2-2-2 Qu'est ce qu'il est en est de l'information
envers les autres parties prenantes ?
Pour finir cette section, il nous paraît
intéressant et nécessaire de se poser une question sous-jacente
au passage aux normes IFRS : quels sont les besoins des autres parties
prenantes à l'information financière ?
Il va de soi qu'une pluralité d'agents
économiques et sociaux est directement concernée par
l'entreprise, des actionnaires au personnel, en passant par l'Etat, les
banques, les clients et les fournisseurs ; sans parler de ceux qui le sont
indirectement...
Ainsi, il existe une pluralité de parties prenantes
(stakeholders) de l'information comptable qui n'ont pas toutes la même
vision ni la même conception de la valeur d'une entreprise.
Dans ce contexte, la comptabilité donne à voir
l'économie d'une certaine manière ; en effet, comme nous
l'avons vu un peu plus haut, les normes internationales offrent une vision dans
laquelle les lecteurs privilégiés sont les actionnaires. Ils ont
essentiellement pour but de communiquer vers les marchés financiers;
d'autant que les scandales aux Etats-Unis comme ailleurs ont pour effet de
renforcer cette information destinée aux actionnaires, mais que fait-on
des autres parties prenantes tels que les salariés, les clients, les
fournisseurs et les pouvoirs publics ? Les entreprises n'ont-elles pas
aussi le devoir d'adresser leur communication à ces derniers ?
Comment concilier l'information nécessaire aux actionnaires et aux
investisseurs avec celle due aux autres acteurs ? Ces derniers vont-ils
s'y retrouver avec le nouveau référentiel comptable ?
Va-t-on les y aider ?
(Ecartons ici le cas des banques car elles se préparent
déjà en amont au changement et tendraient même plutôt
à inciter les entreprises à s'atteler aux nouvelles normes,
notamment pour favoriser leurs services d'ingénierie financière
proposés aux entreprises).
Somme toute, l'entreprise doit rendre des comptes à
toutes ces parties prenantes qui, parce qu'elles sont affectées par ses
activités, ont un droit à l'information sur celles-ci.
Sur ce point, l'évaluation à la juste valeur
répond nettement aux attentes des investisseurs mais beaucoup moins bien
à celles des autres parties : en effet, l'Etat, les clients ou les
salariés ont un besoin d'information stable, non remise en cause tout le
temps, pour forger leur opinion.
De plus, la juste valeur fait de la maximisation de la valeur
actionnariale l'un des objectifs uniques de l'entreprise. Or, un pilotage de
l'entreprise fondé uniquement sur la maximisation de la création
de valeur pour l'actionnaire ne risque-t-il pas de freiner la croissance et de
favoriser le court-terme au détriment d'une vision stratégique
à long terme, de l'innovation et de nouveaux marchés ou
produits ? N'atteint-on pas les limites d'une
« marchéisation » de la comptabilité ?
Il convient sans doute d'intégrer aux informations à la juste
valeur des données venant d'une comptabilité de gestion et des
ressources humaines par exemple (relatives à une « valeur
ajoutée sociale »).
Mais la transparence passe peut-être aussi par une
amélioration notable du contenu des rapports, précisant par
exemple les engagements sociaux et environnementaux (cf. développement
durable). Car la création de valeur sociétale des firmes semble
s'intégrer complètement à leur analyse en tant que facteur
de solidité et de durabilité.
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