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Approche ethnolinguistique des formules de salutation chez les Dioula de Darsalamy au Burkina Faso

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par Ignace SANGARE
Université de Ouagadougou Burkina Faso - Diplôme d'études approfondies option littérature orale 2008
  

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I - 3. Les activités

Les Dioula sont considérés comme un peuple marchand ; ils sont à l'origine de certaines activités socioéconomiques qu'ils ont développées dans leur environnement. Au nombre de celles-ci nous pouvons retenir : le commerce, l'agriculture, le métier de tisserand12, la consultation du marabout13 et la pratique de l'islam. La religion musulmane a été un facteur déterminant dans le développement socioéconomique des Dioula pour qui Dieu est au coeur de toute entreprise.

I- 3 - 1. Le commerce

Le commerce constitue l'activité principale des Dioula En effet, ce sont eux qui ont développé l'activité commerciale en Afrique de l'Ouest. Ils étaient à la croisée des grands axes routiers appelés routes commerciales de l'Afrique de l'Ouest, partant de la Côte d'Ivoire au Ghana en passant par le Mali. Sur le plan commercial, il existait des échanges entre autres les produits, la vente de kola (= wóro), les tissus, le sel (= k<g]), du poisson séché (=»j&g[ wála ») etc. C'est la création de ce carrefour commercial qui a fait de Bobo- Dioulasso la capitale économique de la Haute Volta14. Ces échanges commerciaux

12 Le métier de tisserand est une pratique qui consiste à fabriquer les pagnes à partir de la cotonnade. On retrouve des gens qui font les fils et d'autres assurent le tissage de ces fils en pagne.

13 La consultation du marabout consiste à aller vers un »homme de science» pour demander bénédiction et force pour réussir ou réaliser quelque chose.

14 Actuel Burkina Faso

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favorisaient également des échanges d'idées et créaient une sorte de transmission de culture et de civilisation.

Ce carrefour a permis des échanges économiques et culturels et a créé une certaine unité autour du concept »dioula ». C'est cette activité qui a donné lieu à l'appartenance à ce groupe ethnique que constituent les Dioula. Ils parcourraient toute la semaine les marchés des différents villages (Péni, Toussiana, Bérégadougou, Tagalédougou, Bobo...) pour écouler leurs produits. Ce sont eux qui détenaient les boutiques dans ces villages et dans les marchés.

Les femmes qui vendaient au marché ou dans les villages étaient appelées »júla múso» (=»femme dioula»), pour traduire l'activité commerciale de celles-ci. L'idée du développement du secteur du commerce par les dioula a été attestée par BARRO Tiémogo Mignougou en ces termes : « c'est nous les Dioula qui avons apporté le commerce »sáfariya» chez les Bobo, les Tiéfo et partout ici. Donc tous ceux qui pratiquent le commerce sont des dioula »15. Cette activité commerciale a eu donc le nom de »sáfariya» (=commerce) reconnu de tous les Dioula.

Si nous nous intéressons à la situation géographique même de Darsalamy, ce village, comme bien d'autres villages dioula, s'est érigé autour d'un grand axe routier de Bobo - Abidjan (Côte d'Ivoire). Au cours de nos séjours, les entretiens aidant, nous avons constaté que c'est à cause du commerce que le village s'est installé en amont et en aval du goudron. Juste au bord de la route, se dresse le marché pour faciliter son accès à tout passant. De plus, nous nous sommes intéressé à la gare ferroviaire qui traverse également Darsalamy. De nos informateurs, il ressort que les Dioula ont très peu exploité le train ; ils étaient distants de la gare ferroviaire et pour certains, ils étaient plus proches

15 Propos recueillis auprès de Barro Tiémogo Mignougou, notable à la cour royale, lors de l'entretien du 4 janvier 2007 à Darsalamy.

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du goudron et à tout moment il y avait le commerce du fait du passage des voitures à la différence du train qui ne passait pas tous les jours.

Mais au-delà de cet avis, on pourrait explorer l'hypothèse de l'école moderne. En effet, ceux qui travaillaient au chemin de fer étaient avec des blancs qui parlaient français16 et n'étaient pas des musulmans. Comme Darsalamy a été longtemps réticent à la pénétration de l'école française et pieu pratiquant de l'islam, il était difficile de collaborer avec ceux-ci. Et même on a entendu dire souvent »túbab machine» (= machine du blanc) pour designer le train, cette machine que le blanc a inventée. Cela peut être considéré comme une raison qui marque le désintéressement des Dioula de Darsalamy au train.

A côté de ce commerce comme activité principale, les Dioula de Darsalamy ont développé d'autres activités secondaires. Il s'agit de l'agriculture, de métier de tisserand. En effet, Darsalamy était un centre important où l'activité du tisseur a été développée.

De nos jours certaines familles perpétuent ces activités aux abords du goudron non loin du marché17. Ils font le fil et le tissage. Pendant longtemps ils ont produit des pagnes qu'on appelle »túntun » (= pagne fait de fil de coton à coloration multiple).

En outre, avec le temps, les Dioula ont développé l'agriculture. Ils cultivaient entre autre le maïs, le petit mil, le bissap18. Mais il faut noter que ces cultures étaient pratiquées sur de petites superficies. De nos jours ce sont de grandes superficies cultivables surtout avec la famille royale19.

16 Le français ou d'autres langues européennes.

17 De passage à Darsalamy, on peut apercevoir ces tisserands sur la rive gauche du goudron en allant à Banfora sous des manguiers.

18 Selon nos informateurs, la culture du bissap est partie de Darsalamy pour se rependre dans les autres villages par l'action du commerce.

19 Beaucoup de familles s'adonnent à l'agriculture. En exemple, le chef du village est lui-même un brave cultivateur. Son champ est à 17km du village comme bien d'autres foyers.

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D'autres ont développé la mécanique au profit des voitures et motos des commerçants qui animaient les marchés. Ils avaient des voitures de transport en commun qui faisaient le tour des différents marchés20, des vélos et des motocyclettes. Selon les informations que nous avons reçues, les premières voitures de transport en commun entre les marchés ont été acquises par les Dioula de Darsalamy, qui en avaient l'habitude à Kong. Ce sont là des activités dites économiques qui accompagnent le commerce.

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