus aviaires infectant directement
l'homme se répliquent souvent peu efficacement et se transmettent
difficilement d'un individu à l'autre. Cependant, le danger
représenté par une infection humaine par un influenzavirus
aviaire est très aggravé lorsque l'hôte est
simultanément infecté par un influenzavirus bien adapté
à la réplication chez l'homme. Cette co-infection est en effet
susceptible de permettre, par réassortiment génétique,
l'émergence d'un hybride enveloppé d'antigènes aviaires
inconnus par la population humaine et ayant la capacité de
répliquer efficacement chez l'homme. (WIKIPEDIA, 2007a).
Tableau VII : Cas humains confirmés de grippe aviaire
dans le monde de 2003 au 31 décembre 2007 de type A (H5N1)
Pays
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
Total
|
Cas
|
décès
|
Cas
|
décès
|
Cas
|
décès
|
Cas
|
décès
|
Cas
|
décès
|
Cas
|
décès
|
Azerbaïdjan
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
8
|
5
|
0
|
0
|
8
|
5
|
Cambodge
|
0
|
0
|
0
|
0
|
4
|
4
|
2
|
2
|
1
|
1
|
7
|
7
|
Chine
|
1
|
1
|
0
|
0
|
8
|
5
|
13
|
8
|
5
|
3
|
27
|
17
|
Djibouti
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0
|
Egypte
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
18
|
10
|
25
|
8
|
43
|
18
|
Indonésie
|
0
|
0
|
0
|
0
|
20
|
13
|
55
|
45
|
41
|
36
|
116
|
94
|
Iraq
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
3
|
2
|
0
|
0
|
3
|
2
|
R.D.P Lao
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
2
|
2
|
2
|
2
|
Myanmar
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0
|
1
|
0
|
Nigeria
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
1
|
1
|
1
|
Pakistan
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
1
|
1
|
1
|
Thaïlande
|
0
|
0
|
17
|
12
|
5
|
2
|
3
|
3
|
0
|
0
|
25
|
17
|
Turquie
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
12
|
4
|
0
|
0
|
12
|
4
|
Vietnam
|
3
|
3
|
29
|
20
|
61
|
19
|
0
|
0
|
7
|
4
|
100
|
46
|
Total
|
4
|
4
|
46
|
32
|
98
|
43
|
115
|
79
|
85
|
57
|
348
|
215
|
Source: OMS, 2008b (02 janvier 2008)
IV Symptômes et
lésions
IV.1 Symptômes
Chez les oiseaux, les symptômes sont variables et
dépendent de la virulence du virus, de l'espèce hôte et des
éventuelles infections intercurrentes. Ils sont indifférents de
ceux décrits dans la maladie de Newcastle. L'incubation de la grippe
aviaire est en général courte (3 à 5 jours), mais peut
atteindre une semaine (AKAKPO, 2006). On retrouve notamment
les principales caractéristiques suivantes (OIE, 2007a) :
· Formes graves d'évolution aiguë ou
suraiguë qualifiées de « peste aviaire» : atteinte
importante de l'état général, cyanose de la crête et
des barbillons, oedème de la tête, sinusites, troubles digestifs
marqués (diarrhée verdâtre), éventuellement troubles
respiratoires et parfois nerveux, la mort survient en un ou deux jours et le
pourcentage de mortalité est supérieur à 75%.
· Formes subaiguës : atteinte générale
associée à des symptômes respiratoires et chute de ponte
avec un taux de mortalité pouvant atteindre 50 à 70%.
· Formes frustres : légers symptômes
respiratoires et problèmes de ponte.
· Portage asymptomatique : fréquent avec les
souches virales très faiblement pathogènes ou
apathogènes.
IV.2 Lésions
Lorsque la maladie n'a pas évolué très
rapidement les lésions suivantes sont observées. :
· Congestion sévère de l'appareil
musculaire ;
· Déshydratation ;
· Oedème sous-cutané de la tête et du
cou ;
· Écoulement du nez et du bec ;
· Congestion sévère de la conjonctive,
s'accompagnant parfois de pétéchies ;
· Exsudats muqueux importants dans la lumière
trachéale ou trachéite hémorragique
sévère ;
· Pétéchies à la face interne du
sternum, sur les séreuses et les tissus adipeux de l'abdomen, sur les
surfaces séreuses et dans la cavité splanchnique ;
· Congestion rénale sévère, parfois
accompagnée de dépôts d'urates dans les tubules ;
· Hémorragies et dégénérescence
des ovaires ;
· Hémorragies de la muqueuse de l'estomac
glandulaire, notamment à la jonction avec le gésier ;
· Hémorragies et érosions de la muqueuse du
gésier ;
· Foyers hémorragiques sur les tissus lymphoïdes
de la muqueuse intestinale (EMMANUEL. A. ,2006)
Les lésions observées chez les dindons sont
similaires à celles des poulets mais ne sont pas toujours aussi
marquées. Les canards infectés par des souches hautement
pathogènes et excrétant des virus ne présentent parfois
aucun signe clinique ni aucune lésion (OIE, 2007a).
V Diagnostic
V.1 Diagnostic sur le
terrain
Le diagnostic de la grippe aviaire sur le terrain est assez
difficile, à cause de la similitude des signes avec ceux d'autres
maladies comme la maladie de Newcastle.
La suspicion de grippe aviaire repose sur les
éléments épidémiologiques, cliniques et
lésionnels que l'on observe par exemple dans la maladie de Newcastle.
Cette suspicion de l'IAHP sera renforcée si on observe cette affection
dans un élevage avicole vacciné contre la maladie de
Newcastle avec atteinte de l'état général, cyanose
de la crête et des barbillons, oedèmes céphaliques avec
tuméfaction, chute considérable du taux de ponte (AKAKPO, 2006).
L'évolution peut être rapide vers la mort et peut
atteindre 100% avec absence de lésions. Lorsque l'affection sévit
sur un mode subaigu, on peut observer une congestion sévère de la
crête et des barbillons, de l'appareil musculaire, de la
déshydratation, un oedème de la tête, du cou et des
pétéchies sur les muqueuses internes et la peau.
Le diagnostic différentiel se fait avec certaines
maladies comme la forme aiguë du choléra aviaire, la maladie de
Newcastle à souches vélogènes, les maladies
respiratoires, comme par exemple : laryngotrachéite infectieuse
(OIE, 2007a).
V.2 Diagnostic de
laboratoire
Dans tous les cas, le diagnostic expérimental s'impose
pour la confirmation de la suspicion clinique et la détermination du
type de virus. Il repose sur les examens virologiques directs et indirects ou
sérologiques.
V.2.1 Méthodes
virologiques directes
Les méthodes virologiques directes consistent à
isoler et à identifier le virus à partir de
prélèvements (écouvillonnages trachéaux, cloacaux,
fèces venant d'oiseaux vivants et / ou d'organes provenant de cadavres).
Ces méthodes peuvent se faire également par inoculation d'oeufs
embryonnés de poule de 9 à 11 jours.
Le diagnostic virologique après inoculation à
l'oeuf embryonné peut se faire par la mise en évidence de
l'hémagglutination à partir du liquide allantoïdien et
l'identification par l'inhibition de l'hémagglutination en
présence d'antisérum mono spécifique pour
déterminer les sous-types.
Pour la détermination du type A, une RT-PCR avec une
amorce spécifique de la nucléoprotéine peut être
réalisée.
Pour la détermination des sous types H5 et H7, une
RT-PCR avec une amorce spécifique d'hémagglutinine peut
être également réalisée.
Cette identification est complétée par
l'évaluation de la virulence de la souche, par la détermination
de l'indice de pathogénicité, par voie intraveineuse chez les
poulets de 4 à 8 semaines. Cette détermination ne peut se faire
que dans des laboratoires spécialisés ou de
référence. Le laboratoire de référence de l'OIE est
celui de Padou en Italie.
Plusieurs laboratoires africains ont acquis du matériel
et la technique pour une ou plusieurs étapes de ce diagnostic (Centres
pasteurs en Afrique : Yaoundé, Dakar,.. ; certains
laboratoires nationaux africains).
V.2.2 Méthodes
virologiques indirectes ou sérologiques
Les méthodes virologiques indirectes se font sur un
couple de sérum précoce et tardif. Ces méthodes doivent
tenir compte de la pluralité antigénique des virus des grippes
animales. En général, on préconise, l'immunodiffusion en
gélose (IDG) avec un antigène de type
(Nucléoprotéine NP et M) permettant un diagnostic de
groupe ; l'ELISA ou l'inhibition de l'hémagglutination (IHA) avec
des anticorps spécifiques de sous-types.
Au total, le diagnostic de la grippe aviaire ou Influenza
Aviaire hautement pathogène doit se faire dans des laboratoires
agréés ou de criblage (IDG, IHA,
RT-PCR « M »). La confirmation se fait pour l'instant
dans les laboratoires de référence de la FAO ou de l'OIE
(caractérisation du liquide allantoïdien, identification du
sous-type) ; de même que la caractérisation du pouvoir
pathogène (indice de pathogénicité par inoculation en IV
au poulet de 6 semaines ou l'analyse moléculaire du site de clivage.
VI Prophylaxie et mesures
de polices sanitaires
Selon la FAO (2004), La maîtrise d'une épizootie
d'influenza aviaire est toujours difficile, en raison :
- de l'évolution constante des propriétés
antigéniques et de la virulence des influenzavirus ;
- de l'existence de réservoirs sauvages (oiseaux
sauvages aquatiques et éventuellement oiseaux sauvages migrateurs)
assurant une large contamination de l'environnement ;
- de l'existence d'un grand nombre d'espèces
hôtes (les oiseaux, les porcs, l'Homme et éventuellement les
félidés).
Il existe néanmoins un certain nombre de
stratégies ayant, par le passé, prouvé leur
efficacité pour lutter contre les flambées d'influenza aviaire,
c'est à dire pour prévenir leur propagation et permettre leur
éradication.
D'après TOMA et al. (2004), ces stratégies
sont :
- l'application de mesures sanitaires qui correspondent
à toute une série de précautions ou d'actions visant
à éliminer l'agent pathogène et à éviter la
contamination des individus sains ;
- l'application de mesures médicales qui consistent en
la mise en oeuvre de la prophylaxie médicale, en particulier de la
vaccination ;
- l'application de mesures médico-sanitaires qui
correspondent à la combinaison des deux types de mesures
précédents.
Il n'y a pas de traitement efficace contre la grippe aviaire.
La prophylaxie médicale est d'application difficile en raison de la
pluralité antigénique des souches et de l'absence de protection
croisée entre les sous-types (AKAKPO, 2006). Signalons
que des volailles vaccinées peuvent, en cas de contamination,
disséminer le virus malgré la vaccination. C'est pourquoi
recourir à la vaccination des animaux n'est pas sans risque. Vacciner
les volailles, présente le risque de masquer l'apparition du virus au
sein d'un élevage. Les programmes doivent être suffisamment
précis sur les raisons et l'ampleur de la vaccination. Ils doivent par
exemple prévoir des contrôles permettant, a posteriori, de
distinguer les oiseaux vaccinés des oiseaux infectés.
Cependant, la vaccination est relativement efficace
lorsqu'elle est adaptée au bon sous-type. La vaccination réduit
le risque qu'un animal devienne infecté par le virus de l'influenza
aviaire, diminue la quantité de virus qu'un oiseau peut relâcher
dans l'environnement, enfin, elle réduit la mortalité en cas
d'infection.
En revanche, la vaccination n'est pas efficace à 100%
puisqu'elle n'empêche pas l'excrétion du virus chez les animaux
infectés. Lorsque la situation sanitaire l'exige, on peut recommander un
vaccin inactivé spécifique de sous-type (cas du Pakistan depuis
2005, du Mexique, de l'Italie depuis 2001 contre les virus H7N1 puis H7N3).
L'adjuvant des vaccins inactivés serait toxique pour l'homme (AKAKPO,
2006).
En effet, on ne maîtrise pas le temps
d'élimination de l'adjuvant après la vaccination, ce qui pose le
problème du respect des délais d'attente lorsqu'on vaccine les
volailles en élevage traditionnel. Les vaccins à virus vivant
(poxvirus recombinant H5) : « Trovac Al, Merial
Select » permettent, en zone infectée, de faire la
différence entre une infection par un virus sauvage et le virus
vaccinal. Cette vaccination permet un contrôle de la
dissémination du virus, détectable par la recherche des anticorps
dirigés contre la neuraminidase N3 alors que les oiseaux vaccinés
ont des anticorps dirigés contre la protéine non structurale NS1.
Une décision de vaccination doit être prise en fonction des
circonstances et des caractéristiques de l'élevage.
En cas de foyers particulièrement étendus, il
est possible d'avoir recours à une vaccination d'urgence pour limiter la
diffusion du virus autour des foyers. Une surveillance rigoureuse des
élevages doit être maintenue pour détecter au plus
tôt un foyer d'Influenza Aviaire. Parmi les mesures
préconisées figurent l'insertion "d'oiseaux
dits sentinelles" dans les élevages des animaux non vaccinés
qui exprimeront la maladie et alerteront les responsables en cas d'infection.
Les volailles vaccinées devenant séropositives pour l'Influenza
Aviaire, constituent une entrave au commerce international.
Sur le plan sanitaire, il faut appliquer les mesures
défensives en zone indemne (interdiction d'introduction du virus venant
de pays infectés) et offensives en zone infectée par l'abattage
des malades et des contaminés, la destruction des cadavres, le nettoyage
et la désinfection correcte des poulaillers.
Des dispositions doivent être prises pour éviter
le contact entre la volaille domestique et les oiseaux sauvages. Il est
illusoire de vouloir détruire le réservoir sauvage
représenté par certains oiseaux sauvages.
Les résultats de la prophylaxie sanitaire sont
limités, à cause des difficultés liées à
l'importance du réservoir sauvage et au contrôle des oiseaux
migrateurs.
L'association des mesures sanitaires et médicales
retenues pour lutter contre l'influenza aviaire dépendra à la
fois des moyens disponibles (vaccins, tests de dépistage), de la
situation épidémiologique et des objectifs fixés. Elle
pourra évoluer au cours du temps avant de laisser la place à la
prophylaxie sanitaire exclusive, en vue de parvenir à
l'éradication de l'épizootie (TOMA et al., 2004).
La répartition de cette maladie sur le continent
africain est importante pour mieux comprendre les spécificités
liées à chaque pays afin de trouver la méthode de lutte
adaptée.
Deuxième
partie : Bilan de l'Influenza Aviaire Hautement Pathogène en
Afrique en 2006 et 2007
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