b) Le culte du vendredi
Nous pouvons également évoquer le culte du
vendredi. En effet, chez les Dioula comme chez les arabes, le vendredi
équivaut au dimanche, jour de prière et de repos. Tout bon
musulman, disons tout bon dioula, doit accomplir ce culte. A défaut de
surseoir aux activités, on observe les heures de prières. Ce
jour, chaque musulman fait l'effort pour se rendre à la mosquée
pour prier et avoir des bénédictions. En principe on ne va ni au
champ ni au marché le vendredi. Les boutiques restent fermées de
13h à 16h, c'est-à-dire jusqu'après la prière du
» lánsara ».
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Les fêtes chez les dioulas correspondent aux fêtes
musulmanes. Ce sont : la tabaski, le ramadan, le mouloud. Cette relation fait
que celles-ci sont appelées '' júla séri » (=
fête Dioula) ou (=fête musulmane).
c) La consultation du marabout
L'impact de l'islam sur les Dioula est perceptible à
travers la consultation des marabouts.
Les consultations ont une place importante dans la vie du
Dioula. En effet, ces pratiques sont assurées par des marabouts ou les
imams qui sont souvent considérés comme des érudits. Ils
ont une certaine maîtrise des versets du coran. Ce sont des personnes
influentes à qui on a le plus souvent recours dans la
société. Ils ont la charge du culte et constituent une figure
emblématique pour le peuple. Pour le succès de toute
activité, pour des malheurs, des prémonitions, on consulte les
marabouts. Ils sont considérés comme des hommes de science ; des
hommes de pouvoir qui s'inspirent du coran24. Ils sont identifiables
par leur boubou blanc, talisman et chapelet à la main et par leur
bonnet. Ce qui fait d'eux le regard de Dieu dans la société.
Nous retrouvons des imams qui consultent. Mais à la
différence d'avec un véritable imam, chef spirituel du village et
garant de la religion, le marabout est un homme de science et de savoir (»
l<ni »). Grâce à ses savoirs, il devient le pont entre
Dieu et les hommes. Il se présente alors comme tenant du pouvoir
surnaturel. Et les consultations sont faites en contrepartie de l'argent. Cette
pratique fut assimilée à l'islam. Le marabout exploite la magie
pour atteindre son but alors que ces pratiques sont attribuées à
l'animisme. On se demande alors où se situe la différence entre
les pratiques du marabout et l'animisme ? Il y a donc un paradoxe du fait que
l'islam s'oppose à
24 Le coran est un livre saint de l'islam,
pétri de sagesse.
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l'animisme, mais dans la pratique, ce sont les mêmes
sphères qu'on retrouve (prédire l'avenir, protection contre
l'ennemi...). De plus le marabout fabrique des talismans
»s&b[». Cette pratique du marabout que nous avons
constatée se trouve présentée par Marc NEBIE quant il
décrit le talisman : « ce sont des amulettes faites de signes
cabalistiques à base de caractères arabes ou de versets
coraniques simplement recopiés ; cousus dans un petit morceau de cuir.
Ces amulettes sont portées au cou, aux bras, autour des reins, dans les
tresses pour les femmes ou mises dans la poche... C'est encore le marabout qui
prépare une espèce d'eau lustrale appelée / nási /
qui est sensée avoir les mêmes vertus bienfaisantes que les
amulettes. Cette eau dont on s'oint le corps ou qu'on boit additionnée
selon le cas de miel est obtenue à partir du caractère
tracée sur une amulette / wálaka / qui est ensuite
lavée. »25 .
A partir de ces pratiques, que ce soit avec les talismans, les
incantations, les prières, le marabout trouve les solutions aux
préoccupations qui lui sont présentées par ses patients.
Pour les Dioula, il est, et selon Marc NEBIE, `'au-delà des
performances» et se présente comme le médecin du corps et de
l'âme.
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