b) La place des mots dans les formules
Les salutations commencent par l'interpellation de la personne
à qui on adresse la salutation. En effet, l'enfant appellera son
géniteur »Baba». A un
aîné de l'âge de son géniteur, il dira
»n'faá» (= »mon père »). Pour son grand
frère il dira »n'k]r]» (=grand-frère). Quand deux
adultes se saluent,
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ils s'interpellent par le prénom. C'est le cas de Sali
qui salue Moussa. On constate que cette interpellation est une marque de
respect, de politesse, de sympathie et de la reconnaissance de l'autre comme
étant un aîné ou un supérieur. C'est la
reconnaissance de la place sociale.
Après cette interpellation, on a le deuxième mot
qui marque le temps ou l'événement. Ces éléments
renvoient aux habitudes et aux croyances de la société.
»ki&nл pour le matin, »tére »
pour midi et »wúla » pour le soir.
Au niveau des formules des événements, on se
réfère au temps aussi sauf pour les funérailles où
on ne tient pas trop compte du temps. Cela est dû au fait que la mort
chez les dioula n'a pas de temps défini et la mort engendre la douleur
qui domine cette période. Quand la mort frappe un membre de la
communauté, c'est la communauté tout entière qui est
concernée. Tout le monde est affligé et on salue cette douleur
par :
»aw ni sógóla» (= Vous et la
viande couchée).
Au niveau des salutations- que ce soit le temps ou les
événements- les souhaits ou bénédictions occupent
une place importante. En effet, on retrouve au début de chaque souhait
et cela est récurrent cette formule :
»Ala ká» (=Que Dieu fasse...)
Cette expression est la première
référence au sacré, c'est-à-dire à Dieu.
C'est l'expression de la croyance et de la foi en un Dieu unique chez les
Dioula. Dieu est au coeur de toute entreprise, dans la vie de l'homme. C'est
à lui qu'on demande la protection, la paix et la
bénédiction. L'usage de »Allah» en début des
souhaits marque un fort attachement des Dioula à la religion musulmane
qu'ils pratiquent. Ce mot » Allah» est emprunté de l'arabe et
utilisé dans les prières pour designer le »tout
puissant», »Dieu ».
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Dans ces voeux ou souhaits, nous retenons un
élément important qui est la marque de l'inaccompli par
l'utilisation du subjonctif :
»Ala ká» (= Que Dieu fasse...).
Le mot » ká » marque l'inaccompli, le
souhait, l'espérance et la foi en Dieu. C'est quelque chose qu'on
demande avec espoir à Dieu. Ce n'est pas encore acquis, mais on le fait
dans l'espoir que cela s'accomplisse.
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