Section IV Le cas des experts consultants des pays
ACP
Déjà en 1997, Daniel Assoumou Mba, Claude
Uzureau et Claude Vache rot, trois experts très au fait de la Convention
de Lomé (signée entre l'Union Européenne et les pays
d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique), signaient dans la revue «
le Courrier » un article fort intéressant sur la
nécessité de renforcer le potentiel des consultants
Africains.11 Dans cet article, qui est toujours d'actualité,
les auteurs soulignent le nombre insuffisant de consultants Africains à
la hauteur des enjeux du développement économique du continent.
Le manque de professionnalisme et la prolifération des structures,
souvent conséquences de la faiblesse des moyens financiers et du
chômage, devrai ent inciter les décideurs à favoriser les
actions spécifiques qui puissent renforcer la capacité de la
consultance locale. L'idée d'accroître le transfert de savoir
faire dans ce domaine n'est pas nouvelle et elle est partagée par
certaines organisations internationales et autres institutions axées sur
la coopération Nord-Sud. C'est ainsi que la Banque Mondiale et les
autres banques de développement, dont la Banque Africaine de
Développement reconnaissent la nécessité d'impliquer les
consultants locaux dans les projets qu'elles contribuent à financer.
Pour sa part, l'Union Européenne et les pays ACP développent la
même idée et cherchent à l'appliquer dans la mise en oeuvre
conjointe de la convention de Lomé IV, c'est -à-dire dans les
projets financés par le Fonds Européen de Développement.
L'article souligne qu'à part les cabinets d'experts comptables qui
suivent des règles professionnelles très strictes et dont la
compétence n'est généralement pas contestée, il
convient de s'intéresser à deux catégories : a) les
bureaux d'études techniques d'aménagement qui rassemblent des
compétences techniques très variées et
11 Daniel Amoussou MBA, Claude UZUREAU et Claude VACHERAU. -
Experts consultants des pays ACP (un potentiel à renforcer) -
Le courrier ACP-UE, septembre octobre 1997, Numéro 165, p. 5-6
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parfois très pointues, en fonction de la taille du
cabinet et de ses domaines d'intervention. La notoriété de ces
bureaux est fonction de l'expérience professionnelle de ses membres. b)
les cabinets conseils de promotion et de développement qui regroupent le
plus grand nombre de consultants et qui s'intéressent à toutes
les actions de promotion et d'assistance générale.
Les auteurs soulignent que les facteurs locaux qui contribuent
aux faiblesses rencontrées dans beaucoup de pays sont essentiellement
dus au nombre relativement élevé de cabinet au regard du
marché solvable de la consultance. En effet, si les besoins
d'études, de conseil et de formation sont énormes, les
bénéficiaires de la consultance sont en revanche
généralement dans l'impossibilité d'en assurer le
financement. À l'exception de quelques gr andes entreprises, la
quasi-totalité de la consultance est financée par les bailleurs
de fonds. S'ajoute à cela une grande disparité de taille -
à coté de cabinets structurés et parfois importants, on
trouve toute une gamme d'entreprises de consultance, allant jusqu'aux
consultants individuels - et aussi, un manque de professionnalisme dans
certains cas. Les causes en sont multiples et tiennent notamment à une
formation insuffisante, voire inexistant, à une expérience
insuffisante vis-à-vis des domaines d'études, à une trop
grande diversification des cabinets, tant dans les prestations offertes que
dans les domaines d'activité couverts, sans que ceci corresponde
à une qualification des prestataires et à la contrainte
financière des clients locaux.
Le manque d'organisation de ce secteur professionnel constitue
également une de ses faiblesses. La certification d'un cabinet pour un
domaine de consultance donné suppose en effet l'existence d'une
structure professionnelle appropriée. En l'absence de certification, un
niveau de prestation satisfaisant ne peut pas toujours être garanti. Pour
terminer leur article, les auteurs suggèrent la mise en place d'une
structure d'assistance pour développer le professionnalisme des
consultants Africains, qui suppose la formati on des dirigeants à la
gestion d'un bureau d'ingénieurs conseils par des séminaires sur
le métier de consultants, la stratégie de développement,
la prospection, la prestation, la gestion des contrats et la formation au
métier de formateur.
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