Section II Les profils et les secteurs d'intervention
des consultants interrogés
Le questionnaire a permis de recueillir et de traiter les faits
et les opinions de consultants en activité dans seulement deux pays. En
effet, malgré plusieurs relances, il n'a pas été possible
d'obtenir les résultats du Sénégal. Ainsi, vingt deux (22)
réponses reçues en retour, dont vingt (20) du Burkina Faso et
deux (2) du Mali, ont été compilées, ce qui permet de
dégager les tendances ci-après.
25,00%
30,00%
moins de 5 ans entre 5 et 10 ans plus de 10 ans
45,00%
35
Graphique 1 : Répartition des consultants par niveau
d'ancienneté dans la
profession
La grande majorité des intervenants déclarent
être spécialisés dans le conseil et la formation en
direction des micro, Petites et Moyennes Entreprises (mPME) et des
organisations non gouvernementales (ONG), au xquelles ils apportent
principalement leurs expertises dans des domaines tels que l'audit, le
management, le droit, le marketing, la gestion administrative et
financière, la communication.
Ils sont également sollicités, dans une moindre
mesure, pour de l'appui conseil à la création d'entreprise,
l'élaboration de business plan, la qualité et la mise en place de
systèmes informatiques.
36
Section III. Les résultats
enregistrés
L'offre de conseil et de formation
Globalement, il ressort assez nettement que l'offre de conseil
est quantitativement et qualitativement diversifiée, mais insuffisante
et pas assez visible, du fait surtout d'un manque de professionnalisme. Cette
carence permet aux cabinets des pays développés en g
énéral, français et belges en particulier, d'intervenir
sur le marché, en sous traitance avec les consultants et cabinets
locaux, qui ont une meilleure connaissance du terrain.
Le processus d'intégration économique en cours
dans la zone UEMOA (Union Économique et Monétaire de l'Ouest
Africain) amplifie l'offre, mais donne plus d'opportunités aux
ressortissants de pays relativement plus développés, tels que le
Sénégal et la Cote d'ivoire. Les choses évoluent plus
lentement dans d'autres pays comme le Mali et le Burkina Faso. Ces
échanges Sud -Sud permettent aux consultants de coopérer et de
développer un certain professionnalisme.
Malgré ces quelques avancées, le secteur souffre
d'un manque d'intervenants dans certains domaines pointus. Par ailleurs, il
n'exis te pas encore d'organisations à même de prendre en charge
les besoins de professionnalisation des membres.
La demande de conseil et de formation
Le recours au conseil pour acquérir de la valeur
ajoutée n'est pas suffisamment développé. Les entreprises
ont plutôt tendance à faire appel au consultant lorsqu'elles ont
besoin d'un soutien financier de la part des bailleurs de fonds et des
institutions d'appui au développement
Pourtant, les entreprises africaines ont un besoin croissant
en matière de conseil et de formation, du fait de la
nécessité qu'elles ont à accroître leurs
compétences pour être compétitives sur un marché
mondialisé, donc de plus en plus concurrentiel
37
Les micros petites et moyennes entreprises (mPME) constituent
l'essentiel du tissu économique. Leurs moyens financiers limités
ne leur permettent pas de bénéficier régulièrement
des services des consultants, malgré leurs importants besoins en
développement. Cette carence financière est supplée tant
soit peu par les partenaires au développement, qui mettent en place des
structures d'appui, intervenant dans le cadre des Business Development services
(BDS). Le BDS est un terme générique anglais qui recouvre
l'ensemble des services non financiers aux entreprises tels que le conseil, la
formation, l es services techniques, l'information, les transferts de
technologie, les partenariats d'entreprise, etc. Le terme est traduit par
services aux entreprises ou services d'appui aux entreprises.
Au niveau des grandes entreprises, les processus de privatisati
on ou d'ouverture des capitaux de beaucoup d'établissements publics
offrent des opportunités non négligeables
Les commanditaires ne sont pas toujours solvables et sont
obligés de faire appel aux financeurs, que sont les agences
d'exécution mis en place par les bailleurs de fonds bilatéraux et
multilatéraux
La prescription emprunte souvent des canaux informels, dans la
mesure où la plupart des affaires sont conclues sur la base de
connaissances personnelles, qui sont autant de réseaux informels, qui ne
répon dent pas toujours à des critères de transparence
dans la mise en compétition
La tendance des prescripteurs est de faire très souvent
appel aux mêmes intervenants. C'est la raison pour laquelle les cabinets
obtien nent souvent des missions par récurrence, lorsqu'ils ont
l'occasion de donner satisfaction à un client. C'est ainsi que des
short-lists sont utilisées lors des consultations restreintes, sans
toujours passer par des appels à manifestation d'intérêt,
qui auraient permis à tous les intervenants potent iels de postuler.
Les freins au développement des métiers du
conseil
Plusieurs catégories de facteurs contribuent à
freiner l'essor des consultants. Pour les besoins de la présente
étude, deux groupes de facteurs sont
38
privilégiés : ceux relavant des
caractéristiques du marché et ceux dus au profil des
consultants
Du fait de l'opacité qui règne dans ce milieu,
les consultants interrogés déplorent le développement
d'une certaine forme de corruption dans l'attribution des marchés. C'est
ainsi qu'il est fréque nt de se retrouver en présence de termes
de références imprécises ou élaborés
exprès pour des prestataires déjà ciblés. Cette
situation induit une concurrence déloyale entre les prestataires
potentiels, qui ne connaissent pas toujours les critères qui prés
ident à la sélection des propositions techniques et
financières, ni à l'adjudication des marchés. Les
affinités personnelles et les considérations subjectives sont
mises en avant, au détriment de la compétence.
Les consultants individuels ou constitués en cabinet font
face à une autre forme de concurrence déloyale, qu'il est
difficile d'éradiquer. En effet, des « consultants » non
déclarés, ainsi que certaines structures associatives offrent des
services de même nature, à des coûts défiant toute
logique éco nomique. Lorsque le marché est attribué sur la
base de l'offre la moins disante, il va s'en dire que les consultants
régulièrement installés ont peu de chance d'êtr e
retenus par les commissions de dépouillement. Cette situation est due au
manque de réglementation de la profession. Aucun processus de
qualification n'est mis en place pour réglementer le marché et ex
iger des prestations de qualité.
Lorsque le consultant arrive à obtenir un
marché, il lui restera encore à surmonter deux écueils
majeurs que sont le financement et le règlement des honoraires. En
effet, du fait de la faiblesse économique des entreprises,
l'intervention de conseil est très souvent (pour ne pas dire
exclusivement) pris en charge par des institutions d'appui (ex : la Maison de
l'Entreprise du Burkina Faso), qui jouent en même temps le rôle de
prescripteurs institutionnels. Dans la majorité des cas, il incombe au
consultant de rechercher pour son prospect les moyens de financer son
intervention. En cours de réalisation ou à la fin de l a mission,
le consultant reste lié aux procédures de décaissement du
bailleur de fonds, lequel doit faire appel ou solliciter l'avis
préalable de sa structure mère, ce qui conduit fréquemment
au rallongement des délais de règlement.
39
Ces retards de paiement, ajoutés à la relative
modicité des honoraires, ne permettent aux consultants de disposer d'une
trésorerie conséquente.
Les consultants intervenant auprès des mPME se trouvent
très souvent en relation de conseil avec des entrepreneurs qui n'ont pas
forcém ent une culture du management moderne. La relation client-conseil
n'en est pas facilitée, dans la mesure où les deux parties ne
parlent pas le même langage.
Les termes de référence des missions ne sont pas
toujours très clairs, ce qui conduit à des recadrages
fréquents en cours de mission et à une redéfinition des
résultats escomptés.
Du fait d'une absence de formation spécifique aux
méthodologies et outils des métiers du conseil, la plupart, pour
ne pas dire l'ensemble des consultants sur le marché, éprouvent
des difficultés lors de l'élaboration des propositions
d'intervention, des réponses aux appels d'offres et des rapports de
mission. Le manque de compétence pédagogique est un handicap pour
ceux qui veulent utiliser la formation comme un produit d'appel.
40
Les demandes de formation exprimées
Exprimés sous forme d'objectifs d'apprentissage, les b
esoins qu ressortent le plus ont trait, dans l'ordre à
l'élaboration, l'animation et l'évaluation d'actions de
formation, l'élaboration d'offre de service et l'ani mation
d'équipe, l'Audit organisationnel ou social, l'élaboration de
propositions d'intervention de conseil, ainsi que la conduite des mission.
La plupart des consultants interrogés sur leur demande
de formation ont exprimé leur réponse sous forme de conte nu. Ce
fait confirme, s'il en était encore besoin, la nécessité
d'inclure dans le dispositif une bonne part de formation centrée sur les
objectifs.
AXES DE FORMATION
|
|
|
CONTENUS
|
Gestion des missions et de la Clientèle
|
|
·
·
·
·
·
|
la vente des services de conseil la fidélisation de la
clientèle l'amélioration de l'approche marketing
l'approche terrain en conseil et étude
la gestion d'un bureau de conseil
|
Méthodologies et outils
|
|
·
· · · · · ·
· ·
|
les techniques d'analyse socio-économiques des
organisations le développement organisationel le coaching
la communication
la pédagogie
l'audit
l'étude sociologique
le développement des supports la conception des
thèmes de formation
|
|
|
·
·
|
I'ngénierie de la formation
techniques de rédaction de rapport de recrutement et de
formation
|
Tableau 7 : Demandes de formation exprimées
Traduction des besoins de formation en termes de
compétences
Pour la conception du dispositif, il est possible d'exprimer
les deux axes de formation ainsi identifiés en termes de connaissances
(savoir) et de capacités (savoir faire).
41
SAVOIRS
|
SAVOIR FAIRE
|
- Le marketing des services
|
- Étudier la concurrence
|
- Les besoins spécifiques du marché
|
- Identifier et interpréter les enjeux
|
du conseil et de la formation en
|
politiques, stratégiques ou
|
Afrique
|
opérationnels du prospect
|
- Les composantes économiques, commerciales,
financières, technologiques et socio-culturelles
|
- Saisir les mécanismes de décision en vigueur au
sein du système-client - Repérer les enjeux des acteurs et
|
du contexte africain
|
leurs intérêts spécifiques
|
- Les mécanismes et modalités
|
- Identifier les besoins explicites ou
|
d'intervention des prescripteurs et
|
implicites au sein du système-client
|
bailleurs de fonds nationaux, bilatéraux et
multilatéraux
|
et savoir les reformuler de façon claire et pertinente
|
- La conduite du changement dans
|
- Organiser et conduire un audit
|
les organisations
|
- Élaborer et conduire un diagnostic
|
- La conduite de projet
|
global ou fonctionnel
|
- La psychosociologie des
|
- Répondre aux appels d'offres
|
organisations
|
- Construire une proposition
|
- Le cadre juridique de l'activité de
|
d'intervention, la négocier et la faire
|
conseil et notamment les aspects
|
valider par le client
|
liés au droit des contrats
|
- Piloter la mise en oeuvre d'un plan d'action et les
démarches de conduite du changement dans les organisations
|
Tableau 8 : Traduction de l'axe « Gestion des missions et de
la Clientèle » en
compétences
SAVOIRS
|
SAVOIR FAIRE
|
- Les techniques d'enquête
|
- Rechercher et traiter l'information de
|
- Les techniques d'analyse et de
|
façon pertinente
|
résolution de problème
|
- élaborer des échantillons et des
|
- L'ingénierie de la formation
|
panels d'enquêtes
|
- La gestion de l'information
|
- Concevoir des questionnaires et des
|
- La dynamique de groupe
|
guides d'entretiens
|
|
- Analyser et interpréter des données
d'enquêtes quantitatives et qualitatives
|
|
- Élaborer, animer et évaluer des actions de
formation
|
|
- Concevoir et animer des études de cas à
finalité pédagogique
|
|
- Préparer et animer des réunions d'information,
d'expression ou de résolution de problème
|
Tableau 9 : Traduction de l'axe « Méthodologies et
outils» en compétences
42
|